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Billet de blog 8 juillet 2025

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Grèce : chronologie politique et sociale de 2015 à 2025 (Partie 12)

2025 : De l'espoir suscité par Syriza à la capitulation. Suite d'une grande chronologie politique et sociale de la Grèce, par le Comité pour l'abolition des dettes illégitimes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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CC - Flickr - meenakshi madhavan

2015 : De l’espoir en Syriza à la capitulation

• 25 janvier 2015 : Victoire électorale de la coalition de gauche radicale (Syriza).


Pour en savoir plus :
Communiqué de presse du CADTM
Lire aussi : La Grèce a besoin d’une réelle annulation d’une grande partie de la dette et Syriza : « Un grain de sable dans l’engrenage »
Voir aussi la vidéo du débat organisé par LÀ-BAS SI J’Y SUIS HEBDO à Paris, le 21 janvier 2015, quatre jours avant l’élection.
Débat entre Éric TOUSSAINT, Frédéric LORDON, Renaud LAMBERT, Serge HALIMI : Syriza, le feu à la plaine ou le pétard mouillé ? L’audio : Syriza et Podemos


• 27 janvier 2015 : début du gouvernement Syriza-Anel
• 30 janvier 2015 : la conférence de presse de Yanis Varoufakis (ministre des Finances) et Jeroen Dijsselbloem (président de l’Eurogroupe) est l’occasion de l’expression publique des désaccords entre le gouvernement Syriza et les institutions européennes, et lance le coup d’envoi d’une première séquence de « négociations » jusqu’à l’accord du 20 février.
• 4 février 2015 : la Banque centrale européenne fait un coup de force contre le gouvernement Tsipras en refusant que les banques grecques continuent de déposer des titres grecs comme garantie pour l’accès aux liquidités. En conséquence, les banques grecques ont vu augmenter leurs coûts, l’État grec a vu diminuer sa source principale de financement interne au pays et les déposants grecs ont accéléré le retrait de leurs dépôts. C’était une véritable déclaration de guerre de la BCE au gouvernement Tsipras. Le gouvernement Tsipras a appris également que la BCE ne reverserait pas les 1,9 milliards € de profits qu’elle avait fait sur les titres grecs et qu’elle avait promis de reverser en 2015.

Voir le Communiqué d’ATTAC France

• 5 février 2015 : mobilisation populaire à Athènes, et à petite échelle à Paris et dans d’autres capitales européennes, en réponse au coup de force de la Banque centrale européenne
• 6 février 2015 : discours de Zoé Konstantopoulou, lors de son élection en tant que Présidente du Parlement hellénique dans lequel elle affirme « promouvoir les revendications d’annulation de la majeure partie de la dette ».


Lire : Discours prononcé par Zoé Konstantopoulou, lors de son élection en tant que Présidente du Parlement hellénique.


• 8 février 2015 : premier discours de politique générale d’Alexis Tsipras au parlement grec (la Vouli). Le premier ministre grec confirme qu’il commencera immédiatement la mise en œuvre du programme de Thessalonique qui impliquait notamment de mettre fin au 2e mémorandum en cours d’exécution en le remplaçant par un plan de reconstruction nationale.
• 11 février 2015 : première rencontre officielle du gouvernement grec avec l’Eurogroupe, en vue d’un accord exigé par les institutions européennes avant le 20 février date de la fin du mémorandum en cours d’exécution. Varoufakis s’engage à assumer la continuité des obligations contractées par les gouvernements précédents. Le « mouvement des places » appelle à des rassemblements à Athènes et dans plusieurs villes grecques. Une importante manifestation de soutien à la Grèce a lieu à Francfort.
• 12 février 2015 : le gouvernement de Tsipras commence à vider les caisses publiques et rembourse 747,7 millions € au FMI alors qu’aucun nouveau crédit n’est accordé au pays par la Troïka ce qui vise à rendre la situation intenable.
• 16 février 2015 : annonce de la préparation du lancement de la commission pour un audit de la dette grecque.


