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Sur 360 millions de spermatozoïdes de mon père, un est arrivé en premier à l'ovule de ma mère: Et je suis là! Nous sommes tous des gagnants!

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Billet de blog 29 mars 2017

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« Il y a trois sortes d'hommes: les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. »

Une petite histoire maritime véritable pour nous changer un peu des "égarements" de notre Police et des turpitudes de nos candidats à la présidentielle: « - Commandant, voyons, nous avons une importante cargaison d'arachide, et avec les cacahuètes, c'est un peu comme si nous avions un chargement de balles de ping-pong, on ne pourra jamais couler en une nuit, d'autant que la mer est calme! »

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Monsieur B... franchit un beau jour la porte du bureau de mon agence immobilière. Après quelques échanges et présentations d'usages, entre hommes de mer que nous fûmes, des liens cordiaux s'établirent rapidement au fil de la conversation puis au fil du temps. Monsieur B... était un marseillais de souche, il avait navigué sur toutes les mers du globe comme officier mécanicien dans la Marine Marchande. Avenant mais âpre au gain, dur en affaire mais toujours correct (avec moi en tout cas) nous allions ainsi, pendant des années, tisser de bonnes relations commerciales teintées de confiance réciproque et d'une certaine confraternité maritime, puis terrestre. Il occupait sa retraite dans une petite activité de marchands de biens, il achetait des maisons aux enchères ou de gré à gré, les restaurait et les revendait toujours à des prix intéressant pour les acheteurs aussi. "- Pas de stock, me disait-il, ça enrichit les banques" . Quelques restaurants et quelques verres à l'occasion, forcèrent l'amitié.

A l'une de ces occasions commensales, il me conta l’événement suivant:

Ses histoires de mer commençaient souvent par la citation de Platon (que certains attribuent à Aristote, qui aimait bien les classements):

« Il y a trois sortes d'hommes: les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. »

Lors d'une de ses dernières navigations entre l'Afrique et Marseille avec un chargement d'arachide, le gros collecteur d'eau de mer d'une pompe de circulation se rompit entre la pompe et la coque dans la salle des machines, ce qui provoqua une importante voie d'eau.

Dans l'affolement, un matelot mécanicien fit une chute mortelle du haut de l'échelle verticale d'accès aux machines. L'eau monta dans les cales, le navire prit 20 degrés de gîte sur bâbord et, la nuit tombant, le Commandant prit la décision d'abandonner le navire. Monsieur B... entreprit de convaincre le Pacha de ne pas abandonner le navire, invoquant la poussée d'Archimède à sa façon:

« - Commandant voyons, nous avons une importante cargaison d'arachide, et avec les cacahuètes, c'est un peu comme si nous avions un chargement de balles de ping-pong, on ne pourra jamais couler en une nuit, d'autant que la mer est calme! » Il n'arriva pas à convaincre le commandant avec ses balles de ping-pong...

Il fallut remonter le cadavre du matelot mort dans la machine, mettre une chaloupe à la mer dans laquelle rentrait les 15 hommes d'équipage, prendre de l'eau et des vivres, tout arrimer et enfin relier la chaloupe et le navire avec une grosse aussière en guise de remorque pour rester proche du navire, on verrait bien demain quelle décision prendre...


Vers minuit, les feux de hune et de poupe disparurent, le Commandant persuadé que le navire partait par le fond, donna l'ordre au bosco, avec sa hache, de sectionner la remorque. Une fois de plus, Monsieur B...interpella le Pacha :

 - Mais non Commandant ne faites pas ça! Les machines sont bas-les-feux depuis plus de 8 heures et les batteries de secours sont tout simplement déchargées, si le bateau partait par le fond, nous sentirions la traction sur la remorque, nous prendrions de la vitesse et le bosco aura largement le temps de couper l'aussière! 

Il n'arriva pas, là encore, à convaincre le Commandant.

Le lendemain au lever du jour, plus de navire à l'horizon! Peanuts! Rien! Nada! Ainsi, le Commandant se déclara fort satisfait de sa sage décision de la veille.

Vers midi, un cargo qui faisait route vers Lisbonne récupéra la chaloupe et l'équipage rescapé du naufrage, tout le monde, quelques heures plus tard, rentra à bon port sain et sauf, enfin, sauf le pauvre matelot mécanicien... Arrivé à quai à Lisbonne, le Commandant fit sa déclaration à l'Officier de Port et prit contact avec sa Compagnie.

 Francesco Schettino (Commandant du Concordia)

Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la Compagnie lui annonça que « son navire abandonné » en fait de naufrage, n'avait pas coulé du tout mais qu'il avait été pris en remorque par un autre navire marchand, d'une autre compagnie qu'il faudrait dédommager fortement suivant les règles maritimes. 

En arrivant à Marseille au siège de la Compagnie, les doutes levés sur un éventuel acte de baraterie, le Pacha Peanuts, posa son sac à terre à jamais.

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