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« Democracy Dies in Darkness » : la devise officielle du Washington Post, dont le patron a opportunément rejoint les soutiens au nouveau président états-unien, a rarement été aussi en phase avec le temps présent. De la crise politique en France, aux guerres aux portes de l’Europe, en passant par le retour de Trump, allié à Musk, à la tête de la plus grande puissance mondiale : le monde dévisse vertigineusement, entraînant dans la tourmente les régimes démocratiques et les contre-pouvoirs judiciaires et médiatiques qui les composent.
Pourtant, Mediapart résiste plus que jamais : les résultats engrangés en 2024 nous permettent, pour la quatorzième année consécutive, d’être rentable, ce qui conforte notre place d’exception dans le monde de la presse, affaibli par les déficits et les dettes.
Nous enregistrons une hausse de 6 % de nos abonné·es en 2024 par rapport à 2023, pour atteindre 233 000 abonné·es fin décembre, soit le niveau le plus élevé de l’histoire de Mediapart.
Sur la même période, notre chiffre d’affaires s’élève à 24,9 millions d’euros, en progression de 11 % d’une année sur l’autre.
Cette source croissante de revenus, presque entièrement alimentée par les abonnements, nous permet d’enregistrer un bénéfice net de 3,3 millions d’euros en 2024, en augmentation de 49 % sur un an, soit le troisième meilleur résultat net de Mediapart depuis 2008.
Au-delà de nos fidèles soutiens, Mediapart intéresse de plus en plus largement. Avec 11 millions de visites par mois, 26 millions de pages vues par mois et 4,4 millions de visiteurs et visiteuses uniques par mois, l’audience du site et de l’application bat des records : + 25 % en 2024 sur un an.
Portées par l’affaire libyenne, nos premières performances en ce début d’année sont prometteuses : le documentaire Personne n’y comprend rien, cristallisation de ce que Mediapart sait faire de mieux en termes d’investissement journalistique (en temps et en argent) et d’impact, a été vu par plus de 150 000 spectateurs et spectatrices, dans de nombreuses salles de cinéma partout en France, y compris dans une multitude de petites villes.
Nous récoltons les fruits de treize ans d’enquête et de détermination. Grâce à l’offre associée à la sortie du film, coïncidant avec l’ouverture d’un procès hors norme sur ce scandale d’État qui implique un ancien chef d’État français, Nicolas Sarkozy, et un dictateur étranger, Mouammar Kadhafi, nous avons convaincu 12 000 personnes supplémentaires de nous rejoindre, ce qui nous permet de dépasser, aujourd’hui, les 245 000 abonné·es.
Cette solidité est le fruit d’une stratégie assumée de faire de Mediapart un journal populaire, accessible à tous et toutes, qui à la fois dérange et rassemble par la force et la qualité de ses informations. Nous en tirons trois leçons.
Tout d’abord, la hausse soutenue du nombre de nos abonné·es, associée à nos fortes audiences, nous indique que nos marges de progression sont grandes. Autrement dit, nous ne rencontrons pas de plafond de verre.
Ensuite, le contexte mondial extrêmement dégradé est porteur pour un journal comme Mediapart : notre lectorat a besoin de clefs pour comprendre et y voir clair. Alors que l’empire de la désinformation ne cesse d’étendre son territoire, le besoin de faits vérifiés, recoupés et documentés se fait de plus en plus pressant, ainsi que la nécessité de trouver du sens et des repères.
C’est enfin notre modèle d’indépendance totale, que l’on doit à la clairvoyance de nos cofondateurs, qui est validé. Journal sans publicité, sans actionnaires milliardaires, sans aides publiques, sans mécènes et sans deals commerciaux avec les Gafam, Mediapart vit exclusivement des abonnements de ses lecteurs et de ses lectrices.
Sans fil à la patte, sans pressions, sans autocensure, l’équipe peut mener à bien sa mission d’intérêt public. En plaçant les puissances politiques et économiques face à leurs responsabilités, en leur demandant de rendre des comptes, nous assumons notre rôle de contre-pouvoir indispensable dans une démocratie digne de ce nom.
Dans un cercle vertueux, la crédibilité de nos informations resserre le lien de confiance avec nos soutiens qui, en retour, nous permettent de rester indépendants de tous les pouvoirs.
Mediapart entend poursuivre en 2025 sa croissance, en convainquant un public toujours plus vaste de s’abonner. Pour cela, nous misons sur le renforcement de nos forces d’enquêtes sur la politique et l’international, le développement de nos contenus vidéo et audio, la mise en place de nouveaux outils pour mieux travailler nos audiences et l’intensification de nos actions à l’égard des jeunes publics.
Dans le même temps, nous continuons de porter une attention toute particulière aux conditions de travail dans l’entreprise, tant nous sommes soucieux et soucieuses de préserver la cohésion de notre collectif. Sans la ténacité de nos cofondateurs, Edwy Plenel, François Bonnet, Laurent Mauduit et Marie-Hélène Smiejan, et sans la combativité de l’équipe, nous n’en serions pas là.
Afin de garantir la pérennité de notre indépendance, et alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, nous nous employons à consolider les réserves financières qui pourraient nous être utiles en cas de catastrophe. La création du Fonds pour une presse libre (FPL), en 2019, nous a permis de sanctuariser notre capital : depuis lors et désormais, cette structure à but non lucratif empêche, par l’intermédiaire de la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (Spim), tout rachat et toute revente de notre entreprise. Après avoir remonté 1 million d’euros dans notre « coffre-fort » en 2023, nous avons profité de nos bons résultats l’année suivante pour y ajouter 2 millions d’euros, soit 60 % de notre bénéfice net.
Lorsque Edwy Plenel a confié les rênes de Mediapart à une nouvelle génération, en mars 2024, nous pensions avoir trois ans, d’ici à 2027, pour nous préparer. L’accélération provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale nous a convaincus que chaque minute était comptée.

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Dans le rapport d’impact – une première dans notre histoire – que vous trouverez sous ce lien, qui détaille la marche de Mediapart et son impact dans la vie publique, vous lirez que nous prenons la mesure de la responsabilité qui est la nôtre à l’égard de nos lectrices et nos lecteurs.
À leurs côtés, nous sommes prêt·es à nous mobiliser sans relâche non seulement pour produire des enquêtes de qualité qu’ils et elles ne trouveront pas ailleurs, mais aussi pour les aider à comprendre le monde tel qu’il est.
Nos informations sont des clefs. Elles permettent, à celles et ceux qui le souhaitent, de s’en saisir, pour dénoncer des injustices, pour modifier leurs pratiques, pour choisir des alternatives. Bref, pour trouver des raisons d’espérer et d’agir.