Combien de chasseurs sous-marins se noient chaque année en France et en Bretagne?
[...]Les plus ardents défenseurs de la chasse en mer vous diront que la pratique n'est pas plus périlleuse qu'une autre activité extérieure et nautique. À condition de ne pas présumer de ses forces et de pas s'approcher dangereusement de ses limites. Les statistiques sur le sujet sont difficiles à réunir, puisque les accidents mortels sont comptabilisés alternativement par les Cross ou les municipalités où sont retrouvés les corps (bande des 300mètres). Accidents d'apnée en mer et en plongée-bouteille mêlés, on dénombrerait chaque année en France entre 40 et 60 morts, soit deux tiers de chasseurs sous-marins, la plupart en Méditerranée qui concentre le plus grand nombre de pratiquants. La raréfaction du poisson et son retrait en profondeur pourraient expliquer une certaine recrudescence de ces accidents en Méditerranée. Une plus grande clarté de l'eau inciterait également les pratiquants à descendre plus que de raison... […] source le Télégramme.com
Les dangers exogènes pouvant être mortels, sont de quatre ordres:
la noyade classique
la percussion par un bateau, jet-ski, planche à voile ou kitesurf.
les accidents liés à la gazométrie du sang que sont l'hypocapnie, l'hypercapnie entrainant essoufflements et céphalées et l'hypoxie la syncope.
Les dangers endogènes:
seront liés à votre état de santé, une petite visite chez votre otorhino-laryngologue vous confirmera que rien ne s'oppose à cette pratique, ou au contraire que vous devez y renoncer.
Enfin votre imprudence ou votre témérité seront sources des plus graves dangers. Les accidents mortels touchent souvent des pratiquants expérimentés.
C'est l'été, les vacances, la grande bleue vous tend les bras! Un masque un tuba des palmes pour 15 € au bazar de la plage et vous voilà parti pour un remake du Grand Bleu.
Déjà, évitez le bazar de la plage. On ne lésine pas sur le matériel. La grande enseigne d'articles de sport, pas loin de chez vous, met à votre disposition un grand choix de matériel fiable à tous les prix.
Préférez le matériel en caoutchouc noir, surtout pour le masque. Le silicone dépose une fine pellicule sur les glaces et une buée gênante et persistante voilera votre vision pendant toute les plongées.
Masque Strato caoutchou de Beuchat
Les palmes chaussantes sont à conseiller, pas trop longues et de voilure moyenne. On évitera les palmes de natation, sinon attention les crampes.
Pour le tuba, le plus simple possible, surtout pas de clapet, de balle d'obturation ou de coude supérieur, pas de tuyau trop long ou de gros diamètre non plus. Son volume intérieur se rajoute à votre espace mort respiratoire (voies aériennes supérieure plus trachée artère plus tuba) sinon, risques d'essoufflements et de mauvaise ventilation.
Vous voilà équipé! C'est où la mer?
Conseils pour les débutants sachant nager:
On s'avance dans l'eau jusqu'à la taille, on chausse les palmes.
On crache (de la salive) à l'intérieur du masque sur les glaces, on frotte, c'est le meilleurs anti-buée et on l'a toujours sur soi, on rince, on s'immerge la tête (face et nuque) et on met le masque sur la face nez inclus en ôtant éventuellement les cheveux du front pour assurer une bonne étanchéité. On passe la sangle de nuque, pas trop serrée, l'air doit sortir du masque sans forcer lorsqu'on expire par le nez.
On met le tuba, fixé sur la sangle du masque de préférence avec un double anneau plutôt que de le coincer entre la tête et la sangle de nuque, on évitera ainsi de la perdre.
- La lèvre du tuba doit-être devant les dents, les dents reposeent sur les deux ergots faits exprès, l'étanchéité se fait en serrant ses lèvres sur celle du tuba.
On se lance tranquillement, sans se servir des bras qui restent le long du corps ou sur les reins, la face et le masque sont parallèles à la surface, le tuba dépasse de 15 à 20 cm de la surface. Le mouvement des palme est alternatif et naturel, il part des hanches avec une légère flexion alternée des genoux, les palmes ne doivent pas sortir de l'eau.
