La « Commission pour la mémoire des grèves de 1920-1921 de Río Gallegos » a qualifié l’action de « revanche de ceux qui réhabilitent le génocide survenu en Patagonie ». Dans un communiqué, elle a souligné que la démolition a eu lieu un jour après le 24 mars, dans le cadre de la Journée nationale de la mémoire pour la vérité et la justice, ce qui renforce l’interprétation selon laquelle il s’agit d’un acte de persécution idéologique.
Ce n’est pas un hasard si le gouvernement décide de détruire sa figure à cette date précise », ont déclaré les membres de l’organisation au journal La Opinion Austral.

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L'œuvre du sculpteur Miguel Jerónimo Villalba consistait en un buste en fer de 1,9 mètre de haut sur 2,3 mètres de large, avec le visage et le torse d'Osvaldo Bayer accompagné d’une pancarte : « Bienvenx, vous entrez dans le pays de La Patagonia Rebelde ». L’un des arguments utilisés par ceux qui ont célébré la démolition était le mot « Bienvenidx », en langage inclusif, accompagnant la structure. Pour les secteurs libertariens, c’était une preuve de ce qu’ils considèrent comme une « imposition idéologique dans l’espace public ».
Des fonctionnaires de l'Autorité nationale des routes ont détruit le monument - à l'aide de bulldozers et d'engins de chantier - sous prétexte « qu'il ne disposait pas de l'autorisation correspondante ». « Il n'y a aucune raison de faire ce qu'ils ont fait. C'est une provocation et une négation de notre histoire », a déclaré Pablo Grasso au journal Página/12 le maire de Ríos Gallegos, ajoutant qu'il tenterait d'obtenir du gouvernement que le monument soit rétabli.

La démolition a généré une vague de protestations dans tout le pays et a enflammé le débat sur le rôle de l’État dans la préservation de la mémoire historique et le respect des figures clés de la lutte pour les droits humains. En effet, le gouvernement d’extrême droite continue sans cesse de démanteler les sites de Mémoire et d’attaquer les organisations de défense de droits humains.
Lors de son décès, le 24 décembre 2018, je lui rendais hommage en titrant : L’Argentine pleure Osvaldo Bayer, l’anarchiste de la Patagonia rebelde. Son dernier "geste" de rébellion: mourir la veille de Noël, à 91 ans. Anarcho-pacifiste, socialiste libertaire, Osvaldo Bayer laisse un vide incommensurable. Journaliste, historien, défenseur des droits humains, il s’est investi dans la lutte pour les droits des peuples originaires à récupérer ses terres.
Auteur d’un ouvrage fondamental pour la culture politique argentine: La Patagonia rebelde * (La Patagonie rebelle) et la biographie de « Severino Di Giovanni, l'idéaliste de la violence » (1970), Osvaldo Bayer a dénoncé l'exploitation et la mort des travailleurs ruraux en Patagonie et a montré comment les familles de l’oligarchie et les secteurs dominants les opprimaient . Il a toujours élevé sa voix avec courage et fut porteur d’une éthique qui en font de lui le dernier grand anarchiste argentin du XXe siècle. Les menaces, la persécution et la censure de la Triple A en 1975 l'ont forcé à s'exiler en Allemagne, d'où il a dénoncé le terrorisme d'État pendant la dernière dictature civilo-militaire (1976-1983).