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Billet de blog 23 janv. 2023

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« Les Malouines dans le scénario géopolitique actuel »

Séminaire organisé à l’Institut de Hautes Études de l’Amérique Latine le jeudi 2 février, sur les enjeux politiques, économiques et écologiques d’un litige de 190 ans. Une initiative du Groupe de Soutien au Dialogue sur la Question Malvinas*.

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La reconfiguration permanente de l’ordre mondial et les aléas des relations internationales permettent de mettre en lumière la contemporanéité de la question des Îles Malouines, à propos de laquelle la communauté internationale ne cesse de renouveler l’appel au dialogue et à une solution pacifique. Le séminaire permettra d’aborder la question de manière transversale, avec notamment un volet dédié à la démilitarisation et à la protection des océans en mettant l’accent sur la composante environnementale.

Intervenants: Sophie Thonon-Wesfreid (avocate), Sébastien Velut (géographe), Rodrigo San Martín (biologiste et climatologue)

Modérateur: Denis Merklen (directeur de l’IHEAL)

Jeudi 2 février de 17h à 19h au Campus Condorcet, Centre de colloques, Place du Front populaire. Aubervilliers.

Illustration 1
Invitation Séminaire Malouines

Extrait de mon post du 2/04/2022

Le différend entre l’Argentine et le Royaume Uni

Les trois archipels objet de ce différend – incluant les Îles Georgie du Sud, Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants- ont une extension de 16 900 km² dont les Îles Malouines qui comptent 12 000 km2. Du point de vue administratif elles font partie de la province de Terre de Feu, Antarctique et îles de l’Atlantique Sud. La distance la plus courte entre les îles et le continent est de 356 km. Port Stanley, la ville principale est a 13 312 km de Londres. Sa population est estimée à 3500 habitants dont 1371 sont nés sur les îles. Il s’agit d’une population d’origine britannique provenant de celle installée par le Royaume Uni suite à l’occupation en 1833.

La base militaire de « Monte Agradable » compte 1500 militaires, effectif complètement disproportionné par rapport à la population. La présence des bateaux de guerre, avions de combat, des missiles et un sous marin nucléaire d’attaque type Trafalgar vont bien au-delà de la présumée « condition défensive ». Il s’agit de contrôler une zone stratégique, l’Atlantique Sud et la confluence bi-océanique, l’exploitation de ressources telles que la pêche (58 % du PIB des Îles), les hydrocarbures (les Britanniques ont octroyé 34 licences d’exploitation entre 1996 et 2008). Selon l’opérateur Premier Oil, le gisement Sea Lion, découvert en 2010, sera capable de produire 250 millions de barils de pétrole sur 20 ans.

En décembre 1965 l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 2065 par laquelle elle prend acte du différend entre l’Argentine et le Royaume Uni concernant la souveraineté des Îles Malouines et invite les deux gouvernements à poursuivre sans délai les négociations afin de trouver une solution pacifique. Dix autres résolutions ont été adoptées dans le même sens et aucune ne contient des références à la libre détermination. Le referendum malouin de mars 2013 n’a aucun effet du point de vue du droit international car les habitants des îles ne sont pas reconnus comme « un peuple » contrairement aux cas classiques de colonialisme. Le Royaume Uni a occupé les Îles et a expulsé la population et les autorités argentines en implantant ses propres colons.

La position argentine

L’obligation de régler le différend de souveraineté exclusivement par des moyens pacifiques, tout en respectant le mode de vie des habitants des îles, est un mandat constitutionnel et constitue une « politique d’État ». L’Argentine s’est engagée à respecter l’identité et le mode de vie des habitants des « Îles Malouines ». La position argentine réclame le respect de l’intégrité territoriale, tel qu’il apparaît dans les principes établis par la résolution mère du processus de décolonisation en 1960 (1514/XV). Outre les Nations Unies, plusieurs forums reconnaissent le droit de l’Argentine contre les activités unilatérales sur les zones du différend : la OEA, Groupe des 77 et la Chine, le Mercosur, la CELAC, etc.

Le président Alberto Fernández élu en octobre 2019 a attribué une haute priorité à la « Question des Îles Malouines ». Depuis septembre 2021, Guillermo Carmona dirige le « Secrétariat Malvinas, Antarctique et Atlantique Sud », créé en 2013 sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères. 

