Un nouveau magazine vient de faire son entrée sur le marché des médias culturels. Books se propose d’analyser l’actualité en articulant ses articles autour d’ouvrages de tous genres, Sciences humaines ou sociales, Economie, Littérature, Grands reportages, Politique. Tous les champs de la connaissance sont susceptibles d’être touchés par Books. Premiers regards sur une publication à suivre.
Je dois dire que j’ai été plutôt méfiant quand j’ai ouvert ce premier numéro disponible dans tous les points presse. Je connaissais déjà plusieurs magazines portant sur les livres et la littérature et je lis régulièrement les suppléments littéraires de journaux francophones. Books paraissait presque trop beau pour être vrai. En le feuilletant rapidement je suis resté assez effaré par la diversité de contenu des articles. Cette diversité m’a semblé en fait un peu suspecte : les accroches placées en première page m’ont paru trop larges et disparates pour couvrir sérieusement les sujets que les titres annonçaient. Sur la première page semble plutôt alléchant : on y apprend qu’on trouvera un article sur Claude Lévi-Strauss, un dossier sur la crise économique, une chronique sur la Corée du Nord, un papier sur le « pouvoir ensorcelant de la musique » et une interview concernant le projet de bibliothèque numérique de Google. Une kyrielle de sujets certes intéressants mais le tout me semblait trop relever du pot-pourri. La lecture des articles m’a toutefois rassuré. Longs, précis, bien anglés, ils sont presque tous révélés à la hauteur de mes exigences.
Alors bon outil de vulgarisation, Books ? Certainement. Toutefois quelques choix éditoriaux suscitent de légères crispations. Les textes courts sont anonymes même si les membres de la rédactions sont mentionnés dans un coin du site internet. Pour le reste, c’est à dire les articles de fonds se développant sur plusieurs pages, il s’agit surtout de papiers sortis dans d’autres revues (pardon, je veux dire magazines…) tels la New York Review of Books, le New York Times ou la Rivista dei libri . Le format et le concept font penser au Courrier international. Cet air de famille se justifie dans la mesure où le fondateur de Books n’est autre qu’Olivier Postel-Vinay , ancien rédacteur en chef du canard sus-nommé. La majorité des ouvrages recensés sont anglais ou américains, ce qui me fait penser que Books est vraiment dans l’air du temps… mais ne hume pas tellement en amont les tendances littéraires, politiques et sociales du monde. Son nom accrocheur et anglicisé, assumé par sa rédaction, « nous cherchions un titre simple, efficace, qui sonne international. » (p. 4 du no 1), semble aller dans ce sens. Books est un nouveau produit sur le marché culturel qui devrait plutôt bien marcher : support papier, site internet attrayant. Le magazine ne s’adresse pas particulièrement aux universitaires mais flatte plutôt le côté intellectuel de lecteurs vaguement cultivés sans les assommer de notes de bas de page (cela ferait trop « revue » et pas assez « magazine »). Et cela marche. J’achèterai le prochain numéro sans hésiter...ne serait-ce que pour le critiquer !
Guillaume Henchoz