Lire : « La dette est un moyen de chantage pour imposer les politiques néolibérales »


• 18 février 2015 : élection par le parlement du conservateur Prokopis Pavlopoulos comme président de la République. C’est Alexis Tsipras qui a convaincu le groupe parlementaire de Syriza de proposer et d’élire ce personnage de l’establishment en signe de continuité avec le régime antérieur et d’apaisement.
• 20 février 2015 : le président de l’Eurogroupe, le travailliste hollandais Jeroen Dijsselbloem, annonce à Varoufakis que le solde de 11 milliards € du Fonds de recapitalisation des banques (FHSF) sur lequel le gouvernement Tsipras comptait pour réaliser une partie de ses promesses électorales part vers le Luxembourg au lieu d’être mis à disposition de la Grèce. Varoufakis apprend également que le versement de la dernière tranche (7,2 milliards €) du crédit attribué par la Troïka à la Grèce dans le cadre du mémorandum n’aura probablement pas lieu. Varoufakis signe le communiqué de l’Eurogroupe fixant le cadre des négociations dans les mois suivants : il s’agit de la première capitulation et du renoncement à l’application des principaux points du programme de Syriza.


Pour en savoir plus :
« Vers la première capitulation et l’accord funeste avec l’Eurogroupe du 20 février 2015 »
Depuis Bruxelles, Manolis Glezos membre de Syriza foudroie le gouvernement à propos des manœuvres durant les négociations avec les créanciers et du changement de discours de SYRIZA, lire.
Écouter également l’interview d’Eric Toussaint, le 20 février 2015, sur les ondes de la principale radio publique belge francophone (RTBF) à propos des négociations en cours.


• 23 février 2015 : le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, envoie au président de l’Eurogroupe une lettre contenant les grandes lignes de la liste des réformes proposées dans le cadre de l’accord du 20 février. Cette lettre, comme l’a révélé la presse grecque le jour-même, a largement été rédigée par Declan Costello de la Commission européenne.
• 24 février 2015 : réunion houleuse du gouvernement grec
• 25 février 2015 : débat prolongé du groupe parlementaire Syriza, un tiers des députés s’oppose à l’accord du 20 février
• 27 février 2015 : Varoufakis signe un courrier rédigé par la Troïka, c’est un acte de soumission. C’est la première capitulation.


Lire : « La première capitulation de Tsipras et Varoufakis en février 2015 » par Eric Toussaint


• 28 février-1er mars 2015 : première réunion du comité central de Syriza après les élections. L’amendement présenté par la Plate-forme de gauche rejetant l’accord du 20 février et la liste de réformes du 23 février obtient 41 % des suffrages.
• Début mars 2015 : Varoufakis propose aux autorités chinoises d’acheter les chemins de fer grecs et de compléter l’achat du port du Pirée. Les Chinois ne sont pas intéressés par les chemins de fer.
• 6 mars 2015 : la Grèce rembourse 299 millions € au FMI.
• 13 mars 2015 : la Grèce rembourse 336 millions € au FMI.
• 16 mars 2015 : la Grèce rembourse 560,8 millions € au FMI.
Les caisses publiques continuent à se vider.
17 mars 2015 : conférence de presse au parlement grec pour annoncer la création de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque. Cette commission est créée par la présidente du parlement grec Zoé Konstantopoulou. La coordination scientifique de la commission est confiée à Éric Toussaint (Comité pour l’Abolition des dettes illégitimes, CADTM).


