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Billet de blog 30 juillet 2018

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Sur le chemin des ânes

La Loire d’en haut, avec des grandes oreilles.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Escapade à pas lents

Illustration 1

Le chemin des ânes, c’est bien connu, ce fut autrefois le parcours qu’empruntaient les mariniers qui descendaient la Loire en sapine et la remontaient à pieds quand ils partaient de Saint Rambert. C’est justement entre Roanne et le château de la Roche qu’il me vint l’envie de partir avec des ânes, sur les traces de nos anciens tout autant qu’à la découverte de ce curieux compagnon de route.

Il convient de vous préciser que l’aventure n’est nullement de tout repos. Si l’animal porte le bât, il n’est pas simple de lui mettre la charge sur le dos. La bête est récalcitrante, tape du pied et braie fort pour montrer son désaccord. Puis, quand les harnais sont posés, vous pensez en être venu à bout. Que nenni. La charge détend les attaches, le déséquilibre pointe le bout de son nez et le tout est immanquablement à refaire.

Votre porteur tape du pied, s’impatiente, renâcle à rester en place. Vous vous dites qu’il y a matière à recevoir coup de pied de l’âne, ce qui avouons-le ne relève pas que de l’expression littéraire. La période estivale augmentant le risque encore, avec les mouches et les guêpes qui virevoltent autour du malheureux, incapable de se défendre autrement qu’avec sa queue.

Quand tout est terminé, l’aventure ne fait que commencer. L’âne va son train qui n’est pas nécessairement celui de sénateur. Contrairement à ceux-là, il est franc du collier même s’il est capable de se borner, sans raison apparente. Il se bloque, refuse de faire le premier pas et vous avez beau lui tirer sur le licol, il demeure de marbre.

La carotte demeure à cet égard une motivation bien supérieure au bâton. Nos amis les sénateurs devraient retenir la leçon et user avec nous de la même méthode, nous ne nous en porterions que mieux. Mais cessons de vouloir les comparer, nos compagnons à quatre pattes sont charmants, intelligents et sujets à quelques névroses. En premier lieu, l’eau les effraie. Ils redoutent l'élément liquide et passent la journée à ne pas boire. C’est vous dire combien ils sont différents des humains.

Passer un pont est une épreuve, franchir une flaque d’eau une difficulté qui provoque arrêt intempestif ou bien accélération inopinée. L’âne se mue alors en colosse qu’il est impossible de maintenir. Il faut accepter de le laisser filer avant que de le retrouver plus loin, à nouveau calme et débonnaire.

Je ne connais désormais pas compagnon plus plaisant que l’âne. Est-ce par ce que je le suis moi-même et que me reconnaissant en lui, j’ai trouvé les secrets de sa conduite ? Je ne peux le dire avec certitude mais voilà bien un animal qui est d’excellente compagnie pourvu qu’on lui laisse la liberté d’agir à sa guise.

Oh, bien sûr, tout ne fut pas idyllique. Une voiture arrivant inopinément bien vite provoqua son emballement. Rien ne permit de le maintenir et il fallut le laisser filer. L’automobiliste dut se résoudre lui aussi à rester derrière lui, l’un allant à la queue leu-leu de l’autre. Je n’en menais certes pas très large, mais que faire si ce n’est attendre que la colère passe.

La journée se passa ainsi, en marche sous un soleil de plomb, en étranges rencontres, en sympathie que ne manque jamais de provoquer cet animal, apprécié de tous. Pour le marcheur, c’est au pas de l’équidé qu’il convient d’aller. La route ne se déroule pas au même rythme, il faut s’adapter et même se plier aux exigences du fier coursier.

C’est ainsi que vos prévisions s’ajusteront à ses envies, que nous ne pourrez dormir dans le terrain de camping et qu’il vous faudra trouver un pré pour laisser paître le gourmand. Le camping sauvage s’imposera à vous, n’en déplaise aux arrêtés municipaux et aux gens de la maréchaussée. Vous sentirez un peu fort, l’odeur de votre porteur ayant tendance à s'incruster en vous. La compagnie des humains vous sera plus difficile mais qu’importe, l’âne est le plus charmant de tous les compagnons.

Asinussement sien.

Illustration 2

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