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Sur 360 millions de spermatozoïdes de mon père, un est arrivé en premier à l'ovule de ma mère: Et je suis là! Nous sommes tous des gagnants!

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Billet de blog 29 novembre 2011

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EGYPTE: Anwar al Sadat me salue et je rencontre le fils du Commandant...

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Le canal de Suez

Port-Saïd 6 juin 1975, minuit, je suis réveillé par une onde de choc qui fait vibrer la coque du Mounir, un remorqueur de haute-mer de la Compagnie du Canal de Suez nous servant de bâtiment base. Cela va durer toute la nuit, à intervalles irréguliers, jusqu'au levé du jour. Je reconnais là le bruit et la fréquence caractèristiques des grenades anti-nageurs de combat. Les égyptiens malgré les accords de désengagements militaires signés avec les israéliens en 1974, se méfient toujours des commandos de Tsahal. Demain vers 11 heures le Président Anwar al Sadat passera en revue les Marines des pays occidentaux qui ont participé au déminage du Canal de Suez, permettant ainsi sa réouverture, deux ans après la guerre du Kippour.

Nous sommes tous en uniformes blancs, alignés sur tribord, au garde à vous, le Président Sadat passe à dixmètres de nous, sur une vedette amiral et nous salut quelques secondes avant de passer aux navires suivants des autres nations.

Mission accomplie, nous allons pouvoir rentrer à la maison après 4 mois d'une opération pacifique mais peu ordinaire: Effectuer la dernière mission le déminage sous-marin du canal de Suez (DECAN II) afin de rétablir la navigation entre la mer Rouge et la Méditerranée.

Nous quittons dès le lendemain de la cérémonie d'ouverture, l'équipage du Mounir. Une quinzaine d'hommes mal payés mais dévoués et pour qui les plongeurs démineurs français étaient une aubaine.

Nous leur fournissions du travail et surtout des vivres que nous avions à profusion et dont Ahmed le Maître d'hôtel génial. Il se chargeait de faire la répartition et je crois bien que nous avons du aussi nourrir une partie de leurs familles.

Nous saluons enfin le Commandant, originaire de Port-Saïd, un être débonnaire mais peu communicatif, il faut dire aussi que notre anglais n'était pas des plus fameux. Il était remarquable par sa grande taille et la blondeur de ses cheveux qui dénotaient avec le reste de l'équipage, cela lui donnait comme un parfum colonial.

Nous quittons Port Saïd avec cette fois, un bateau gris de notre Marine Nationale pour une escale de 3 jours à Alexandrie avant de regagner la France.

Trente ans plus tard, en 2005, je me trouve cette fois en touriste avec mon épouse, dans un train entre Le Caire et Louxor. Un couple d'occidentaux se trouve là, dans le même wagon, parmi les voyageurs égyptiens. Ils parlent en français, mais comme ils ont l'air de s'engueuler, nous n'osons pas les aborder. Je sors alors, dans le sas, pour fumer une mauvaise Cléopatra. Dans l'instant, je suis suivi par le jeune homme du couple en question, grand et blond et qui me demande du feu. Nous engageons la conversation et dans un français parfait, il me dit qu'il n'est pas belge comme sa femme mais égyptien et qu'ils gèrent ensemble une agence de voyages à Louxor. Je lui fais part de mon premier voyage en Egypte en 1975, du Mounir, de son fameux équipage... Il m'interrompt, et là, je reste coi : j'avais en face de moi, par le plus grand des hasards, le fils du Commandant du Mounir de 1975. Il était quand même une peu déçu que cette rencontre fortuite ne se fit pas quelques mois plus tôt.

En effet, son père venait de mourir l'année même, à Port-Saïd, et le récit de cette rencontre lui aurait été fort agréable.

A quand mon prochain voyage en Egypte?

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