Lire : « Grèce : Lancement de la commission d’audit de la dette par la présidente du parlement grec »
Ecouter : « Annonce officielle de la création de la commission d’audit »


• 18 mars 2015 : vote au Parlement grec de la première loi du gouvernement Tsipras, consacrée à un paquet de mesures sociales en faveur des personnes les plus pauvres ainsi qu’à la création d’un secrétariat à la lutte contre la corruption
• 20 mars 2015 : la Grèce rembourse 336,5 millions € au FMI.
• 1er avril 2015 : création par la présidente du parlement grec, Zoe Konstantopoulou, avec le soutien d’Alexis Tsipras d’une Commission sur les réparations des dettes de guerre de l’Allemagne envers la Grèce.
• 3 avril 2015 : le cabinet des ministres décide d’annoncer au FMI que la Grèce suspendra le paiement de la dette et décide d’envoyer à Washington Varoufakis pour expliquer cette décision à Lagarde et rendre cela public.
• 4 avril 2015 : séance inaugurale de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, créée par la présidente du parlement grec Zoé Konstantopoulou. Assistent à cette séance inaugurale, le premier ministre, le président de la république, la présidente du parlement et la majorité des membres du gouvernement dont le ministre des finances. La séance est introduite par la présidente du parlement, par Éric Toussaint et par le président de la République.


Lire : « Grèce 4 avril 2015 : Journée historique pour la recherche de la vérité sur la dette grecque »
Lire également : « Grèce ; Discours de la présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, à la session inaugurale de la Commission de vérité de la dette publique »


• 5 avril 2015 : Varoufakis arrive à Washington et accepte l’ordre de Tsipras de renoncer à l’annonce de la suspension de la poursuite du remboursement de la dette au FMI.
• 8 avril 2015 : rencontre entre Alexis Tsipras et Vladimir Poutine au sujet de partenariats dans le domaine économique, et notamment de grands projets communs dans le secteur de l’énergie. Poutine ne s’engage à aucune aide concrète. Il ne veut pas entrer en contradiction avec le gouvernement allemand qui veut l’échec de l’expérience progressiste en Grèce.
• 9 avril 2015 : la Grèce rembourse 448,6 millions € au FMI.
• 24 avril 2015 : lors de la réunion de l’Eurogroupe à Riga, le constat est celui d’un échec des négociations, et le versement d’une dernière tranche d’aide (7,2 milliards d’euros) prévu suite à l’accord du 20 février est remis à plus tard. Alors que le gouvernement grec a fait d’énormes concessions, les dirigeants européens n’en font aucune et asphyxient le pays.
• 27 avril 2015 : sous la pression de la Troïka, remplacement de Yanis Varoufakis par Euclide Tsakalotos au titre de coordinateur de l’équipe de négociation grecque.
• 11 mai 2015 : réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles. La partie grecque accepte notamment l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence, une large abrogation des taux réduits de TVA (qui aidaient les grecs les plus appauvris à survivre) et la poursuite des négociations. Les discussions achoppent notamment sur la question de la réforme des retraites et du marché du travail. La Troïka veut aller plus loin dans les attaques antisociales.
• 12 mai 2015 : la Grèce, à cours de ressources, rembourse quand même au FMI 747,7 millions €. Une astuce a été trouvée par le FMI afin d’être remboursé : il a utilisé un compte ouvert par la Grèce au FMI, y a versé 650 millions considérés comme prêts à la Grèce. La Grèce les a utilisés pour ensuite rembourser le FMI en y ajoutant la différence.
• 15 mai 2015 : un communiqué du secrétariat politique de Syriza appelle à défendre les « lignes rouges » du gouvernement au moyen de mobilisations populaires en Grèce et en Europe
• 24 mai 2015 : réunion du comité central de Syriza. L’amendement déposé par la Plate-forme de gauche qui critique le cours des négociations et la stratégie du gouvernement, appelant à des mesures unilatérales en vue de la mise en œuvre effective du programme de Thessalonique, obtient 44 % des suffrages.
• 3 juin 2015 : convoqué par J-Cl. Juncker, président de la Commission européenne, Tsipras accepte de se rendre à Bruxelles le 3 juin et confirme qu’il est d’accord de s’engager à dégager un surplus du budget primaire de 3,5% pendant dix ans, ce qui est totalement en contradiction avec le programme de Thessalonique et intenable pour un pays qui veut rompre avec l’austérité. Mais la Troïka veut plus : elle exige une nouvelle réduction des retraites (notamment la suppression de l’aide –appelée EKAS- apportée aux retraités touchant une pension très basse) et une augmentation de la TVA qui doit être portée à 24% pour certains produits et services. Dans les restaurants, la Troïka veut que la TVA passe de 13 à 23 %.
• 4 juin 2015 : alors que la Grèce doit effectuer un nouveau remboursement au FMI de 305 millions €, celui-ci propose que tous les paiements dus en juin, pour un montant total de 1532,9 millions €, soient payés en un seul coup le 30 juin 2015. Cela permet de mettre la pression maximum sur la Grèce pour qu’elle accepte de signer une nouvelle capitulation avant la fin du 2e mémorandum dont l’échéance est le 30 juin 2015.
• 5 juin 2015 : face à ces nouvelles exigences exprimées le 3 juin par la Troïka, Tsipras décide de ne pas aller à une réunion convoquée à Bruxelles le 5 juin et prend la parole au parlement grec devant lequel il dénonce les exigences de la Troïka
• 13 juin 2015 : réouverture de la chaîne de radio - télévision publique, ERT qui avait été fermée en juin 2013. Tsipras et Pappas, son ministre en charge des médias, mettent à sa tête un personnage de l’establishment ce qui provoque du mécontentement chez ceux et celles qui attendaient une radio TV menant une politique d’indépendance, d’enquête et d’aiguillon critique.
• 17-18 juin 2015 : rapport de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque présente son rapport et les conclusions de celui-ci. Toute la dette réclamée par la Troïka est identifiée comme odieuse, illégitime, illégale et insoutenable. La commission recommande au gouvernement de répudier la dette par un acte unilatéral souverain. Le premier ministre est présent ainsi que de nombreux ministres. Varoufakis pourtant présent à Athènes le 17 juin n’y assiste pas.