Si l'eau rentre dans le tuba, on expire avec force pour la chasser.
- Si l'eau rentre dans le masque, relever légèrement la tête hors de l'eau, on tient le haut du masque et on expire par le nez, l'air va chasser l'eau par le bas du masque.
A ce stade, vous êtes prêt à faire du schnorkelling.
L' A P N É E :
L'apnée volontaire, consiste à retenir sa respiration, la plupart du temps, poumons pleins en inspiration forcée, pendant un temps pouvant aller de quelques secondes à quelques minutes.
Sur terre, cela peut permettre de traverser une zone où l'air est pollué, d'aller dans certaines Toilettes publiques sans être incommodé par les mauvaises odeurs.
Mais dans l'affaire qui nous intéresse, l'apnée va nous permettre de pénétrer sous l'eau de quelques mètres à plusieurs dizaine de mètres, en profondeur et, ou sur une certaine distance.
On distingue l'apnée sportive de haut niveau qui est une fin en soi, de l'apnée libre qui est un moyen, pour pratiquer la photo ou la chasse sous-mairine ou la promenade et l'exploration sous-marine de 0m à 30m maximum.
Nous traiterons ici de la seule apnée, prise comme moyen.
Néanmoins, les choses se compliquent et obéissent aux mêmes contraintes:
Nous devons aborder d'une part les problèmes de la physique des gaz et des fluides, liés à la pression hydrostatique à loi de Boyle et Mariotte et à la poussée d'Archimède.
D'autre part, les problèmes biochimiques, essentiellement la biochimie du sang liée à la présence des gaz qui y sont dissous, le dioxygène (O2) et dioxyde de carbone (CO2) et aux variations de leur taux.
Accessoirement, la biochimie de l'azote peut concerner les apnées successives à grandes profondeurs, chasse sportive à 30 mètres et plus, mais nous n'en sommes pas là.
Les contraintes des lois physiques:
Le corps humain, adapté à la vie aéro-terrestre, est constitué à 90% de tissus incompressibles, os, muscles, cerveau, sang, la plupart des organes, sauf partie creuses que sont les sinus et les deux oreilles moyennes et les parties molles, l'appareil respiratoire.
Déjà, dans votre baignoire, votre piscine ou à la mer, vous vous êtes familiarisez avec la poussée d'Archimède, celle qui vous fait flotter, plutôt agréable.
Là, elle va vous handicaper pour l'immersion, du moins au début. Vous l'avez déjà remarqué, au snorkelling, même si vous ne faites aucun mouvement, vous flottez, pour autant que la tête soit dans l'eau; sinon en position debout, la tête hors de l'eau, sans bouger les palmes, on coule. La masse relative de la tête (1/13ème de la masse du corps, pour un homme de 75 Kg, la masse de la tête sera de 5,77 Kg) sera supérieur à la poussée d'Archimède de 5 Kg engendrée par votre volume respiratoire (environ 5 litres). Pour un peu que vous preniez une inspiration forcée, vous gagnez 2 litres, donc vous perdez 2kg de masse, un bon canard sera nécessaire pour une immersion réussie.
Passons à Mariotte
Brièvement, que nous dit la loi de Mariotte, que le produit d'un volume de gaz (celui contenu dans nos poumons par exemple) par la pression absolue ou se trouve ce gaz, est égale à une constante. Quelles que soient les pressions passées ou futures auxquelles se trouvera cette masse de gaz, son volume variera et leurs produits seront toujours égaux à une constante (PxV=C)
Dans la pratique, première difficulté à résoudre dès les 3 premiers mètres, la gêne, voire la douleur des tympans.
Comme dirait l'autre, les tympans comment ça marche?
Pendant la descente, la pression hydrostatique qui s'exerce sur la face externe du tympan augmente, d'où la gêne tympanique. Avant la douleur tympanique, qu'il faut absolument éviter, on a l'impression que les oreilles se bouchent, comme en avion à l'atterrissage.
