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Carine Fouteau

Journaliste, présidente et directrice de la publication de Mediapart

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Billet de blog 27 mars 2024

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À nos lectrices et nos lecteurs

Une journaliste indépendante, travaillant notamment pour Mediapart, a été condamnée par la justice en première instance pour des faits qui n’ont rien à voir avec notre journal. Elle est depuis la cible de menaces de mort intolérables. Nos explications.

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Vendredi 22 mars, une de nos pigistes, dont nous taisons le nom pour sa protection, a été condamnée, en première instance, à douze mois d’emprisonnement assortis du sursis, pour des faits remontant à 2016. Le tribunal correctionnel de Paris a jugé qu’en envoyant de l’argent en Syrie pour tenter d’aider à exfiltrer des personnes alors affiliées à l’État islamique, cette journaliste chevronnée avait participé au financement du terrorisme. Notre consœur, qui affirme avoir agi « par humanité » tout en reconnaissant être « sortie du cadre », a décidé de faire appel de ce jugement.

Au regard de la gravité de la qualification des faits condamnés et dans l’attente de la décision de la justice en appel, Mediapart a entamé, dans le respect du droit du travail et de ses délais, une procédure en interne, sur laquelle nous ne pouvons pas faire de commentaire à ce stade. Notre seule boussole est l’intérêt du journal, et la crédibilité de nos informations aux yeux de nos lectrices et de nos lecteurs.

Face aux contre-vérités circulant sur notre pigiste et Mediapart dans certains médias et sur les réseaux sociaux, nous entendons rétablir les faits. Les actes reprochés à notre collaboratrice, qui est une journaliste indépendante travaillant pour de très nombreux médias francophones, n’ont aucun rapport avec Mediapart, ni de près ni de loin. Ils datent de 2016, à un moment où elle était journaliste à RMC.

Nous avons commencé à collaborer avec cette spécialiste du Moyen-Orient et des terrains de guerre, autrice de plusieurs ouvrages de référence, en 2021, sans connaître les faits pour lesquels elle vient d’être condamnée en première instance. En tant que journaliste pour Mediapart, elle n’a jamais franchi la moindre ligne rouge. Sa production dans nos colonnes, qui a respecté toutes les règles déontologiques sous le contrôle de la direction éditoriale, montre l’absence de toute ambiguïté vis-à-vis du terrorisme islamiste et de l’idéologie totalitaire qui l’inspire. Ses articles en sont le témoignage le plus probant.

Nous rappelons la très grande difficulté à travailler, a fortiori comme pigiste, dans des zones de guerre où l’humanité est mise à l’épreuve et où les repères se brouillent. Il faut savoir reconnaître les risques pris par les journalistes dans ces situations périlleuses pour tenter de démêler le vrai du faux contre les propagandes des forces en présence. Dans un communiqué publié ce mercredi 27 mars, l’Association de la presse judiciaire, tout en dénonçant les injures et les menaces dont elle est victime, ainsi qu’une autre journaliste, évoque un dossier judiciaire « complexe » et souligne, qu’ayant interjeté appel, elles restent « présumées innocentes ».

La situation judiciaire de notre consœur ne peut en aucune manière justifier le traitement qu’elle subit sur les réseaux sociaux. Après avoir été victime de harcèlement de la part de Daech, elle est aujourd’hui la cible de menaces de mort – qui ont d’ores et déjà fait l’objet d’un signalement auprès de la procureure de la République de Paris – émanant de la mouvance d’extrême droite. Nous dénonçons avec la plus grande vigueur sa mise en danger. Et lui apportons notre soutien face à cette campagne de haine.