Voir la vidéo : « Eric Toussaint présente le rapport pour la vérité sur la dette publique au parlement grec le 17 juin 2015 »


• 18 juin 2015 : nouvelle réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles sur la Grèce : la Troïka poursuit la pression sur le gouvernement grec.
• 22 juin 2015 : Tsipras fait une nouvelle concession : le gouvernement est prêt à réduire une nouvelle fois les retraites de manière importante mais la Troïka veut plus.
• 20-26 juin 2015 : semaine d’action des mouvements sociaux européens en soutien au peuple grec. Des manifestations, réunissant plusieurs milliers de personnes, ont lieu dans de nombreuses villes européennes, dont une trentaine en France.

Manifestation « Avec les grecs », Bruxelles, 21 juin 2015. Photo : CADTM

• 24-26 juin 2015 : Tsipras est à Bruxelles et négocie. Malgré les concessions du gouvernement, la Troïka refuse de signer un nouvel accord. Or Tsipras tout comme Varoufakis sont prêts à accepter un nouveau mémorandum avec la Troïka même s’ils ne le disent pas au public grec.
• 27 juin 2015 : suite à l’échec des négociations à Bruxelles, Alexis Tsipras convoque un référendum pour le 5 juillet au sujet de la dernière proposition des créanciers.
Immédiatement la BCE fait en sorte que le gouvernement doive décider de fermer les banques à partir du lundi 29 juin.
• 29 juin 2015 : Juncker, président de la commission européenne, dénonce la convocation du référendum et appelle les Grecs dans des termes à peine voilés à voter « Oui » afin de ne « pas commettre un suicide ». Cette intervention a peut-être eu l’effet contraire à celui recherché.
• 30 juin 2015 : Benoît Cœuré, vice-président de la BCE, annonce que si les Grecs votent en majorité pour le « Non » (« Oxi » en grec) l’expulsion de la zone euro est probable tandis que si les Grecs votent pour le « Oui », la Troïka viendra en aide à la Grèce.
• 30 juin 2015 : la Grèce n’arrive pas à rembourser le FMI par manque de ressources disponibles. Les caisses sont vides.
• 3 juillet 2015 : dans le cadre de la mobilisation populaire croissante en faveur du « Non » (« Oxi ») , plusieurs dizaines de milliers de manifestants se rassemblent place Syntagma. Les partisans du « Oui » qui eux aussi ont appelé à se mobiliser ont été beaucoup moins nombreux.

