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Billet de blog 26 août 2012

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Il avait marché sur la Lune

Je me souviens de la nuit du 20 au 21 juillet 1969. Je me souviens d'une douce et belle soirée dans les Alpes suisses.

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Je me souviens de la nuit du 20 au 21 juillet 1969. Je me souviens d'une douce et belle soirée dans les Alpes suisses.

Nous étions jeunes et nous étions dans une de ces colonies de vacances qui aujourd'hui seraient sans doute interdites, trop improvisée, trop libre, trop simple …

Nous campions dans un confort plus que relatif sur une prairie qu'une joyeuse bande de jeunes colons avait investie - mais que faisaient alors les inspecteurs de la jeunesse et des sports - avec de belles vaches suisses qui à notre grande surprise n'étaient pas mauves. Je me souviens d'un petit groupe d'enfants sages (et oui, ça m'est arrivé aussi à moins que le temps embellisse tout !). Nous avions les yeux rivés sur ce ciel étonnamment sans nuage d'une époque qui ignorait tout du réchauffement climatique !

Nous avions tous au cœur un formidable désir de modernité. Nous nous disions tous que nous aurions 40 ans (un tout petit peu plus …) en l'an 2 000 et que nous connaîtrions alors un monde merveilleux et facile, moderne et simple, heureux et technologique, généreux et égalitaire. Nous nous trompions tant !

Je me souviens de cette utopie de 1968 qui était encore si présente. Nous n'avions vécu qu'à distance, ces soubresauts d'une société archaïque qui mettra encore des années à disparaître avant que de ressurgir de ses cendres sous une forme encore plus monstrueuse et injuste. Nous allions pourtant entrer au collège deux mois plus tard avec la disparition de l'algèbre et de l'arithmétique au profit de mathématiques modernes et de la théorie des ensembles. Un événement qui compte dans notre vision du Monde !

Nous vivions une enfance qui ignorait le racisme et la délinquance, nous ne connaissions ni la peur ni le terrorisme ni le vol de nos vélos que jamais nous n'attachions. Nous n'avions pas de téléphone portable vissé à nos oreilles ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs.

Je me souviens d'un voyage entrepris le 16 juillet 1969 et qui avait emporté des hommes à 370 000 km de nous. Nous vivions intensément une aventure sans qu'il fut besoin d'un battage médiatique et d'une injonction journalistique

Nous avions la tête dans un ciel que nous pensions éternellement débarrassé de scories qui avaient assombri celui de nos ainés et de leurs abominables guerres. Nous rêvions d'une planète prospère et pacifique où les hommes se donneraient la main.

Je me souviens de Neil Amstrong, il était pour nous tout à la fois Tintin, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol. Hergé avait pris le relais de Jules Verne et le voyage de la Terre à la Lune devenait réalité. Il était chacun de nous, nous étions tous derrière son premier pas. Nous savions depuis longtemps que les Sélénites n'existaient pas. Qu'importe, tous nos autres rêves nous semblaient encore possibles et nous avions tous la tête dans les étoiles.

Je me souviens d'une phrase qui fit le tour de la terre, d'un petit pas pour l'homme et d'un pas de géant pour une Humanité qui se pensait universelle. Je me souviens de la foi que nous avions alors en ce message merveilleux. Depuis la science nous a souvent trahis pour se mettre d'abord au service de l'argent et de la mort ...

Nous découvrions le monde sans qu'on nous impose des goûts, des loisirs, des pensées à travers une petite lucarne qui n'avait que deux chaînes en noir et blanc. L'ORTF était sous la tutelle du Premier Ministre depuis quelques jours et le ministère de l'information venait de disparaître.

Je me souviens d'une douce nuit d'été dans les Alpes suisses et de tous ces rêves qui resteront à jamais des espoirs déçus ! Je me souviens de cet homme qui vient de quitter une Terre qui ne sera jamais celle dont nous rêvions ce merveilleux soir de juillet. Adieu Neil !

Sélénitement vôtre.

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