Elle était là, au pied de ce qui pouvait être un buisson. Nous avons dû nous écarter de la piste pour nous approcher. Les pisteurs se passaient le mot : il y a une lionne.
Nous nous sommes approchés à moins de dix mètres et ça n’a pas eu l’air de la déranger outre-mesure. Nous sommes restés un bon moment.
Je me suis évadée… la tête dans les nuages. La situation était surréaliste : cette grosse chatte tranquille qui ne jetait même pas un regard semblait digérer ou se reposer. Pas maigrelette.
J’ai eu l’impression d’être dans un scénario, de voir une scène préparée à l’avance. Chaque matin, le metteur en scène viendrait poser l’animal, repus, ventru et dodu. Et chaque soit il le récupérerait après que la dernière bagnole ait repris la piste.
C’était d’un calme absolu. Nous n’osions à peine parler, nous chuchotions.
J’étais plutôt contente qu’il n’y ait pas de grand mâle, cette espèce de faignant qui envoie sa femelle au turbin pendant que sa crinière prend le vent. On l’appelle le roi ? Ben ça alors ! Elle se tape le boulot et il récolte le titre. Rien de nouveau sous le soleil.
C’est un peu comme dans le monde des humains, il y en a qui triment et d’autres qui ramassent l’exquis cuissot.