 5 juillet 2015 : victoire du « Non » au référendum, avec 61,31 % des suffrages

• 6 juillet 2015 : démission du ministre des Finances grecs, Yanis Varoufakis, remplacé par Euclide Tsakalotos qui depuis fin avril menait à sa place les négociations, assisté par Georges Chouliarakis. Varoufakis dans l’explication publique de sa démission déclare notamment : « Je soutiendrai donc sans hésitation le premier ministre, le nouveau ministre des finances et le gouvernement »
Jacques Lew, le secrétaire d’État au Trésor des Etats-Unis appelle Tsipras par téléphone pour mettre la pression afin qu’il accepte un nouveau mémorandum aux conditions voulues par la Troïka et rejetées par les Grecs. François Hollande fait de même.
Tsipras se réunit avec les partis qui ont appelé à voter pour le « Oui » et élabore avec eux une position conforme aux demandes de la Troïka alors que celles-ci ont été rejetées par la majorité du peuple lors du référendum de la veille.
• 7 juillet 2015 : Juncker est carrément insultant lors du sommet tenu à Bruxelles ce jour-là. En présence d’Alexis Tsipras, il déclare : « Une question a été posée au peuple grec à propos de quelque chose qui n’existe pas. Peut-être voudrez-vous bien m’expliquer en détails quelle était la question posée aux Grecs – à moins que cela trop vous demander ». Tsipras répond que le gouvernement est prêt à négocier.
• 8 juillet 2015 : Tsipras avance une proposition qui ressemble à celle que le référendum a rejeté : nouvelle réduction des retraites, accélération des privatisations, augmentation de la TVA, surplus primaire du budget de 3,5%, …
• 8 juillet 2015 : L’opposition dans le groupe parlementaire de Syriza est très forte.
• 10 juillet 2015 : le parlement grec vote en faveur de la proposition que Tsipras a élaborée avec l’accord du FMI et de la BCE ainsi qu’avec celui des partis qui ont perdu le référendum. Les partis de droite votent en faveur (sauf Aube dorée) ainsi qu’une majorité de députés de Syriza (à l’exception de Zoe Konstatopoulou, des 6 ministres membres de la Plate-forme de gauche de Syriza et de plusieurs députés). Varoufakis n’est pas allé au parlement afin d’éviter de participer au vote.
• 11 juillet 2015 : alors que le FMI et la BCE sont d’accord avec la proposition grecque à l’élaboration de laquelle ils ont participé, plusieurs ministres et chefs d’État veulent imposer de plus lourds sacrifices.
• 13 juillet 2015 : suite à une réunion d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro, le gouvernement grec accepte de rentrer dans un processus conduisant à un troisième mémorandum, avec des conditions plus dures que celles rejetées lors du référendum du 5 juillet. A propos de la dette, le texte dit clairement qu’il n’y aura pas de réduction du montant de la dette grecque : « Le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale de la dette. Les autorités grecques réaffirment leur attachement sans équivoque au respect de leurs obligations financières vis-à-vis de l’ensemble de leurs créanciers, intégralement et en temps voulu ».
• 13 juillet 2015 : #THISISACOUP, ce hashtag est « twité » 377 000 fois et fait le tour de la Terre en quelques heures pour protester contre le diktat de la Troïka à l’égard de la Grèce
• 15 juillet 2015 : manifestation place Syntagma des partisans du Non opposés à l’accord du 13 juillet, donnant lieu à une répression policière. Une lettre signée par 109 membres (sur 201) du comité central de Syriza rejette l’accord du 13 juillet en le qualifiant de coup d’État et demande une réunion d’urgence du comité central. 15-16 juillet : vote au Parlement, avec les voix des trois partis pro Troïka, Nouvelle Démocratie, Pasok et To Potami, mais sans les voix de 39 députés de Syriza (32 contre dont Varoufakis, 6 abstentions, 1 absence), d’un premier paquet de mesures d’austérités, concernant la TVA et les retraites, exigées par l’accord du 13 juillet. 17 juillet : suite à l’accord du 13 juillet, la Commission européenne annonce le déblocage d’un nouveau prêt de 7 milliards d’euros. Alexis Tsipras remanie son gouvernement, en congédiant notamment deux ministres de la Plate-forme de gauche, Panagiotis Lafazanis et Dimitris Stratoulis.
• 20 juillet 2015 : remboursement de 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne et de 2 milliards d’euros au Fonds monétaire international.
• 22-23 juillet 2015 : vote au Parlement du second volet des mesures immédiates exigées par les institutions européennes, contenant des mesures institutionnelles nécessaires à la mise en œuvre du troisième mémorandum. Parmi les députés de Syriza, 31 votent contre et 5 s’abstiennent. Varoufakis vote pour !
• 30 juillet 2015 : réunion du comité central de Syriza. Les demandes, soutenues notamment par la Plate-forme de gauche, d’une réunion du congrès de Syriza avant la signature de l’accord et d’un référendum au sein du parti sur la poursuite des négociations sont rejetées, conduisant plusieurs membres du comité central à démissionner.

