Hier, je suis tombée sur les derniers instants de l’excellente émission « 28 minutes » animée par Elisabeth Quin, sur Arte. Finky et Edwin se balançaient des gentillesses en mode kalachnikov.
Évidemment, c’était le « fait musulman » qui faisait le menu. Utiliser « fait musulman » est une circonlocution volontaire, tant il devient difficile d’adopter un quelconque point de vue qui ne fasse scandale au premier mot.
Du coup, ce matin, j’ai visionné, par les miracles de l’internet, l’intégralité de l’altercation. Ouai ! Bof ! Ma nature amoureuse du consensus, même quand il est mou, a trouvé son compte aux arguments des deux protagonistes. Rien ne m’a semblé si dramatique, clivant ou encore violent dans les positions de nos impétrants défendeurs de causes. Pour autant, dans l’ambiance générale délétère de la planète médiatique franchouillarde, je pense qu’on ne PEUT PLUS aborder le moindre problème. Comme si le fait de nier ledit problème le rendait inexistant.
Deux petites appréciations sur le fond, cependant…
… quand Finky fait remarquer qu’il y a une différence entre parler « de » ou « des » -au sens de quelques-uns, ce que j’ai compris pour ma part- musulmans, ce n’est pas parler de « LES musulmans », c’est-à-dire de « tous les musulmans », je pense qu’il a raison.
… quand Edwy attire l’attention sur le danger de « l’essentialisation », terme qui gagne en notoriété, très à la mode, et si je l’entends au sens plus clair de « généralisation rendue essentielle », je partage son avis (quant à ce danger qui a vu naitre les pires idéologies).
La querelle est ancienne et l’animosité vive. À un moment, je me suis attachée aux gestes et aux visages. L’humain possède cette particularité (qui relève de l’empathie) de pouvoir « calibrer ». Autrement dit, en imitant inconsciemment les minuscules stigmates qui naissent sur les visages aux tourments d’émotions fortes, on peut « ressentir ? deviner ? » ce qu’éprouve la personne qu’on observe. Et ma sensibilité, que d’aucuns nommeront à coup sûr « sensiblerie », me murmure qu’à la fin des 28 minutes, ces deux hommes étaient blessés de trop d’attaques personnelles, de saillies tranchantes et de méchancetés inutiles. Le débat n’a rien gagné à cette fin pitoyable, où chacun voulait couvrir la voix de l’autre et c’est l’humanité qui a perdu.