Dans leur demande d’audience du 18 octobre, les familles de Français disparus expriment leur profonde inquiétude sur les intentions de certains parlementaires argentins de libérer l’ancien officier de marine Alfredo Astiz, responsable de l’enlèvement et de la mort des religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet. Enlevées et torturées à l’École de Mécanique de la Marine, (ESMA), elles ont été jetées vivantes dans les eaux du Rio de La Plata, comme tant d’autres disparus de la dictature.
Dans leur texte, les familles rapportent la visite de cinq députés du parti présidentiel argentin, « La LibertadAvanza », qui se sont rendus à la prison d’Ezeiza, auprès de Alfredo Astiz et de plusieurs condamnés pour crimes contre l'humanité commis durant la dernière dictature militaire (1976/1983) et ce, au prétexte d'inspecter les conditions carcérales des détenus. En effet, écrivent les signataires, le vrai but de cette visite a été révélé par le porte-parole de la délégation parlementaire, Beltrán Benedit : « Nous ne sommes pas allés visiter des délinquants (...) mais des combattants de la liberté (...), des patriotes, injustement détenus, ils ont été jugés par des juges terroristes. Les charges à leur encontre ont été inventées... ». Suite à cette visite, ces parlementaires se seraient engagés, entre autres, à faire réviser, voire annuler, leurs condamnations et obtenir leur liberté.
Les signataires indiquent également dans leur demande que le 16 mars 1990, la Cour d'Assises de Paris condamna par contumace, Alfredo Astiz à la réclusion criminelle à perpétuité pour la disparition d'Alice et de Léonie. Il faut également rappeler qu'une instruction est en cours en France, relative à la disparition, en Argentine, durant la dictature, de 20 ressortissants français.
Finalement les familles rappellent l’engagement d’Alain Juppé, l’ancien ministre des Affaires Étrangères de l’époque.

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« La France n'oublie pas »
« Nous avons plus que jamais présent dans nos mémoires, cet engagement de l'ancien ministre des Affaires Étrangères, Alain Juppé, lors d'une visite à Buenos Aires, en 1994, au sujet de l’enlèvement et de la disparition des religieuses françaises, un crime encore impuni, à l’époque, en Argentine. Et la France a effectivement soutenu et accompagné les familles jusqu’à la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, prononcée par la justice argentine, en 2011, d’Alfredo Astiz, "L'Ange blond de la mort".
Monsieur le Président, la justice que nous avons réussi à obtenir pour ces crimes ignobles, risque aujourd’hui d’être bafouée. Nous formons, une nouvelle fois, un appel solennel à la France, en votre personne et sollicitons de votre bienveillance, une audience afin qu’il soit rappelé au gouvernement argentin que, aujourd’hui comme hier : La France n’oublie pas. »
Familles signataires
Gabrielle et Annie Domon - soeurs d'Alice Domon
Geneviève Jeanningros (religieuse à Rome – Ostie)- nièce de Léonie Duquet
Rosalía Argüelles, Pablo Daniel Tello Biscayart, Marcelo Tello Biscayart et Rafael Tello Biscayart - famille Tello
Eric et Brigitte Domergue – frères d’Yves Domergue
Michel et Solange Ortiz – mari et belle-soeur de Cecilia Rotemberg.
Ana Jeger – (petite-fille de Maurice Jeger)
Jean Pierre Lhande (président de l'Association des Parents et Amis des Français disparus en Argentine)
Sophie Thonon-Wesfreid, avocat des familles