Julien Bogousslavsky, un neurologue à la renommée mondiale qui avait détourné des fonds tant privés que publics destinés à la recherche pour étancher sa soif de bibliophile et agrandir ses collections de livres anciens, passe devant ses juges, à Lausanne. L'accusation a d'ores et déjà mentionné qu'elle demanderait une peine avec sursis. Le célèbre médecin ressortira donc libre du tribunal. Il a promis de concentrer sa manie de collectionneur vers des ouvrages moins chers.

L'accumulation d'objet et leur organisation en collection pourrait pourquoi pas faire l'objet d'une pathologie psychiatrique. D'ailleurs l'expression "bibliomane" qui désigne selon le Littré celui qui a la passion des livres rares et des belles éditions relève presque de la pathologie: manie vient du grec μανία / maníā qui renvoie aux notions de folie et d'état de fureur. Un collectionneur est également venu témoigner de ses pratiques au cours du procès : «moi-même, je m’intéresse aux contes et notamment à celui du Petit Chaperon rouge. On développe une forme d’addiction. Lorsqu’une pièce convoitée se retrouve sur le marché, il n’est pas toujours facile de se raisonner», avoue-t-il au président.
Pour le psychologue Philippe Jaffé qui s'exprime dans les colonnes du 24heures, le cas du docteur Bogousslavsky se situe entre "le collectionnisme socialement acceptable et même favorable sur ce plan social, car relevant d’un esprit de partage, et la pathologie découlant du syndrome de Diogène. Le procureur l'a jugé dans son prêtoire "mesquin", "roublard" et "indigne" mais s'est montré convaincu de la prise de conscience et du repentir de l'accusé. Rien n'a été évoqué au sujet de sa passion dévorante pour les livres. Julien Bogousslavsky a obtenu une peine avec un sursis. Il sortira donc libre du Tibunal. Libre mais toujours pas guéri.
Guillaume Henchoz