Il convient de déglutir en faisant la manœuvre dite de Valsalva, qui consiste à souffler par le nez en se le pinçant de façon à équilibrer les pressions de part et d'autre du tympan afin d'éviter sa rupture. Vous pouvez essayer cette manœuvre tout de suite, elle est sans danger et même si vous avez la désagréable impression que vos oreilles se bouchent, vous aurez au moins pu vérifier que vos trompes d'Eustache sont libres et fonctionnelles.
Donc, suivant Mariotte, plus on est près de la surface, plus les variations de volume sont importantes et plus la manœuvre de valsalva doit être fréquente.
On observe qu'entre la surface et 10 m de profondeur, un volume de 1 litre passe à 0,50 l alors que de 10 à 20 m il passera de 0,50 l à 0,33 l. (PV=C)
Notons que pendant le retour vers la surface, la pression du caisson tympanique de l'oreille moyenne, s'équilibre naturellement par la trompe d'Eustache et l'arrière nez, surtout pas de Valsalva à la remontée.
Côté poumons, ça va mieux, votre volume pulmonaire et donc thoracique, comprimé par la pression hydrostatique vous donne l'agréable sensation de ne plus être en inspiration forcée.
Passé 10 m, votre ventre se creuse, tout le monde a le ventre plat, les viscères compriment le diaphragme et compensent l'espace laissé par Mariotte, sinon, les côtes se briseraient.
La plupart des côtes du dauphin sont flottantes et ne sont pas rattachées au sternum. Les côtes qui y sont attachées sont jointes et reliées par des cartilages souples, lors des plongées en eaux profondes, cela permet à la cage thoracique de se comprimer sans être endommagée par la pression.
Pendant la remontée en apnée, on n'expire pas, contrairement à la plongée avec bouteilles.Tout simplement parce qu'on ne peut pas faire surface avec plus d'air qu'on en a emporté. Cet air va nous servir lors de la première expiration, arrivé en surface, pour chasser fortement d'un seul jet, l'eau contenue dans le tuba, ce qui nous permettra de respirer librement et de reprendre votre souffle sans ôter le tuba. Même par forte houle, avec le tuba, vous ne boirez jamais la tasse, vous ferez comme les sou-marins, du schnorkel. Donc, autre conseil, ne jamais retirer le tuba entre les immersions successives.
A votre insu, que c'est-il passé dans votre organisme?
L'émotion des premières immersions passée, vous oublierez vite le matériel, la respiration par la bouche...vous n'aurez plus d'appréhension.
Dés l'immersion du visage, imperceptiblement, votre rythme cardiaque va légèrement diminuer, c'est le phénomène atavique de notre passé aquatique qui nous fait rentrer en bradycardie, en apnée à 10 ou 20 m et fonction du temps passé au fond, votre rythme cardiaque va baisser de 20 à 30%, ainsi, vous passerez par exemple de 60 à 40 battements par minutes. Le dauphin passe de 140 en surface à 20 pulsations/minute à grande profondeur. Comme tous les mammifères et autres animaux marins.Durées moyennes des apnées
Hommes et mammifères marins | Durée moyenne | Profondeur maximale |
Herbert Nitsch | 4 minutes et 24 secondes | - 214 mètres |
Stéphane Mifsud | 11 minutes et 35 secondes | En surface |
Dauphin commun | 8 minutes | - 280 mètres |
Rorqual commun | Entre 10 et 15 minutes | - 300 mètres |
Phoque de Weddell | 1 heure 22 | - 700 mètres |
Eléphant de mer septentrional | 1 heure 20 | - 1 580 mètres |
Grand cachalot | De 1 heure à 1h30 | - 2 250 mètres |
Modifications de la gazométrie du sang et leurs conséquences sur l'apnéiste
L'hématose et la respiration
C'est la transformation du sang veineux (riche en gaz carbonique) en sang artériel (riche en oxygène) au niveau des poumons.
L'hypocapnie et l'hyperventilation pulmonaire
L'hypocapnie correspond à la diminution de la concentration du gaz carbonique dans le sang. L'inhibition (le ralentissement) du centre respiratoire est utilisé dans le cas de la plongée libre prolongée afin d'en augmenter la durée, ce qui provoque une alcalose volontaire avant la plongée. Par inspirations et expirations forcées répétées.
