Du 29 novembre au 11 décembre prochain se tiendra au Bourget, au nord de Paris, la COP21 (21ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques). À cette occasion 195 déléguéEs des 195 pays-parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) doivent se réunir pour, officiellement, aboutir à un accord contraignant limitant à 2°C maximum le réchauffement climatique1.
Alors que les informations divulguées à propos des négociations préliminaires menées tout au long de cette année nous annoncent un nouveau fiasco, le réseau CADTM s’associe à toutes les organisations qui ont décrété l’état d’urgence climatique !
Rappel des faits
Les causes de ce réchauffement climatique et de l’accumulation des gaz à effets de serre (GES) sont bien connues - agriculture intensive ; combustion des énergies fossiles (gaz, pétrole, etc.) ; déforestation ; militarisation des sociétés - et sont le reflet de ce système capitaliste, toujours plus productiviste et extractiviste, imposé par les pays occidentaux à l'ensemble de la planète.
Par ailleurs, depuis l’âge de la première révolution industrielle, 80% des GES proviennent des pays industrialisés. Ce faisant, ils sont donc les débiteurs d’une dette climatique.
Les conséquences directes de ce réchauffement - montée des températures ; fonte des glaces ; élévation et acidification des océans ; augmentation des précipitations et sécheresses ; incendies et perte de captation carbone pour les forêts ; etc. – se font déjà sentir, et en particulier dans les pays du Sud, régions amenées à être les plus touchées par les effets de ces changements climatiques2. La spécificité de ces changements est qu'ils sont irréversibles, et leurs conséquences sont inconnues.
Alors que l’ONU évalue à plus de 600.000 le nombre de morts causées par des catastrophes climatiques3 en l’espace de vingt ans, aucun réel engagement n’a été pris par les pays signataires depuis la signature du Protocole de Kyoto en 19974 . Malgré l’état d’urgence, rien n’indique un quelconque revirement durant cette « parodie de négociation » que représente la COP21.
« Multi-solutions » ?
Face à ce constat implacable, quelles « solutions » les gouvernements nous présentent-ils ? Aucune !
Remplacer une énergie fossile (le pétrole) par une autre (le gaz) ; promouvoir les « agro carburants » alors qu’ils soutiennent une agriculture intensive et destructrice génératrice de fortes pollutions, de déforestation, d’accaparements de terres et d’insécurité alimentaire ; recourir aux OGM5 , à la fois destructeurs de la biodiversité et dépendants des énergies fossiles ; recourir aux gaz de schistes et autres fracturations hydrauliques ; enfouir sous terre les émissions de CO2 à l’aide de technologies expérimentales ; ne pas sortir du nucléaire mais plutôt multiplier les risques et les déchets millénaires ; confier la gestion de l’environnement à la finance, etc6. Tout cela reflète l’état d’esprit de la COP21, camoufler pour mieux protéger les intérêts privés des multinationales au détriment des populations et de la planète.
Chaque année, la COP est financée et sponsorisée par les mêmes multinationales, premières responsables du changement climatique. Cette fois encore, elles seront particulièrement représentées7.
Engie (GDF-Suez) et EDF avec leurs investissements massifs dans le charbon8, Coca-Cola et ses accaparements d’eau9, Renault-Nissan et leurs récents déboires quant aux émissions de CO210. La palme revient probablement à BNP Paribas11, qui investit à la fois dans l’extraction minière avec la société Glencore, proche de la société Vale, responsable du « Fukushima brésilien » du 5 novembre dernier12, dans l’extraction gazière par l’intermédiaire de Gazprom ou encore dans l’extraction pétrolière avec Shell qui détruit le delta du Niger (Nigéria) pour ses profits13, et Chevron, récemment couronnée du « prix de la honte » pour la pollution qu’elle a causé en Equateur14.
Les institutions financières internationales (IFIs) telles que la Banque mondiale sont elles aussi fortement impliquées dans les fausses solutions aux changements climatiques, du fait notamment des projets qu’elles financent, aussi bien dans l’agrobusiness15 que dans les énergies fossiles16ou la finance carbone17.
Effaçons la dette, pas la planète !
C’est pourquoi le réseau international du CADTM rejoint les appels à une mobilisation massive des citoyenNEs et des mouvements sociaux, malgré les tentatives de museler ceux-ci, pour bloquer le déroulement mortifère de ces fausses négociations et rappeler à l'ensemble de la population que les réelles solutions existent.
Le CADTM exige :
Une reconnaissance de la dette climatique et écologique des pays du Nord envers les pays du Sud ;
Le versement - sans condition et sans contrepartie - par les pays les plus industrialisés de contributions de réparations en dédommagement du pillage perpétré depuis des siècles dans les pays de la Périphérie.
Que la Banque mondiale, le FMI et les autres IFIs cessent tout financement des projets destructeurs pour l’environnement et participant à la violation des droits humains ;
L’instauration immédiate d’une transition à la fois écologique et sociale, au Nord comme au Sud ;
L’annulation totale des dettes illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables qui contraignent les pays du Sud à alimenter des politiques extractivistes pour le remboursement de ces dernières.
NOTES :
1 Voir : http://www.cop21.gouv.fr/
3 Voir : http://www.unisdr.org/archive/46793
4 Voir : http://unfccc.int/portal_francophone/essential_background/kyoto_protocol/items/3274.php
5 Organismes génétiquement modifiés.
6Voir : http://corporateeurope.org/sites/default/files/false_solutionsfr.pdf
7 Voir : http://www.cop21.gouv.fr/partenaires/entreprises-et-mecenes/
8 Voir : http://www.amisdelaterre.org/GDF-Suez-comment-l-entreprise.html
9 Voir : http://www.courrierinternational.com/article/2014/06/20/coca-cola-contraint-de-fermer-une-usine
11 http://cadtm.org/Les-chaises-des-banques-place
13 Voir : http://www.bastamag.net/Au-Nigeria-Shell-detruit-l-environnement-et-laisse-mourir-les-habitants
14 Voir : http://cadtm.org/Equateur-la-foret-empoisonnee
15Voir les rapports « Doing Business» et « Benchmarking Business of Agriculture »
16 http://www.usinenouvelle.com/article/en-2014-la-banque-mondiale-a-finance-davantage-de-projets-d-energies-fossiles.N326957
17 Voir les rapports « State and Trends of the Carbon Market »