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Billet de blog 27 mai 2015

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Tarentaize-Beaubrun à Saint-Etienne

Photo parue dans le journal « Le Monde » J’ai toujours beaucoup aimé ce quartier, qui a servi assez récemment de catalyseur d’identité, parce que pris pour emblématique de la ville lors de la parution d’un article du Monde. Plus jeune, je venais m’y promener, il a un côté exotique, ce quartier !

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Illustration 1

Photo parue dans le journal « Le Monde »

J’ai toujours beaucoup aimé ce quartier, qui a servi assez récemment de catalyseur d’identité, parce que pris pour emblématique de la ville lors de la parution d’un article du Monde. Plus jeune, je venais m’y promener, il a un côté exotique, ce quartier !

Vint le jour où j’ai eu envie de m’y installer… Ben voui ! Pourquoi pas ? Pas de sous et c’est le quartier le moins cher de la ville : 299 euros par mois charges comprises, pour un 56 m² plus 18 m² de grenier. Bon, d’accord, au 4ème sans ascenseur. J’y suis restée 18 mois. Je l’ai quitté pour venir en Ouganda… c’est donc récent. Le nom de ma rue ? « Rue de la Franche-Amitié », ça ne s’invente pas et c’est le plus beau nom de rue que je connais.

Illustration 2

Rue de la Franche-Amitié

Saint-Etienne est une jolie ville, n’en déplaise à ceux qui pensent que le petit peuple stéphanois cogite en noir pour la mine et en vert pour le ballon rond. Concernant le problème de pauvreté à Sainté (comme on dit)… il est réel. Je trouve qu’Yves Faucoup, blogueur de Médiapart, en a parlé avec beaucoup de nuances mais aussi de lucidité : c’est là.

Un autre article de presse parle de ce quartier et donne la parole à une habitante. Certes, il date un peu cet article, mais j’aurais pu prononcer les mêmes mots… C’est là.

Sinon, le quartier n’est pas si vilain… Il y a l’église Saint-Barbe qui domine, altière sur sa colline : La Colline des Pères…

Illustration 3

Église Sainte-Barbe

Il y a l’ancienne école des Beaux-Arts, quasiment abandonnée, qui abrite encore une galerie servant de lieu d’accueil d’expositions. Elle surplombe un jardin qui mériterait d’être remis en état et protégé : dealers, alcolos et balades de pitbulls. Il ne fait pas bon y trainer la nuit. Et je sais de quoi j’cause, j’ai travaillé de 2001 à 2008 dans les locaux de l’école.

Illustration 4

Ancienne école des beaux-arts

Plus bas, perpendiculaire à la rue de la Franche-Amitié, il y a la rue Beaubrun, qui a donné son nom au quartier. C’est là que de petites boutiques orientales sont ouvertes jusque tard dans la nuit. L’épicerie de l’Oranaise ! Ah ! On peut y acheter, certes à prix d’or, un calendos et une bouteille de rouge à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Il suffit de sonner. C’est l’adresse connue de tous les chauffeurs de taxi, les fêtards en goguette allant s’y pourvoir en sky quand ils sont à sec. C’est dans cette rue que se trouve l’église Saint-Ennemond… juste en face de la salle de prière.

Illustration 5

Église Saint-Ennemond

Au début du quartier, deux édifices qui font la fierté des stéphanois : La Grande Église, minuscule où se donnent parfois des concerts…

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Illustration 7

Grande Église

Et la Maison dite « François Premier », seul bâtiment classé de la ville. C’est bien dommage d’ailleurs. Il y a, à Sainté, un parc classique de style haussmannien assez intéressant et un patrimoine datant des années 70 tout à fait remarquable. Ma photo de la Maison date un peu (2008), sa restauration est terminée, je crois (mes infos commencent à être vieillottes, je suis partie depuis plus de 7 mois maintenant). Pour en savoir plus sur cet édifice, c’est là.

Illustration 8

Maison François Premier

L’église et la maison ouvrent sur une petite place ma foi fort sympathique, où subsiste un crémier qui vend des crottins de Chavignol et un petit Viognier d’Ardèche à manger et à boire sur la tête d’un pouilleux. Il doit être là depuis longtemps, il est proche de l’âge de raccrocher, m’est avis. Et s’il raccroche, je prends le pari qu’il y aura un kébab à la place, il n’y a plus que ça dans le quartier… Et aussi un restau japonais assez sympa.

Illustration 9

Place Boivin

P’tite présentation du quartier finite ! Quartier certes pauvre, vétuste, avec des habitations insalubres, mais vivant et somme toute bien pratique. On  trouve de tout.


