Forcément, ces deux-là, je ne pouvais pas les rater. L’irréfléchi, en kiswahili Pumbaa, et le brutal, Kikatili. Deux bestioles que l’on croise à chaque lacet de piste. Ils vont en groupe, avec d’autres espèces que les leurs, et sont souvent entourés d’oiseaux, eux-mêmes se nourrissant d’insectes parasites. Bref, de la symbiose !
Ça m’a rappelé quelque chose… comme qui dirait la société des humains : l’irréfléchi et le brutal.
D’ailleurs, quand ils m’ont vue, ils se sont drôlement foutus de ma tronche : moi, le sourire niais et l’œil qui frise, ravie de ce jour de découverte d’un monde inconnu. Eux : « Qu’est-ce qu’elle a la vieille, représentations en bandoulière, idéalisme à la ceinture et paumitude en guise de semelles ? ».
Représentation ! Ah ! Ah ! Ah ! Le mot qui tue, asséné comme une insulte en permanence… Mais c’est com-pli-qué une représentation. Si on pouvait la déduire d’une seule phrase, ça se saurait. Y aurait pas des tas de gens savants, Durkheim, Jodelet ou Abric qui auraient passé des années sur le sujet sans l’épuiser. Et j’sais de quoi j’cause, j’ai le nez dedans jusqu’aux sinus en ce moment…
Mais revenons à mes deux olibrius.
Ils m’ont murmuré une petite musique bien aigrelette… Je la rapporte, mais faut pas me disputer, hein ! C’est pas moi, c’est eux ! J’utilise l’excuse désormais consacrée : l’externalité.
Et voilà ce qu’ils m’ont balancé, les deux bestiaux :
« Arrêtez de vous caguer dessus ! Arrêtez ces curieux détours où l’égocentriste oblatif vous crée des chaines, où une perversion incompréhensible vous noie en culpabilité, et qui vous mènent à vous conchier du matin au soir comme les plus vilains des vilains de la terre. La France est un pays génial, avec de la créativité, de la culture, de la philosophie, de la science, de l’énergie, de l’innovation, de l’ingéniosité, de la polyvalence, de l’astuce, de la recherche, de l’humour, de l’autodérision, de l’autocritique, de la tolérance, de la bienveillance, etc… etc… Trouvez un nouveau chemin…La France des Leds ?, qui, comme son nom l’indique, éclairerait un petit coin du monde ? »
Ben voui, c’est moi qui traduis, je dis comme je veux.
« Et qui donnerait des leçons, mais pas des leçons en mots, des leçons de mise en mot des maux, des leçons d’actes.
L’autocritique, le doute c’est plutôt signe de bonne santé… mais là, votre pays se raconte des conneries en permanence, parce que ledit pays éprouve un plaisir masochiste à renifler ses propres excréments qu’il étale dans les médias. Et que ce pays, au lieu de remettre les choses à leur juste place, quand on l’attaque, quand on lui chie dessus, il en tartine encore une couche. ».
Euh ! Faut que je réfléchisse à tout ça… est-ce que la magie de l’Afrique ne serait pas, aussi, d’apprendre que la France, c’est pas si mal ?