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Billet de blog 27 novembre 2008

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UBS : L'ancien patron de la plus importante banque suisse passe à la caisse

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En Suisse, la médiatisation de la crise financière passe principalement par la mise au pilori de Marcel Ospel, l’ancien président de la plus importante banque helvétique, l’UBS. Sa récente décision de rétrocéder une bonne partie de ses indemnités de départ fait l’objet d’analyses contrastées.

" Faut-il pendre Marcel Ospel ? " titrait Le Matin du 31 octobre 2008. Le ton est donné par le plus lu des journaux quotidiens payants de Suisse romande. Marcel Ospel, ancien président de l’Union des Banques Suisses (UBS) n’a jamais vraiment eu la sympathie du citoyen lambda. Il est plutôt perçu comme un homme de la finance altier et distant dans ses costumes élégants aux nœuds papillon sophistiqués. La faillite de la défunte Swissair lui est largement imputée : c’est le mutisme et l’attentisme de la banque dont il était à la tête qui a précipité la chute de la compagnie aérienne helvétique. Libéral convaincu, il a été l’un des principaux acteurs du laisser-faire au moment de l’éclatement de la crise des subprimes. Les actionnaires l’ont remercié en avril 2008.

La crise financière en Suisse

La Suisse ne possède pas d’industrie automobile et les citoyens helvétiques ne contractent pas de prêts afin d’acheter quatre murs et un toit. La crise financière a en fait principalement et directement touché les banques et les fonds de placement. Les médias ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont désigné non sans raisons les banquiers et autres hauts cadres financiers comme les principaux bouc-émissaires. Dans la ligne de mire de la critique, les parachutes dorés que s’offrent ces nantis en cas de remerciement par des actionnaires mécontents de la marche de leur affaire. Comment justifier ces indemnités de départ (souvent confondues avec les boni) lorsque les indicateurs sont au rouge et que les banques perdent de l’argent ? Quels sont les montants dont il est question ?

Des chiffres et des chiffres

Difficile d’estimer les sommes des salaires, indemnités et parachutes de nos as de la finance. Le Temps du 26 novembre estime toutefois que Marcel Ospel a dû toucher personnellement en cinq ans près de 90 millions de francs suisses (60 millions d'euros), notamment sous la forme d’actions. Son salaire annuel pour 2007 est estimé à 2,6 millions de francs alors que l’UBS réalisait une perte de 4,4 milliards. Le montant global de la restitution des indemnités des hauts cadres de l’UBS se monte à 33 millions. Une véritable goutte d'eau dans l’océan de la finance quand on sait que le montant global des boni et autres indemnités se monte à près de 800 millions de francs entre 2004 et 2007.

Retour de parachute

La pression médiatique et sociale semble progressivement l’emporter : Marcel Ospel vient d’annoncer qu’il s’apprêtait à rendre près de 22 millions à son ancien employeur. Il prétend ainsi se ranger " à la réalité de la situation présente " (ATS, 25 novembre 2008), un euphémisme élégant pour désigner la déroute d’une banque qui est, à l’heure actuelle, largement tributaire des deniers publics. Un ancien patron de la plus grande banque de Suisse qui rend une partie de son parachute : le geste revêt une symbolique forte et pourrait instaurer une sorte de jurisprudence selon Le Temps du 26 novembre 2008. Pour ce dernier, " la prise de risque doit être rémunérée lorsqu’elle porte ses fruits, mais sanctionnée lorsqu’elle échoue ". Précisons peut-être que Le Temps est un journal plutôt orienté vers le centre droit, proche des positions des partis bourgeois spécialement quand il s’agit d’économie. Le geste de Marcel Ospel arrive en fait un peu tard : si le système bancaire perdure, c’est grâce aux prêts consentis par la banque centrale (BNS) aux banques privées de la place helvétique. C’est donc bien l’argent des contribuables qui alimente le fonctionnement de l’UBS et non pas les retours de parachutes de ses hauts cadres. Le Courrier, journal ancré à gauche, se fait amer dans son édition du 26 novembre 2008 : " On aurait attendu de (Marcel Ospel) plus de classe. Et plus de lucidité sur les mécanismes dont il a profité et qui ont démontré leur perversité (…) Certes louable, le geste des Ospel et consorts ne peut être qu’un début. C’est tout le système qu’il faut revoir. Avant qu’il ne soit trop tard ".

Guillaume Henchoz

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