Tout ça pour en arriver à la question cruciale : comment j’y ai vécu ? Et bien avec des hauts et des bas. Chacun, chacune y va, en ce moment, de son expérience et de son vécu, pour expliquer ses positionnements idéologiques sur la question de la laïcité, alors pourquoi pas moi ?

Avant de m’y installer, je tenais mordicus qu’il fallait autoriser le voile à peu près de partout. J’ai changé d’avis. Avant de m’y installer, je tenais mordicus que les pauv’gens étaient stigmatisés à cause de leur nom, j’ai changé d’avis. Tout le monde stigmatise tout le monde. Et je vais pas commencer à parler de l’œuf et de la poule.

Se faire insulter par des gosses de 12 ans en petite bande, à une heure où ils devraient être chez eux, ça fait suer. Surtout parce qu’on est une gaouria et qu’on ne porte pas de voile. Forcément, j’habitais à deux pas de la salle de prière. Voir toutes ces bonnes femmes faire maison-épicerie, épicerie-maison, tandis que leur mec était au café de la place, ouai, ça fait suer. Apprendre qu’il y a un pseudo imam, dans le coin, qui marie des hommes pour une nuit avec des femmes, afin de faire du sexe halal, ouai ça fait suer, et en plus j’appelle ça du proxénétisme. Ne pas pouvoir dormir avant 3 heures du matin pendant ramadan et quand on dit quelque chose, on vous fait remarquer que si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à quitter le quartier, ouai ça fait suer.

Je vais être claire. Un musulman pour moi n’est pas un arabe ou un maghrébin, c’est une personne de confession musulmane. Tout pareil pour les juifs et les cathos. Et un humain est un humain, je me fiche qu’il soit français ou de pétaouchnoque. Il y a juste des immigrés, et quand c’est le cas, des immigrés avec carte de séjour et des immigrés clandestins, ce n’est pas ma question aujourd’hui.

Mais le plus drôle, parce que ce quartier étant pauvre avec des maisons vides, c’est qu’avant que je le quitte, des familles de Rroms se sont installées. Ben qu’est-ce que j’ai pas entendu dans les commerces : ils sont sales, ils font du bruit, c’est des voleurs, leurs gosses sont mal élevés, ils font la manche. Il y a même eu une pétition qui a tourné pour demander à ce qu’ils soient virés. Ah ! Elle est belle la solidarité dans les « quartiers populaires » !

Donc, le vivre-ensemble, je veux bien. Mais tout le monde fait un effort. Ras le bol des religions. Parce que pendant je papote, je me souviens aussi d’un débat qui a failli devenir houleux, dans le cadre de mon master, où des étudiants, très catho, tenaient que Dieu avait donné des dons à des peuples… et scientifiquement, ça ne tient pas debout. Et une copine qui vit à Villeurbanne a eu sa minuterie volumétrique déglinguée par les juifs habitant son immeuble sous prétexte que ça leur pourrit leur shabbat. Ouai, on en est là. Le vivre-ensemble, c’est aussi pour les agnostiques comme moi ou les athées. Non mais ! Et les religions tentent de bouleverser nos horizons, elles font de l’entrisme politique. J’entends bien que certaines personnes font des vrais choix spirituels, je ne le conteste pas. Je comprends parfaitement que leur foi est bafouée quelquefois et j’en suis triste pour elles. Mais on ne va pas foutre en l’air nos institutions pour ces personnes, parce qu’elles ne sont pas la majorité. Jusqu’à preuve du contraire, ce qui fait l’immense majorité des croyants, c’est la famille dans laquelle ils naissent. Et à 6 mois, 3 ans ou 7 ans, on ne leur demande pas leur avis afin qu’ils choisissent leur Dieu.

Alors, on peut faire pleurer Jeannette dans les chaumières sur les vilains français qui malmènent les autres, ce n’est pas vrai. Tout le monde malmène tout le monde. Les communautarismes font de l’escalade. Je ne suis pas contre les communautarismes si dans la tête des membres de la communauté, ladite communauté passe après l’application de la loi française. Pour moi, en ce moment, la vie dans la cité devrait travailler deux axes d’amélioration : l’éducation et son ascenseur qui a touché le fond et la lutte contre la précarité économique. Je gage que ça résoudrait une bonne partie des conflits de société.

Et, pour finir, sur ce sujet, voilà l’image de la France que j’ai, vue d’Ouganda, quand je lis tous les débats autour des religions…

Illustration 10

Jeune Vierge Autosodomisée Par Les Cornes De Sa Propre Chasteté - Dali


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