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Billet de blog 12 février 2010

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Identité nationale: le bal des oublieux

Et il faut que ce soit un Belge, un libéral, un homme de droite, que dis-je un Flamand !, qui nous révèle l'inanité crasse du débat sur l'identité nationale! "Il y a quelque chose de pourri en République française..." Guy Verhofstadt est le Persan de Montesquieu, celui qui nous montre la face hideuse de nos peurs. Et s'il était temps de rappeler leurs oublis à nos belles âmes de la presse supposée de gauche qui vont à la soupe gouvernementale comme on va à Canossa, voire à Munich?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et il faut que ce soit un Belge, un libéral, un homme de droite, que dis-je un Flamand !, qui nous révèle l'inanité crasse du débat sur l'identité nationale! "Il y a quelque chose de pourri en République française..." Guy Verhofstadt est le Persan de Montesquieu, celui qui nous montre la face hideuse de nos peurs. Et s'il était temps de rappeler leurs oublis à nos belles âmes de la presse supposée de gauche qui vont à la soupe gouvernementale comme on va à Canossa, voire à Munich?

Rappelons en trois points les hauts faits de ces éditorialistes qui ont si tôt fait d'oublier l'espérance universaliste portée par la République.

C'est Laurent Joffrin, directeur de Libération, fin octobre, qui, sous un titre complice ("Il y a aussi du rouge dans le drapeau tricolore") cite Ernest Renan et parle de débat "légitime": "Il est passé le temps où un soixante-huitardisme mal compris faisait de la nation, vocable projeté sur la scène de l’histoire à Valmy, un mot plus ou moins obscène. Ce qui est national n’est pas nécessairement louche, intolérant ou vichyste." La suite des débats s'est chargé de lui montrer que le soupçon était fondé et qu'on ne remue pas impunément la boue dont est couverte la bête.

Il s'en apercevra, citant Barrès, pour conseiller au gouvernement, dans un spectaculaire salto, de "suspendre": "Les républicains s’abstenant de se rendre dans les préfectures, le débat n’en est plus un, changé en exercice purement formel ou, bien pire, en exutoire nauséabond." Ah, belle âme que ce journaliste-là! Il faudra qu'un homme de droite lui remette les idées en place. C'est Dominique de Villepin, quelques jours plus tard, qui tranche, magistral: "un mauvais débat, ça ne ne se suspend pas, ça s'arrête."

C'est Jean Daniel, conscience du Nouvel Observateur, qui "n'arrive pas à trouver le débat malsain" et qui ne se voit pas "abandonner un débat que [son] journal préconise depuis des lustres, sous prétexte que Monsieur Sarkozy trouve de bonne guerre de s'en mêler". "Il y a bien eu, en France, poursuit-il dans cet éditorial du 9 décelbre 2009, un vertige identitaire avec la fin de l'empire colonial, la constitution de l'Europe, la guerre froide, le déclin du général de Gaulle et Mai 68. On avait besoin de faire le bilan."

Il faudra que ce soient des hommes de droite, des gaullistes, qui le recadrent. Alain Juppé, dans Le Parisien, qui rappelle que "la question 'qu'est-ce qu'être français ?' ne se pose pas vraiment. Je crois qu'on élude la vraie question qui est de savoir si la France reste fidèle à sa tradition d'accueil ou pas." Ou François Baroin, dans Le Monde, qui souligne l'évidence: "La nation dans sa globalité n'a pas de problème d'identité."

C'est Eric Fottorino, directeur du Monde, qui s'enthousiasmdans un (rare) éditorial du 7 novembre 2009 sous un titre on ne peut plus explicite: "Débattons". Que pouvait-il dire d'autre, pauvre homme, alors que son journal était coorganisateur du premier débat public, à l'Institut Montaigne? Mais le dire avec tant d'insistance! Je le cite: "La France doit se poser, se reposer la question de son identité nationale."

Et l'on apprend aujourd'hui, en lisant la presse belge, pas les gauchistes, La Libre Belgique que la tribune de l'ancien premier ministre belge dormait depuis Noël dans les tiroirs du journal de M. Fottorino.

Il aura donc fallu que le vent tourne pour que les vestes l'imitent.

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