CC - Flickr : Maxime De Ruyck

• 13 août 2015 : à l’initiative de la Plate-forme de gauche, appel de dix dirigeants de formations politiques de gauche à des mobilisations populaires et à la formation d’une nouvelle force politique, hors de Syriza, en opposition à la politique du gouvernement Tsipras et au troisième mémorandum.
• 14 août 2015 : vote au Parlement grec du troisième mémorandum. Oui : 222 voix. Non : 64 voix (dont 32 Syriza). Abstention : 11 voix (dont 10 Syriza). Absent du vote : 2 (Syriza).
• 20 août 2015 : remboursement de 3,2 milliards € à la BCE pour des titres qu’elle a achetés en 2010-2012 à 70 % de leur valeur nominale et sur lesquelles elle a touché un intérêt de 6,1% chaque année sur le total de la valeur nominale, càd près de 10% de rendement réel.
• 20 septembre 2015 : élections anticipées. Syriza reste la première force électorale et Tsipras forme un nouveau gouvernement.

• D’août 2015 à août 2018 : application du 3e mémorandum avec une longue liste de nouvelles mesures d’austérités et de reculs sociaux.


Pour en savoir plus :
[Film] L’audit - Enquête sur la dette grecque
Comprendre la dette grecque - Outils vidéo et livret pédagogique
Nouvelle brochure pour comprendre la dette grecque
Lire la préface de Zoe Konstantopoulou au livre d’Éric Toussaint publié en Grèce en 2017


2019 : Défaite électorale de Syriza et retour de la droite au gouvernement

• Élections européennes du 26 mai 2019 : victoire de Nouvelle démocratie.
• Élections municipales et régionales en deux tours (26 mai et 2 juin 2019) : victoire de Nouvelle démocratie qui prend le contrôle de 12 des 13 régions (la Crète reste dirigée par Syriza alliée au Pasok) et de la plupart des grandes villes du pays, dont Athènes, Thessalonique... Patras, en revanche, est conservée par le KKE, le PC grec, qui a obtenu les voix de Syriza, alors que le KKE n’a jamais appelé à voter pour Syriza.
• Élections anticipées du 7 juillet 2019 : victoire de Nouvelle démocratie. Le parti dirigé par Kyriakos Mitsotakis avec 40 % des voix dispose d’une majorité absolue au parlement. Syriza obtient 31,5 % des voix. Aube dorée n’a plus de représentation parlementaire. Un nouveau parti d’extrême-droite, Solution grecque, fait son entrée au parlement. Le parti créé par Varoufakis entre au parlement avec 9 députés (3,4% des voix), le parti communiste obtient 15 députés avec un peu plus de 5% des voix. Trajet de Liberté, le parti de Zoé Konstantopulou, rate de peu les 3% et n’obtient aucun-e élu-e.

