Le week-end dernier, deux matchs de la coupe d'Europe de rugby opposaient des équipes françaises. Les deux se sont jouées «à domicile» en Espagne. Biarritz a reçu Toulouse à Saint-Sébastien (40 km) et Perpignan affronté Toulon à Barcelone (200 km). Mais sutout les deux ont fait stade plein: 32.000 places à Anoeta (Saint-Sébastien) dont 7.000 pour les Toulousains, et 54.000 à Montjuïc (Barcelone) dont 6.500 pour les Toulonnais.
Comment expliquer cet engouement soudain pour le rugby dans une Espagne qui pointe péniblement à la 23e place au niveau mondial, 11e en Europe et qui compte tout au plus 9.500 licenciés adultes? Comment sinon penser qu'on ne parle plus de rugby mais d'identité catalane d'un côté, basque de l'autre?
Est-ce le FC Barcelone qui essaie de se développer au-delà du football? Si c'était le cas, le club n'irait certainement pas chercher l'USAP. Il est bien plus simple d'aller débaucher quelques sud-africains survitaminés et un ou deux All Blacks pour répéter en rugby ce qu'ils ont fait pour le football: le Barça dispose d'un budget vingt fois supérieur à celui de l'USAP! Un peu comme si Boeing épousait le leader français du deltaplane pour se lancer à la conquête du marché planétaire de vol en tout genre.
On comprend les raisons objectives de déplacer les matchs dans des stades qui font défaut à Perpignan et à Biarritz: Aimé-Giral comme Aguiléra contiennent moins de 15.000 places. On comprend surtout les ressorts qui sont remués pour «allumer le feu» nationaliste chez les supporters. Le régionalisme, le particularisme à costume folklorique, le cauchemar identitaire. Celui qui, des Corses aux Flamands, des Alsaciens aux Bretons, des Savoyards aux Basques fut toujours choyé par les nationalismes et les fascistes, ce terroir rance si bien exalté par Christian Jacob.