Dans une interview accordée au journal Los Andes, l'ancien député national (auteur de la loi sur la retraite anticipée pour les ex-combattants de Malvinas) a critiqué la "réticence" britannique à s'asseoir à la table des négociations. Il a également dénoncé les actions unilatérales du Royaume-Uni de pêche et d'exploitation des hydrocarbures ainsi que le processus de militarisation des îles : « Le Royaume-Uni n'agit pas de manière transparente ou de bonne foi dans son processus de militarisation. Cette situation n'est pas nouvelle. Cela s'est déjà produit dans le conflit de l'Atlantique Sud lui-même. Nous avons récemment appris que l'introduction d' armes nucléaires pendant la guerre des Malvinas impliquait la présence de quatre navires avec 31 armes nucléaires d’une énorme puissance destructrice. C'est une militarisation qui se fait en contravention de toutes les normes internationales. Parce que l'Atlantique Sud a été déclaré « zone de paix », exempte d'armes nucléaires par les Nations Unies. Le Traité de Tlatelolco interdit l'introduction d'armes nucléaires en Amérique latine et dans les mers adjacentes ».

Le Secrétaire aux Malouines soutien que le Royaume-Uni a une position à double standard dans les relations internationales. Par exemple, l'intégrité territoriale que le Royaume-Uni revendique pour l'Ukraine a été violée dans le cas de l'Argentine pendant 190 ans ! »

« Contrairement à ce que dit le Royaume-Uni, l'Argentine a une politique de préoccupation pour la situation des insulaires et de recherche de l'intégration de ces habitants dans la communauté nationale argentine. Toute personne née dans les îles Malvinas a le droit d'affirmer son statut d'Argentin en présentant son acte de naissance et en demandant sa carte d'identité nationale. En fait, il y a eu des cas d'insulaires qui ont fait leur document et ont pu avoir une vie sur le continent argentin comme n'importe qui d'autre ».

A la question sur une éventuelle négociation, quelle marge de manœuvre l'Argentine a-t-elle ?

La Constitution nationale établit une limite claire: les Malouines, la Géorgie du Sud, Sandwich du Sud et les espaces maritimes correspondants, sont argentins. C'est la limite de toute négociation. Les conditions et modalités peuvent être négociées. La souveraineté ne se négocie pas. Cela est inscrit dans la Constitution nationale en tant que politique de l'État.

Si un dialogue et des possibilités de négociation étaient ouverts, d’autres conditions pourraient être mises sur la table de discussion comme les expériences des pays comme la Chine concernant Hong Kong, le cas du Panamá concernant le canal ou le cas des pays qui ont réalisé la décolonisation. Dans ces cas, les conditions, les délais, les modalités pourraient être discutés. Ces types d'expériences internationales sont pour nous des références.

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Illustration 2

*Déclaration du Groupe de Soutien au Dialogue sur la Question des Îles Malvinas 

Les Îles Malvinas sont situées à 343 km des côtes argentines, à la hauteur de la Terre de Feu et à 928 km du Pôle Sud. Dépendant durant la colonisation de la Couronne espagnole, elles deviennent, en vertu des lois internationales, partie intégrante de la République argentine lors de Indépendance en 1816.

En 1833, la Couronne britannique en prend possession par la force et n’a depuis, fait que renforcer sa présence, en premier lieu militaire jusqu’à la transformation des îles en base nucléaire mais également en tête de pont d’exploration et d’exploitation des considérables richesses de l’Atlantique Sud ainsi que du Pôle Sud.

Les différents gouvernements argentins n’ont eu de cesse de réaffirmer, devant le Comité de Décolonisation des Nations Unies et autres forums régionaux et internationaux, la souveraineté de la République argentine sur les Îles Malvinas. Si des pourparlers ont été, organisés entre les deux pays afin de mettre en place les différentes modalités possibles d’une restitution des Îles à la République argentine, les négociations, depuis la guerre des Malvinas entreprise en 1982 par la dictature militaire, se sont raréfiées et sont aujourd’hui à l’arrêt.

C’est dans ce cadre qu’ont été créés, à l’échelle internationale, des Groupes de Soutien ayant pour but de favoriser la reprise du dialogue entre les deux pays. Ces groupes sont composés de diverses personnalités de la société civile.

Leur but est de faire en sorte que la République argentine et le Royaume Uni s’assoient de nouveau à la table des négociations et s’entretiennent sur la Question des Îles Malvinas dans le cadre du droit international.

Paris, le 6 octobre 2022

Sophie Thonon-Wesfreid

Secrétaire générale

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