2021 : Approfondissement de la dégénérescence de Syriza

• Octobre 2021 : 3e congres de Syriza. Le groupe dirigeant de Tsipras impose un « élargissement sans limite » qui transforme SYRIZA en une « Alliance Progressiste », ou se rassemblent des cadres social-libéraux ou même de la Droite (Antonaros, Spiliotopoulos etc.). Tsipras obtient un changement des statuts du parti. Le Président et le Comité Central peuvent être élus directement par les amiEs du parti, qui peuvent voter à une seule condition : payer 2 euros !
• Décembre 2021 : Nikos Androulakis gagne les élections internes dans le Pasok, et devient le dirigeant du parti social-démocrate, après la mort de la Présidente précédente, Fofi Gennimata.

2023 : Catastrophe ferriviaire, naufrage de migrant·es, nouvelle victoire de la droite et élection d’un ex banquier à la tête de Syriza

• Le 28 février 2023, un accident ferroviaire se produit à hauteur de Larissa entre Athènes et Thessalonique, causant la mort de 57 passagers. Cette catastrophe suscite une immense émotion doublée d’une colère au sein de la population. De nombreuses manifestations sont organisées dans les semaines qui suivent, réunissant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Les manifestant-es dénoncent l’incurie du système ferroviaire grec, en partie privatisé à la demande de l’Union européenne dans le cadre de la crise de la dette publique, et plus généralement « le délabrement du secteur public ».

• 14 juin 2023. Terrible naufrage d’un chalutier surpeuplé, l’Adriana, au large de Pylos, petite ville du Péloponnèse, dans la zone maritime sous responsabilité grecque (pour reprendre une dénomination officielle : région de recherche et de sauvetage (SSR) sous responsabilité de la Grèce). Le navire transportait plus de 750 passagers, principalement originaires de Syrie, du Pakistan et d’Égypte. Seules 104 personnes ont survécu ; 82 corps ont été repêchés, dont 58 seulement ont été identifiés. Le naufrage a fait plus de 650 morts. Le gouvernement a refusé d’accepter la moindre responsabilité dans cette tragédie alors que les garde-côtes grecs sont largement responsables. Sous la pression des organisations humanitaires et des familles des victimes, le vendredi 23 mai 2025, le procureur du tribunal maritime du Pirée, en Grèce, a finalement pris une décision historique. A l’issue de son enquête préliminaire de près de deux ans, le procureur a conclu que 17 officiers des garde-côtes doivent faire l’objet de poursuites pénales.

Octobre 2015 : des réfugié-es et des migrant-es accostent sur l’île de Lesbos en Grèce après avoir traversé la mer Égée depuis la Turquie. Photo : Jim Forest, Flickr

