Tous les samedis, je descends en ville pour ravitaillement : bouffe, bibine, clopes, et tout le toutim. La plupart du temps, j’utilise mes gambettes. C’est bon pour les muscles et le gras. Hier j’étais à la bourre, j’ai donc pris le boda, ce taxi-moto symbolique de l’Afrique noire.
J’aurais pas dû ! Jusque-là, sans être rassurée, j’avais réussi à éviter la grosse trouille. Hier j’en ai eu deux pour le prix d’un voyage aller/retour.
En partant, c’est un p’tit jeune qui me charge (je sais ça fait paquet !). Voilà-t-y pas qu’il conduit à tombeau ouvert. C’est que ça va vite, ces petits engins chinois. Le jeune homme s’est payé tous les trous (mes fesses avec), a slalomé entre les bagnoles et les piétons (et mon cœur avec). Quand il m’a enfin déposée, j’ai poussé un gros ouf de soulagement.
Mais le pire fut le retour. Un gentil monsieur (j’avais pris le temps de choisir du coup, évitant le visage frais et jeune) équipé de grosses lunettes se propose gentiment. Je lui explique, dans mon anglais de bovin ibérique, ma destination… il prend le mauvais chemin, celui de la senior-school. Euh ! Moi c’est junior-scool. Et la route pour aller vers la senior est défoncée, avec des trous que c’est plus des trous, c’est des gouffres. Après slalom entre les gensss, c’est slalom entre les trous, dans la boue, la terre rouge, la caillasse. Et pi re après, pour reprendre le bon chemin, re re après que mon chauffeur a compris qu’il se plantait, nous avons emprunté la grande route : celle qui va au Kenya, où les camions déboulent sans trop regarder, chargés comme des ânes. Euh ! Sans casque, à 80 à l’heure… j’ai pas aimé.
Mais comme il était bien gentil le monsieur, absolument désolé, ben j’ai laissé un peu plus que le prix habituel de la course. Me demande si c’est une bonne idée, ça. Des fois qu’il décide de se perdre systématiquement quand il embarque des mzungus… Je sais, je fais du mauvais esprit.