Le danger encouru par l'apnéiste qui n'éprouve plus le besoin irrépressible de respirer, est de consommer en excès son oxygène disponible et de faire une syncope hypoxique, généralement dans les derniers mètres de la remontée entrainant la noyade à la première inspiration réflexe,
L'hypercapnie due à l'essoufflement et à la durée des plongées successives
L’hypercapnie est secondaire à la baisse de la fonction pulmonaire (respiration, ventilation). Elle survient brutalement et provoque l’acidose gazeuse : le sang présente une diminution du pH en dessous de 7,40 c’est-à-dire qu’il devient plus acide que la normale à cause la présence de dioxyde de carbone.
Danger, essoufflements et céphalées, risques de noyade.
L'hypoxie et la chute brutale de la pression partielle du dioxygène.
L’hypoxie est la conséquence de l’hypoxémie (diminution de la quantité d’oxygène contenue dans le sang). Dans le premier cas, il s’agit d’une diminution de l’oxygène dans les tissus, dans le deuxième cas qui nous intéresse, c'est d’une diminution de l’oxygène dans le sang.
Danger, elle provoque la syncope avec pour conséquence, si l'apnéiste est seul, de la noyade en surface. On remédiera à l'hypoxie qui est l'accident le plus grave chez l'apnéiste quant à ses conséquences :
En ne faisant pas d'hyperventilation mais une ventilation ample de deux à trois cycles maximum avant l'immersion.
En laissant suffisamment de temps entre deux apnées proportionnellement au temps passé en apnée. 1à 2 minutes pour une apnée de 30 secondes 3 à 5 minutes pour une apnée de 1 à 3 minutes.
En remontant dès que le besoin de respirer se fait pressant, le système nerveux central étant alerté par l'acidose due à l'a présence excessive de dioxyde de carbone dans le sang.
Les solutions du règne animal
Chez le dauphin:
-la capacité de stockage du dioxygène est plus élevée; dans les muscles surtout, où le taux de myoglobine fixatrice du dioxygène est plus élevé que chez les mammifères terrestres. De même, le nombre de globules rouges par unité de volume est plus grand, le taux d'hémoglobine plus élevé, le volume sanguin plus important. Finalement, au niveau des organes vitaux; ce dioxygène est en plus grande quantité et plus rapidement mobilisable.
D'autres particularités anatomiques chez le dauphin permettent en plongée, un meilleur approvisionnement en dioxygène:
-vaso-constriction (diminution du diamètre) des vaisseaux périphériques permettant le maintien de la pression sanguine dans les grosses artères alors que le débit cardiaque diminue (bradycardie); ainsi le débit cérébral n'est pas modifié.
-irrigation préférentielle de réseaux de capillaires artériels dits "réseaux admirables" permettant un meilleur approvisionnement en dioxygène des organes vitaux alors que la peau, le tube digestif sont isolés.
-la capacité pulmonaire des Cétacés est très supérieure à celle des mammifères terrestres bien que leurs poumons soient relativement plus petits et bien que leur rythme respiratoire soit plus bas; mais leur ventilation pulmonaire est plus efficace. En effet, on considère que 80 à 90% de l'air est renouvelé à chaque expiration. Contre 10 à 20% chez l'homme.
Chez le dauphin, un système de sphincters de plexus et de «réseaux admirables» permettent d'optimiser les flux sanguins prioritaires. Les poumons se collabent et la cage thoracique se déforme.
Chez les oiseaux
Pour lutter contre l'hypoxie, en haute altitude, l'oiseau dispose autour de ses poumons de sacs aériens entourés de muscles, espèces de « compresseurs d'air » qui permettent de maintenir la pression partielle de dioxygène au delà du seuil syncopal hypoxique. Les oies franchissent ainsi l'Himalaya à 6000 m d'altitude.
BONNES VACANCES - BONNES APNEES - VOS QUESTIONS SONT LES BIENVENUES