Voilà maintenant un peu plus d'une semaine que nous nous sommes abonnés. Camille et moi consultons journal et club quotidiennement et avons posté quelques articles et billets qui ont trait à nos lectures ainsi qu'à nos intérêts touchant la politique et la société helvétique. La dimension interactive de la plate-forme Mediapart nous convient bien. Les échanges d'internautes autour de sujets d'actualité sont un peu nouveaux pour nous mais nous prenons autant de plaisir à lire les articles qu'à décortiquer les commentaires.
Les papiers (excusez ce terme un brin désuet pour un journal éditionné sur le web...) des journalistes de Mediapart offrent globalement des angles originaux. Ce qui nous convainc le plus, ce sont leur longueur (pas besoin de faire entrer un texte dans une page), ainsi que la boîte noire qui les accompagne régulièrement. La possibilité de cliquer sur l'onglet "prolonger" permettant de trouver une série de liens et de sources contribue à l'excellente qualité journalistique. Quand je lis Mediapart, je ne peux m'empêcher de penser à la rigueur formaliste d'un autre journal, Le Monde Diplomatique. "Rigueur formaliste" ici est un compliment, peut-être faut-il le préciser...
En fait, je suis assez étonné de la qualité syntaxique et orthographique des articles. J'ai pu certes déjà repérer quelques coquilles mais cela ne vaut guère plus que ce qu'on peut trouver dans un journal sérieux de presse écrite. J'exclus de ma critique les textes de l'édition participative ainsi que ceux des blogs (particulièrement les miens...). Les approximations orthographiques et lexicales ne me choquent pas autrement dans ce contexte.
Ma principale critique - car il y en a bien une - est de trouver un journal un peu trop centré sur la France. Naïvement, j'imaginais une édition web un peu plus affranchie de l'ancrage territorial français. Le fait d'être sur internet n'aurait-il pas dû permettre de se détacher un tout petit peu de cet angle ? Mediapart n'est bien sûr pas le Courrier International, mais je dois confesser que je pensais y trouver un peu plus d'informations et de réflexions qui dépassent le cadre strictement français. Un exemple assez saillant me semble résider dans la nature et les angles des articles concernant les Etats généraux de la Presse. Ils font, et c'est normal, la part belle aux événements français. (Etats généraux organisés par le pouvoir en place, contre-feux allumés par Mediapart et RSF, ...). Mais après plus d'une semaine, d'articles, de débats, de commentaires d'internautes, je suis frappé par le fait que la discussion ne parvienne pas à s'émanciper du seul cas français. Le métier de journaliste ne fait-il pas problème dans le reste du monde ? Les rapports de force entre presse et pouvoir s'articulent de manière différentes selon la nature des pouvoirs en place, et selon les pratiques journalistiques. Des éléments de réflexion pourraient peut-être venir de l'extérieur ...
Mais il me semble que ce n'est pas le seul sujet des Etats généraux de la Presse qui suscite cette critique. De manière générale, j'aurais souhaité un peu plus d'information "de fond" sur d'autres pays européens et sous d'autres angles que la seule dimension politique. On pourrait me rétorquer que les éditions participatives pourraient servir précisemment à cela. Personnellement je ne les considère pas comme des endroits depuis lesquels on vient combler les manques du canard. Au contraire, elles sont une sorte de "bonus", un espace interactif où quiconque peut échanger, partager de l'information et des idées. Mais elles ne répondent pas aux mêmes critères de qualité et d'éthique que les articles de l'édition payante.
Au final, je me demande si Mediapart n'a pas intérêt à se tourner un peu plus vers un public francophone ou voire même francophile (je pense notamment à un certain Robert Mcliam Wilson, écrivain irlandais, abonné et détenteur d'un blog détonnant qui mérite le détour...) à défaut d'être français. En formulant ceci, j'ai bien conscience de prêcher pour ma paroisse...
Voilà un peu brouillonnes et dans le désordre, les pensées mediapartiennes qui m'animent en ce vendredi fort pluvieux, venteux et frisquet sur les rives du Léman. A noter encore, ces propos ne sont que le fruit d'élucubrations personnelles. Eminemment subjectifs, ils ne font peut-être pas le poids devant une batterie d'arguments recensant par exemple le nombre d'articles sur la France par rapport à ceux concernant d'autres sujets. De plus, ils ne concernent évidemment que la seconde moitié de l'entité qui anime ce blog puis que Camille n'est pas là : elle a piscine ce matin.
Guillaume Henchoz