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Billet de blog 30 octobre 2025

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Balayer le toit.

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Les Landes éternelles.

Illustration 1

Depuis que le berger landais a découvert les échasses, il ne cesse de monter sur ces grands chenaux pour prendre toujours plus de hauteur surtout quand il troque sa bergerie pour une charmante maison landaise à pans de bois. Rien pourtant ne l'effraie davantage que le risque de tomber sur une tuile en terre réfractaire, chargée d'aiguilles de pin et de mousse. C'est alors qu'il enfourche son balai de bouleau pour chasser les intrus d'un faitage qu'il désire vierge de tous dépôts parasites et néanmoins végétaux.

Alors qu'il est tout occupé par son ouvrage, les écureuils du coin, regardent circonspects ce curieux bipède qui sans même une queue en panache, entend jouer les filles de l'air tout en leur disputant leur espace vital et quelques mets de choix. Il y a forcément quelque chose qui cloche se dit un petit rongeur plus farceur que les autres, auquel un tel comportement met immanquablement la puce à l'oreille.

Le berger pourtant n'a cure des remarques de ce jaloux. En bon pâtre, il n'a de cesse de scruter le ciel à la recherche d'éventuels moutons qui viendraient mettre en péril son ouvrage. Contrairement à ses voisins sylvestres, le pauvre homme n'est pas aussi habile qu'eux sur un faitage humide. Il risque alors de perdre pied, ce qui du haut de ce promontoire, équivaudrait à se fracasser le cou ainsi que les os.

Il se hâte donc d'achever son labeur tant que le temps reste clément même si les petits animaux moqueurs lui cassent les noisettes par leur ballet incessant. Balai contre ballet, se joue alors une chorégraphie plaisante pour qui se contente d'être simple spectateur, bien sagement installé sur la terre ferme à l'ombre d'un parasol qui n'a rien d'un pin.

Seul désagrément à cette posture, les aiguilles qui tombent du ciel et viennent importuner celui qui se complait à commenter ce qui se trame au dessus de lui. Si le ciel ne lui tombe pas sur la tête, ce sont bien des détritus qui n'augurent rien de bon. Il doit se préserver qu'une pomme de pin ne suive le mouvement des aiguilles au risque de lui faire plus de mal.

Pendant ce temps, notre petit écureuil espiègle trépigne de découvrir qu'ainsi, ses réserves viennent à choir sur un personnage qui n'en a cure. Que le berger vienne sur son terrain de prédilection passe encore mais qu'un autre quidam, simple observateur, s'indigne de ses offrandes venues du ciel à de quoi le mettre en boule.

L'animal entend régler son compte à ce dernier, celui qui n'a même pas le respect de ses réserves. Il entend lui livrer bataille d'autant qu'il a compris ce que l'autre ne supporte guère. Le rongeur se poste au dessus de lui tout en épluchant consciencieusement une pomme de pin. Que les épluchures lui tombent ainsi sur le dos, voilà bien douce vengeance et belle occupation.

Le berger, affairé à achever son labeur avant que la pluie tant redoutée ne vienne à tomber, n'a rien perçu du drame qui s'est joué non loin de lui. Il descend, innocent et content en empruntant son échelle lorsqu'il vit surgir, ulcéré, son camarade qui avait refusé de lui donner un coup de main. L'autre, persuadé qu'il avait été l'objet d'une plaisanterie de sa part, voulut en découdre.

Le funambule de la toiture, ayant été témoin oculaire de la plaisanterie animale tenta fort maladroitement d'expliquer la chose à son compagnon resté sur la terrasse : « L'écureuil te roue de pommes à mi-tronc de ce pin et toi, t'échauffant l'esprit, tu te persuades que j'en suis la cause. Il faut cesser de te livrer à ce genre d'interprétation qui n'est pas du tout à ton crédit. Épargne moi à l'avenir pareille esclandre. »

Devant pareille description de son ami, l'autre de rester coi sans pour autant se mettre en boule. Il y avait effectivement pas de quoi en faire un pastis ou un patacaisse.

Illustration 2

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