Le Grain et l’ivraie, le dernier film documentaire de Pino Solanas
- 6 avr. 2019
- Par Carlos Schmerkin
- Blog : Le blog de Carlos Schmerkin
Le film commence par une image flagrante: un bulldozer avance à travers un terrain étendu et verdoyant et qui emporte tout ce qui l’entoure. La machine prépare la terre, défait les fourrés, fait disparaître sa densité d'origine. Ainsi, elle démantèle des milliers d'hectares qui serviront à la production intensive de soja, la plante la plus influente du pays. À un autre moment du film, une autre image en amplifie le sens: un avion survole un territoire et jette en un seul passage d'énormes quantités de pesticides. La vitesse définit l'ensemble du processus: semer, fumiger, récolter dans les plus brefs délais. La formidable multiplication des revenus des ses entreprises en est le résultat.
Le but principal du documentaire de Pino Solanas est de montrer les conséquences sociales de la culture intensive du soja transgénique en utilisant des agrotoxiques. Lorsqu’il annonce son titre, il est présenté dès le début comme un voyage dans les régions du pays littéralement rasées par l’exécution du modèle agro-industriel inauguré dans les années 90 et au profit des multinationales, des banques et des propriétaires terriens. Solanas approche les personnes impliquées, les victimes exposées aux défrichements et aux bombardements aveugles de la fumigation, interroge ceux qui ont dû partir, ceux qui sont restés et qui résistent comme ils peuvent, dans la solitude. La tristesse est la réaction unanime. L'impuissance est manifeste et indiscutable.
Divisé en dix chapitres et ponctué par la voix off de Solanas, le documentaire expose le problème sous différents angles. La description détaillée du modèle transgénique et de ses conséquences: usurpation du territoire des communautés autochtones, destruction des sols, inondations, migrations rurales et perte de travail. Les images des enfants malformés à cause des pesticides sont boulevarsantes. Le témoignage d'un enseignant dans une école entourée de champs fumigés est une preuve suffisante et irréfutable de l'infamie. Le film soulignera la responsabilité de la science et de l’État et la dissimulation des médias.
Affiche du film
Macri et les pesticides
Lors d'une conférence de presse ce jeudi 4 avril à la Société rurale de Gualeguaychú, Macri a qualifié "d'irresponsable" un arrêt de la sale III de la Chambre civile et commerciale qui avait déclaré inconstitutionnel un décret du gouverneur de la province d’Entre Rios, Gustavo Bordet autorisant la fumigation à cent mètres des écoles. " Macri avait déclaré que c'était "une loi absurde (sic) qui ne repose sur aucune rigueur scientifique » affirmant également que la décision de la justice d'Entre Ríos "mettait en péril plus de 20% de la capacité agro-industrielle de la production de la province".
L'avocate María Fernández Benetti, membre de « Basta es Basta » et du « Réseau des avocats pour la souveraineté alimentaire (Redasa), a assuré que des études scientifiques locales, nationales et internationales démontraient les dommages causés à la santé des enfants par les agrotoxiques. "Les dommages génétiques chez les enfants des zones rurales sont prouvés. Cela signifie que un enfant peut développer des maladies graves telles que le cancer en quelques années ", a déclaré l'avocate. « Nous avons également démontré la causalité dans une autre étude associant l'application du glyphosate au niveau de la génotoxicité. "
Bref, le président Macri s’oppose à l’instauration d’une interdiction de fumigation à moins de mille mètres des écoles rurales par voie terrestre et trois mille mètres par l’air. En parfait écocidaire, Macri agit en faveur des multinationales agro-industrielles et contre son peuple. Pas pour longtemps, peut-être...
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