• Élections de juin 2023 : nouvelle victoire de Nouvelle démocratie qui obtient 40,50% Kyriakos Mitsotakis reste premier ministre et dispose d’une majorité absolue au parlement avec 158 parlementaires sur 300. Syriza recule énormément et n’obtient que 18% des voix et 47 parlementaires contre 86 en 2019. Le PASOK social libéral obtient 12% et 32 sièges. Le PC (KKE) obtient 7 ,7% et 21 parlementaires (en 2019, il en avait 15). Le parti d’extrême droite Solution grecque obtient 4,4% mais l’addition des différents résultats de l’extrême droite atteint environ 15%. La liste soutenue par Varoufakis ne passe pas la barre des 3%, il n’obtient que 2,5% et aucun-e parlementaire. Trajet de Liberté, le parti de Zoé Konstantopoulou, obtient 3,2% et 8 parlementaires.
• Aux élections européennes, le parti de droite qui dirige le gouvernement depuis 2019 n’obtient que 28,3%. Syriza poursuit sa chute et se droitise un peu plus, il n’obtient que 15%. Le PASOK social libéral obtient 12,8%. Le PC (KKE) obtient 9,35% (en progrès). Le parti d’extrême droite Solution grecque obtient 9,3%. Trajet de Liberté, le parti de Zoé Konstantopoulou, obtient 3,2% et une eurodéputée. La liste soutenue par Varoufakis obtient 2,5% et aucun parlementaire.
• 29 juin 2023 : après la défaite électorale de son parti, Tsipras a été obligé de démissionner.
• 24 septembre 2023 : Stefanos Kasselakis est élu président de Syriza en plein marasme. C’est un ancien trader qui a travaillé aux États-Unis pendant 5 ans pour la banque d’affaires Goldman Sachs. Quelques mois avant d’être élu président de Syriza il n’en était pas membre et vivait à Miami où il faisait du business dans le fret maritime. Kasselakis affirme que le modèle à suivre par Syriza est le parti démocrate aux Etats-Unis.

2024 : Crise définitive de Syriza

• 08 septembre 2024 : le Comité central de Syriza oblige Kasselakis à démissionner. Deux mois plus tard, Kasselakis avec quelques amis sortent de Syriza pour créer le Mouvement Démocratique.

2025 : Nouvelles mobilisations populaires, poursuites pénales contre les chefs des garde-côtes

• 28 février 2025 : énorme mobilisation deux ans après la tragédie ferroviaire du 28 février 2023. Plus de 260 manifestations ont eu lieu dans les villes et les villages. Les manifestations les plus massives ont eu lieu à Athènes, Thessalonique, Patras, Volos et Héraklion. Les syndicats, les associations d’étudiants, les communautés scolaires et les organisations locales ont envahi les rues de tout le pays. L’activité économique s’est arrêtée, les magasins ont fermé leurs portes. Hors de Grèce, il y a eu 120 manifestations aux quatre coins de la planète.
• Au premier semestre 2025, dans tous les sondages d’opinion sur les intentions de votes, en cas d’élections anticipées, Syriza obtiendrait nettement moins de 10%. Syriza arriverait en 6e position, derrière la droite de la Nouvelle Démocratie, suivi par Trajet de Liberté (Plefsi Eleutherias) le parti de Zoe Kostantopoulou et le Pasok qui sont en compétition pour la deuxième position, l’extrême-droite de la Solution Grecque (en 4e position) et le Parti Kommuniste (KKE, en 5e position)

Pour avoir une idée des résultats des sondages d’opinion sur les intentions de vote : https://www.politico.eu/europe-poll-of-polls/greece/ Selon le site Politico, à la date du 23 juin 2025, en cas d’élections, Nouvelle Démocratie (= la droite au gouvernement) obtiendrait 31%, le PASOK 14%, le parti de de Zoe Kostantopoulou Trajet de Liberté (Plefsi Eleutherias) obtiendrait 11% (en baisse alors qu’en avril 2025 il obtenait 15% et devançait le PASOK qui obtenait 13%), l’extrême-droite EL (Solution Grecque) obtiendrait 9%, le PC (KKE) 8%, Syriza, 4%, MERAR25 de Yanis Varoufakis, également 4%. Autre site concernant les intentions de vote : https://politpro.eu/en/greece/polls/64930/alco/2025-06-14 Sur ce site on trouve les résultats d’un sondage publié le 14 juin 2025. Voir aussi https://dimoskopiseis.gr/greek-polls/ Tous ces résultats sont à prendre avec une grande précaution. S’il n’y a pas d’élections anticipées, les prochaines élections générales en Grèce auront lieu en 2027.

L’auteur remercie Antonis Ntavanellos, Tassos Anastassiadis, Yorgos Mitralias et Yannis Thanassekos pour leur relecture et leurs suggestions. L’auteur est entièrement responsable des opinions émises dans ce document et des erreurs éventuelles.

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