11 juillet, France Info, les Informés du matin réunissent une nouvelle fois une brochette de copains en idéologie. Tout d'abord les invitants : Renaud Dély qui écrit aussi des livres aux titres accrocheurs comme Sarkozy et les femmes, Hollande et ses deux femmes, ou encore Les Macron du Touquet. "De la fiction romancée vite écrite, vite publiée, vite oubliée" disent les mauvaises langues (Renaud Dély, mètre-étalon du politiquement correct. Portrait | Ojim.fr). Directeur adjoint de Marianne, le 20 janvier 2009 il affirme : "Le pouvoir détenu par une femme aurait plutôt un effet répulsif sur ma libido" (Les journalistes hommes ne séduisent pas les femmes politiques | Slate.fr). En 2012, il écrit : "En sortant de la clandestinité, les musulmans, ont suscité une poussée d’angoisses irrationnelles. Ils étaient tolérés tant qu’on ne les voyait pas" (La Droite brune, Flammarion, 2012, p. 240). Etc, etc. L'autre invitante, Agathe Lambret, elle, ouvre le bal mais ne parle presque jamais. Elle vit en couple avec Benjamin Duhamel, journaliste sur BFM TV , fils de Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste qu’on voit partout sur le PAF et de Patrice Duhamel, journaliste, lui-même frère d'Alain Duhamel, éditorialiste : on va s'arrêter là, il y a bien des familles de pianistes ou de sportifs. Relais du Medef et des milieux économiques Renaud Dély convoque comme beaucoup d'autres les frayeurs que nous devons ressentir face à une réalité économique pour laquelle il ne faudrait pas s'écarter des véritables solutions... libérales, bien sûr : « on parle d’une économie française entrée dans une période de glaciation ». Il rappelle la prévision de croissance de la Banque de France, 0.8 % "ce qui n’est pas beaucoup" et la voix du gouverneur de la grande institution, François Villeroy de Galhau, alimente le « choc d’incertitudes » qui « menace » après la sortie du « choc d’inflation ». « Les chefs d’entreprises que nous interrogeons nous disent leurs inquiétudes sur l’attentisme de leurs clients qui préféreraient épargner plutôt que consommer, sur le report de leurs investissements et sur le gel de leurs embauches ». Renaud Dély rappelle que le blocage politique peut avoir des conséquences sur la vie économique, l’emploi et la mise en œuvre du programme du front populaire « considéré par certains comme assez dépensier et, en tout cas, peu à même, selon les mêmes, de redresser la situation des finances publiques. »
« c’est évident que les milieux économiques ont toujours besoin de cap, d’être rassurés… Oui, en fait, le point d’interrogation c’est le Nouveau Front Populaire, un peu dépensier », renchérira un autre bon soldat de la doxa libérale, Jean-Jérôme Bertolus. Ce qui le frappe, depuis quelques jours, et qu'il n'a "jamais vu autant dans une période politique" c'est que "les agences de notation prennent part au débat, c'est-à-dire que les agences de notation qui ont mis la France sous surveillance, maintenant nous disent : attention, hein, si vous suspendez la réforme des retraites, attention à telle ou telle mesure ». En 2000, Bertolus écrivait Les Média-Maîtres — Qui contrôle l’information (éd. Le Seuil) après avoir écrit avec Renaud de La Baume Les nouveaux maîtres du monde (Belfond, Paris, 1995) ou encore des entretiens en forme d’hagiographie sur le bien triste sire Didier Lallement, ancien préfet de police, au titre évocateur : L'ordre nécessaire (Robert Laffont, 2022). En passant, rappelons qu'à I Télé, il avait accusé la magistrate Claire Thépaut d’être une « ennemie personnelle » de Sarkozy.
Quand les concepteurs, acteurs, manipulateurs, hauts gradés des médias vous font en même temps la leçon sur la dangerosité du contrôle de l'information par les puissants, on touche du doigt ce que les idéologies ont de plus repoussants et effrayants.
Une autre invitée, Carole Barjon, éditorialiste politique, a "une prédilection pour la droite française et est souvent invitée en tant qu’experte dans ce domaine sur des chaînes comme BFM TV dans l’émission 19h Ruth Elkrief ou encore Le Grand journal sur Canal +" (Carole Barjon - La biographie de Carole Barjon avec Gala.fr). Présente quelques jours auparavant sur le plateau de France 24, à trois jours des Législatives, elle y allait de son couplet anti Front Populaire :
"On a clamé hier que la Nupes s’était reformée, le Front Populaire s’était entendu, etc., et puis en fait aujourd’hui on apprend que ça a achoppé sur des points qui ne sont pas mineurs, qui sont effectivement : quel rapport, sur la question Israël... euh..." Gaza, lui souffle-t-on, "le Hamas est-il un mouvement terroriste ou pas, et on se souvient que les députés insoumis avaient qualifié le Hamas de mouvement de résistance, Emmanuel Macron lui-même a dénoncé ce parti comme étant maintenant antisémite, antiparlementariste."
"ce qui n’est pas faux" lui rétorquait son voisin Jean-Marie Colombani, directeur de Slate.fr, qui reçoit les éditorialistes avec Roselyne Febvre, inodore et sans saveur, et personne bien sûr, sur le plateau pour tempérer ou contester toutes ces assertions. Depuis longtemps, plus aucun d’entre eux ne rappellent sur quoi ils fondent beaucoup de leurs diatribes à l’encontre de la personne du leader de LFI, il leur suffit de réciter leurs couplets comme autant de mantras magiques et protecteurs.
Comme la quasi-totalité des élites politico-économiques, qu’attendre de Colombani ? Quand il parle des conditions économiques du pays, il fait exactement ce que font les autres clones médiatiques, un tableau avec des indicateurs qui ne représentent en rien le vécu des gens. En 2016, il suggérait ainsi que « le pays, en effet, commence à aller mieux : c’est le FMI de Christine Lagarde qui rehausse sa prévision de croissance (1,5 %) ; c’est l’Insee qui relève le nombre des créations d’emplois dans le secteur marchand (160 000) ; c’est l’OFCE qui note que les entreprises, pour la première fois depuis le début de la crise financière en 2007, "embauchent et investissent en même temps"… Tous des éléments qui ne sont ni mis en valeur ni perçus [c'est moi qui souligne] mais qui pourraient l’être à la faveur d’un changement de climat né d’une fête réussie » (article de CNEWS, 12 juin 2016, La France a besoin de confiance, par Jean-Marie Colombani (cnews.fr).
Changez d'ambiance, et le bien-être que tous ces idiots ne sont pas capables de voir en regardant seulement les chiffres, vous apparaîtra avec éclat, même s'ils répètent année après année, chiffres après chiffres, qu’ils touchent une paie aussi minable que 30 ans après avoir commencé leur boulot, que leur logement est une passoire, que le prix de l’énergie ou de la nourriture devient intolérable.
There is no alternative, écoutez la voix de ceux qui savent, ils sont vos maîtres.