Alors que les petites têtes blondes des pays européens reprennent le sentier de l'école, il est intéressant de constater qu'en matière de grippe porcine, aucun pouvoir politique ne semble consulter ses voisins. Exemple des cantons romands et de la France.
C'est le feuilleton de l'été, la grippe porcine. Tantôt, on nous la promet sévère, tantôt on la pronostique bénigne. Selon certains analystes, le gros du pic est derrière nous. Selon d'autres, le pire est à venir en Europe. Difficile de se prononcer. Comme souvent, le citoyen est inondé d'informations et ne sait pas vraiment à quel saint se vouer. Faut acheter des masques ? Se procurer (en douce s'il le faut) du Tamiflu ? Cette grippe tue, certes, mais tue-t-elle plus qu'une autre grippe toutes proportions gardées ? En consultant journaux et sites d'infrmation, on trouve un peu de tout. Comment se forger une opinion alors? En se concentrant sur les sites de références et en se demandant ce que disent l'OMC, la France et le Canton de Vaud ? Pas vraiment, ils ne semblent pas jouer la même partition.
L'OMC a rapidement tiré la sonnette d'alarme. Ce n'est pas tant la virulence que la vitesse de propagation qui semble inquiéter l'Organisation : "La pandémie de grippe 2009 s’est propagée dans le monde entier plus vite que jamais. Lors de pandémies antérieures, il avait fallu aux virus grippaux plus de six mois pour se propager aussi largement que le nouveau virus H1N1 ne l’a fait en moins de six semaines". L'OMC semble en fait pratiquer une forme de catastrophisme éclairé : sans pousser le bouchon trop loin, on pourrait presque penser que le virus H1N1 fait figure de test pour l'Organisation. Après tout, mondialisation aidant, l'OMC sera amenée à gérer d'autres crises de la sorte. Les virus et la circulation des maladies profitent aussi de la globalisation: ils voyagent et se propagent plus vite.
La France prépare sa rentrée scolaire dans une certaine frénésie. Va-t-on ouvrir tous les collèges ? Rien n'est moins sûr. En cas de fermeture des écoles, des systèmes d'occupation par cours à domicile sont prévus comme l'explique cet article de Médiapart: "Pour «assurer un lien pédagogique»avec les élèves, le Centre national de documentation pédagogique (CNDP) a préparé des cours dans toutes les disciplines, du primaire au lycée, qui seraient diffusés sur France 5 et France Culture". Voilà qui devrait un peu rebouster les chaînes culturelles françaises... Ces mesures font toutefois l'objet de critiques et se retrouvent au centre d'un débat intéressant : selon l'ancien recteur Alain Bouvier les cours par correspondance feraient surtout ressortir les inégalités sociales et culturelles que l'école s'efforcent de gommer. Un fossé se creusera rapidement entre les élèves qui pourront se faire aider et les autres, affirme-t-il dans les colonnes du Monde. Qu'on se rassure, la fermeture des établissements scolaires n'est qu'une option envisagée parmi d'autres en cas de développement de la pandémie. Cela reste un scénario, certes envisageable pas qui ne s'appliquera pas automatiquement dès la rentrée.
Cette manière de communiquer tranche avec celle des différentes autorités cantonales de Suisse romande. La ministre jurassienne de la Formation n'y a consacré que deux minutes en fin d'allocution. Dans le Canton de Vaud, Anne Catherine Lyon, à la tête du DFJ (département de la formation de la jeunesse), na pas évoqué du tout le problème lors de sa conférence de presse concernant la rentrée. On pourrait voir dans cette attitude une certaine forme de stoïcisme tout helvétique. "Le chien aboie et la caravanne passe", ou en suisse romand, "laissons dire et faisons bien". Il faut toutefois vivre à l'intérieur de ce petit pays pour comprendre que cela relève plus de la politique de l'autruche que de la maitrise et du sang froid. Enfin...nous pouvons au moins nous vanter d'être la seule démocratie au monde qui ne surinforme pas ses citoyens. Mais heureusement...nos voisins le font pour nous...
Guillaume Henchoz