
Jean Jérôme Bertolus, journaliste politique sur I télé, présente la juge d'instruction Claire Thépaut comme une "ennemie personnelle" de Nicolas Sarkozy sans apporter un seul élément permettant de supposer l'existence d'une telle chose ni établir en quoi il pourrait être possible d'invoquer la suspicion légitime.
Le propos de Jean Jérôme Bertolus paraît d'autant plus incohérent que cette suspicion légitime n'est même pas évoquée par Nicolas Sarkozy lui-même et encore moins invoquée contre Claire Thépaut. Il existe une procédure pour cela.
Il est dès lors de mauvaise foi de la part de ce journaliste d'insinuer l'existence d'un défaut d'impartialité dans la procédure si le mis en cause lui-même ne l'invoque pas et, encore plus significatif, n'a jamais demandé le dessaisissement de Claire Thépaut.
Le journaliste ne fonde pas sa critique sur des faits précis pouvant établir une partialité dans la procédure en cours.
En revanche il argumente ses critiques en faisant référence à l'exercice du droit syndical et de la liberté d'expression sur un débat public et d'intérêt général. Une telle argumentation est très équivoque puisqu'elle revient à contester à un magistrat la garantie et le bénéfice de droits fondamentaux garantis par le droit et la jurisprudence. Jean Jérôme Bertolus s'illustre comme le journaliste qui conteste la liberté d'expression !
Il est inquiétant que ce journaliste tire argument de l'engagement syndical de Claire Thépaut pour l'affirmation de l'indépendance de l'autorité judiciaire en France, dont l'affaire qu'il commente illustre toute la pertinence qu'il y a justement à alerter l'opinion sur ce propos, ce qui semble échapper au journaliste malgré de très sérieuses raisons à s'interroger (Nicolas Sarkozy sur le patron de la DCRI : «Il nous est fidèle, lui ?»).
Il y a dès lors, au mieux, une très grande incohérence dans l'argumentation du journaliste, au pire de la mauvaise foi (mise à jour : Jean Jérôme Bertolus : réponse à Gérard Menvusa et démonstration de la mauvasie foi de l'UMP)
Il semble donc, qu'en matière d'attaque personnelle et de partialité, celles-ci ne soient pas à chercher dans le chef de la magistrate mais bien plutôt dans celle du journaliste.
Jean Jérôme Bertolus oublie les attaques personnelles contre les juges d'instruction de Bordeaux instruisant l'affaire Bettancourt (Les juges de l'affaire Bettencourt fatigués des attaques, Sarkozy, son avocat et les "bâtards de Bordeaux", Enquête ouverte sur les propos de Guaino envers le juge, Guaino refuse de répondre à la police, ...).
L'affaire actuelle à l'instruction informe sur des faits illustrant l'instrumentalisation et le détournement de la justice au profit d'intérêts illégaux.
Le fait que Nicolas Sarkozy soit placé en garde à vue n'est en aucun cas une mesure exceptionnelle.
Bien au contraire, c'est une mesure qui permet à l'ancien président d'être défendu par un avocat, ce qu'il a refusé.
Jean Jérôme Bertolus a oublié qu'il a fallu une campagne du Conseil national des Barreaux pour imposer à Nicolas Sarkozy la réforme (Garde à vue: le gouvernement lâche du lest) permettant la présence de l'avocat. La procédure pénale française n'est d'ailleurs toujours pas conforme à la ... Convention européenne des droits de l'Homme (Pas d'accès à tout le dossier pour les gardés à vue, La CEDH condamne le défaut d'accès au dossier judiciaire).
Le fait que son ami Thierry Herzog soit lui-même en garde à vue n'empêche pas Nicolas Sarkozy de désigner un autre avocat pour l'assister, sachant que le Barreau de Paris compte plus de 20 000 avocats. Il ne saurait donc être invoqué de bonne foi qu'il ait été privé de la possibilité d'être assisté par un avocat.
De même pour une éventuelle mise en examen qui garantira à Nicolas Sarkozy un accès au dossier et la possibilité de demander des actes ou d'en contester d'autres, ce qu'une procédure préliminaire ne permet pas.
Cela montre qu'une instruction offre beaucoup plus de garanties au justiciable qu'une enquête diligentée par un procureur et qui reste secrète.
Il est donc heureux pour Nicolas Sarkozy qu'il ait reculé dans son projet de supprimer le juge d'instruction (Nicolas Sarkozy veut supprimer le juge d’instruction), pour les raisons évidentes qu'énonçait à l'époque le Syndicat de la Magistrature et qui profitent aujourd'hui à l'ancien président.
Enfin, dire que c'est du jamais vu qu'un ancien président de la République soit mis en garde à vue montre une certaine méconnaissance de l'histoire de France. Il n'est pas le premier chef d'Etat pousuivi par la justice en France (Louis XVI, Pierre Laval, Philippe Pétain, ...) ; laquelle s'applique également et actuellement à des chefs d'Etat étrangers (Les cinq chefs d'Etat sous la menace d'une convocation).
Il est donc discriminatoire de s'émouvoir à propos de Nicolas Sarkozy, ce qui signifie que la justice n'est autorisée qu'à accabler les chefs d'Etat africains...
Jean Jérôme Bertolus ne devrait pas commenter l'action judiciaire dans sa superficialité et l'affect mais la replacer dans une perspective construite et raisonnée, s'il souhaite apporter une véritable plus-value journalistique à ses auditeurs et assoir la crédibilité de sa chaîne d'information continue.
Jean Jérôme Bertolus et I Télé négligent quelque peu les devoirs de la Charte de Munich. C'est assez gênant, surtout si cela se répète.
Henri Guaino a été renvoyé en correctionnelle pour « outrage à magistrat ».
Jean Jérôme Bertolus a quelques difficultés à appréhender le monde judiciaire. Il a déjà soulevé la rapprobation des avocats : Lettre ouverte du Président Christian Charrière-Bournazel à Jean-Jérôme Bertolus, journaliste sur i>TELE (15 avril 2013). A qui le tour ?
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Aidons Jean Jérôme.
Lectures conseillées à la rédaction d'I Télé :
Nicolas Sarkozy est à son tour placé en garde à vue Par Michel Deléan
Ecoutes : le complot de Sarkozy contre ces «bâtards» de juges Par Fabrice Arfi et Karl Laske
Nicolas Sarkozy sur le patron de la DCRI : «Il nous est fidèle, lui ?» Par Fabrice Arfi
Sarkozy, un homme en bande organisée Par Fabrice Arfi
En finir avec le système Sarkozy et avec l’Etat profond Par François Bonnet
L'affaire Sarkozy ébranle l’institution judiciaire Par Michel Deléan
Ecoutes Sarkozy: la mauvaise polémique de ténors du barreau Par Michel Deléan
50 millions pour Sarkozy : l'accusation de l'ancien chef de l'Etat libyen Par Fabrice Arfi et Karl Laske
Un ambassadeur évoque les financements libyens de Sarkozy Par Fabrice Arfi et Karl Laske
Notre dossier: Sarkozy et l'affaire Bettencourt
Les articles sur le scandale Bettencourt, sur le renvoi en correctionnelle d'Éric Woerth et les manœuvres de l'ex-chef de l'État.
Notre dossier: l'argent libyen de Sarkozy
Depuis notre premier article, en juillet 2011, toutes nos révélations sur le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
I Télé peut les compléter utilement par d'autres lectures :
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S'il existe une difficulté dans la lecture et la compréhension du français :
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