Le 5 mars, une militante des droits humains et féministe appartenant à l’association HIJOS a été agressée par "deux individus qui l'attendaient à l'intérieur de son domicile, après avoir forcé la porte". L’association rapporte qu'« elle a été attaquée, battue, abusée sexuellement et a reçu des menaces de mort de la part de ses ravisseurs ». "Les agresseurs, entrés illégalement à son domicile, l'ont menacée avec des armes à feu puis lui ont dit clairement : « Nous ne sommes pas venus pour te voler, nous sommes venus pour te tuer, ils nous paient pour ça », précise le communiqué de HIJOS du 20 mars. L’association avait retardé sa déclaration afin de garder leur militante en lieu sûr.

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Dans une interview accordée à El Destape Radio, Agustín Cetrángolo, membre de l'association, a expliqué que leur militante « avait demandé de l'aide lorsqu'elle avait réussi à se détacher" et que "l'association a appris les faits par l’appel d'un médecin qui, arrivé à la maison de la militante, a informé « qu’elle était attachée et bâillonnée et que les pompiers ont du casser la porte pour entrer ».
"Lorsque la camarade a réussi à appeler à l'aide, une personne a décrit les agresseurs", a ajouté Cetrángolo, soulignant que "des renseignements sur la militante avaient déjà été recueillis" et que les agresseurs « avaient volés des documents concernant l’association HIJOS" et que les auteurs avaient peint sur le mur les mots VLLC: Viva la libertad carajo, (Vive la liberté, bordel), le slogan préféré de Javier Milei .
Selon le journal Página 12, les voisins lui ont raconté que, quelques jours auparavant et sous des prétextes différents, des hommes s'étaient renseignés et avaient demandé où elle habitait. Dès qu'elle est entrée, elle a été "saisie par le cou et les bras, l'empêchant de bouger et de parler", comme l'indique le rapport établi par la police le lendemain de l'agression. Ses mains et ses pieds ont été attachés avec du fil de fer. Un morceau de tissu lui a été enfoncé dans la bouche. On lui a ordonné de se coucher sur le dos et lorsqu'elle a refusé, elle a été battue. Les agresseurs l'ont emmenée dans sa chambre, l'ont jetée sur le lit et ont abusé d’elle. Ils l'ont avertie avant de quitter l'appartement : "Maintenant, nous allons partir, si tu cries, nous reviendrons et nous te tirerons une balle", indique le journal.
Le communiqué de HIJOS souligne que l'attaque avait "une corrélation avec les actions et les discours quotidiens de haine" de « La Libertad Avanza », le parti du président Milei, et rend responsable le gouvernement en exigeant l’intervention immédiate de la justice pour enquêter sur la grave agression.
Cette attaque participe de la campagne d’intimidation du gouvernement Milei qui ne cesse de dénigrer les organisations de DDHH, de couper les budgets des centres de Mémoire, de nier le chiffre de 30 000 disparus de la dictature et de revendiquer le rôle de la Junte militaire « contre la subversion » à travers notamment de sa vice présidente Victoria Villaruel. Des rumeurs circulent sur la possibilité de gracier les militaires condamnés et emprisonnés pour crimes contre l’humanité. Une véritable provocation la veille de la commémoration du 48e anniversaire du coup d’État, ce 24 mars 2024, « Journée Nationale de la Mémoire, de la vérité et la Justice », où des centaines de milliers d’argentins remplirons les rues convoqués pour les organisations de DDHH, partis politiques de gauche et tous les syndicats, pour scander « Nunca más », plus jamais ça !
A Paris, la Assemblée de Citoyens Argentins en France (ACAF) appelle à un rassemblement ce dimanche 24 mars à 11h au Jardin des Mères et Grands Mères de la Place de Mai, rue Balard, dans le quinzième arrondissement en commémoration des victimes du coup d'état de 1976. « Cette année nous rendront particulièrement hommage aux 20 français assassinés et portés-disparus en Argentine durant la dictature avec la mise en exposition d'un projet d'installation d'un mur de la mémoire » souligne la déclaration de la association ACAF.
Il serait souhaitable que le gouvernement français prenne position et manifeste sa préoccupation pour la dérive dangereusement négationniste du gouvernement de Javier Milei.

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