C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

5069 Billets

2 Éditions

Billet de blog 26 octobre 2025

C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

La cerise sur le gâteau.

C’est Nabum (avatar)

C’est Nabum

Bonimenteur de Loire et d'ailleurs

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Prendre de la hauteur.

Illustration 1
Tableau de Géraldine Bandiziol © Géraldine Bandiziol

Elle tient le haut du pavé et on ne parle que d'elle à tous propos. Elle trône sur la crème chantilly, le nappage ou le sucre glace, elle qui, rouge de confusion, se trouve placée si haut dans l'estime des gourmets qu'elle est dans toutes les bouches. Elle ignore ce qui lui vaut ce privilège tandis que sa voisine, entend elle aussi ramener sa fraise pour bénéficier du même privilège. Est-ce parce qu'elle est parfois confite qu'elle s'autorise à passer les saisons sans perdre son aura ? Nul ne le saura jamais puisqu’elle est sur toutes les langues à défaut de régaler les gourmands.

Il est singulier qu'elle se retrouve seule sur son promontoire pâtissier, elle qui aime vivre avec son alter et go, sa jumelle de la paire de boucles d'oreilles. Elle a eu la prudence de laisser tomber sa queue qui eut entachée sa réputation gourmande. Elle se permet encore de laisser choir son noyau afin de ne briser aucune dent, elle qui n'ignore pas que pour le clafoutis, il y a une querelle à propos de cette insidieuse amande.

La cerise n'est pas rouge de confusion devant tant d'honneur. Bien au contraire, elle est fière et hautaine tant elle a conscience que sa touche de couleur est un plaisir pour les yeux. Jalouse, dans le même temps, la framboise réclame à son tour sa part du gâteau en dépit d'une petite acidité qui la dessert. Mais rien n'y fait, depuis que Jean-Baptiste Clément a hissé la cerise au diapason des mémoires tricolores.

Elle ne laisserait sa place pour rien au monde, elle en serait dramatiquement déconfite. Rien que de songer à un tel déclassement, lui vient l'envie de plonger dans une eau de vie pour s'épargner les outrages du temps. Qu'importe le support ou la manière de la mettre en valeur, elle sera éternellement associée à cet idiome qui ne cesse de multiplier les significations.

Elle est alors acmé, apothéose, consécration, l'expression absolue de la réussite, le point d'orgue d'une réalisation qu'on porte au pinacle sans plus n'avoir besoin de mettre en application la formule. Elle n'est plus qu'une expression qui figure dans le noyau dur des formules incontournables. Elle en rougit d'aise tandis que son cousin le bigarreau peut légitimement se sentir déconsidéré et oublié.

Quant à la Napoléon, en dépit de son patronyme, elle a perdu la bataille sans pouvoir régner sur ce fameux gâteau métaphorique. Son empire sur les lexicographes a fait faux bond sans qu'elle puisse se hisser sur le nappage. Il est vrai que ça n'a jamais été de la tarte pour elle devant se contenter de décorer une poire belle Hélène ou une île flottante sans refaire l'histoire. Elle n'est donc pas digne de couronner la coupe de crème glacée quand l'affaire se corse.

En ce qui concerne notre impayable microcosme politique, il est de plus en plus évident qu'il est désormais impossible de savoir ce qui constitue la cerise sur le gâteau dans la farce que ne cessent de nous livrer nos indignes représentants. Chaque jour nous apporte son nouvel épisode, sa nouvelle escalade dans l'absurde et l'indigne. Tandis que ces braves gens continuent de se sucrer au passage, ils nous mettent au régime sec et à la tisane de queues de cerises.

Le grand chef pâtissier est au bout du rouleau et toutes ses sorties tournent au four. Il se croyait Jupiter et se retrouve avec de misérables éclairs en main tandis que c'est le peuple qui est chocolat. La crème de son entourage se monte du col et c'est le bon peuple qu'on fouette au cours d'une existence qui n'est absolument plus du gâteau.

La seule cerise qui vaille pour le qualifier serait celle qui couronne un fardeau qui n'a jamais été aussi lourd pour le pays. Seule sa vieille compagne peut éventuellement le qualifier de Mon Chéri lors des réceptions de l'ambassadeur. La liqueur est amère et le chocolat depuis belle lurette a fondu sur les ronds-points.

Mais laissons ces considérations pâtissières oiseuses même si prochainement viendra le temps de tirer les rois, expression qui devrait être enfin prise au pied de la dette, pardon au pied de la lettre.

Illustration 2
© Johannes

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.