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Billet de blog 27 septembre 2017

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Argentine : une démocratie précarisée ?

Le journaliste politique Roberto Navarro, celui de la meilleure audience en Argentine, vient d’être évincé de la chaîne de télévision C5N, la seule qui propose une vision différente des médias monopolistiques. Mauricio Macri a fait pression sur le patron de la chaîne pour obliger le journaliste à la démission. Finalement Navarro a été viré à cause de ses enquêtes sur la corruption macriste.

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Voici ma traduction de la déclaration de Roberto Navarro publiée aujourd’hui sur le portail Nodal.am

« Aujourd'hui les autorités de la chaine m'ont communiqué mon licenciement. Je sais qu'elles l'ont fait sous la pression du Gouvernement. Cela arrive après un mois de fortes pressions pour que je démissionne. Je compte publier les échanges que j’ai eu via WhatsApp avec Victor Maya, le gérant et ses subordonnés et qui explicitent ses pressions.

Quelques jours après les élections primaires du 13 août, j'ai su d’une source officielle que le Gouvernement avait exigé mon départ au propriétaire de la chaine en suggérant d’obtenir ma démission. Les autorités l’ont tenté de diverses manières en me censurant. Elles m'ont interdit de diffuser une dénonciation à l’encontre de Gladys Gonzalez, N º 2 de la liste de Cambiemos dans la Province de Buenos Aires. Elles m'ont interdit de diffuser un rapport sur le financement de l'élection qui compromet gravement la vice-présidente, Gabriela Michetti. Et des rapports sur le Maire de la ville autonome de Buenos Aires, Rodriguez Larreta ainsi que sur d'autres acteurs importants du Gouvernement. Des investigations que je publierai prochainement dans Eldestapeweb.

On a cherché à me faire partir de la chaine C5N sans payer le prix politique du licenciement et cacher une claire attitude de censure. Ce qui embarrasse le gouvernement ce sont nos enquêtes gênantes :  celle de la privatisation inconstitutionnelle d’Arsat, celle des amis du Président qui ont blanchi des capitaux, ou bien comment certains fonctionnaires et entreprises proches de Macri ont bénéficié des contrats de dollars à terme. D’autres enquêtes que nous avons réalisées ont démasqué le scandale d’achat d’armes aux USA ainsi que le blanchiment de plus de 600 millions du frère du président. J'ai conduit le programme « l'Économie Politique » qui a été le plus regardé parmi les journaux télévisés et gagne d'une manière consécutive depuis trois ans la meilleure audience.

J'ai doublé l'audience de l’émission radio que j'ai héritée il y a un an. Ce qui explique que les problèmes ne sont pas professionnels. Non plus, comme les autorités essaient de camoufler, une bataille avec un fonctionnaire secondaire de la chaîne, qui a seulement été un outil pour provoquer ma démission. C'est la troisième fois qu'un fait similaire arrive depuis que Macri es président. En décembre 2015, la solidarité du public a freiné mon départ. Ils ont recommencé en février 2016 mais ils ont reculé. Dans ces opportunités je n'ai pas perdu mon emploi mais ont installé la perception que je devenais gênant. L'idée consistait à me faire démissionner et montrer une chaîne qui continue d'être critique à partir de 18 heures en se débarrassant d’un journaliste qui avec son équipe, abîmait l'image du Gouvernement.

C'est un changement d'époque et ils veulent aller plus loin. Tout indique que ce que Macri pense faire dans les mois suivants il soit nécessaire la complicité du silence. Nous sommes devant une démocratie précarisée. »

http://www.nodal.am/2017/09/reconocido-periodista-roberto-navarro-denuncia-presiones-del-gobierno-macri-acallar-voz/

La définition de « démocratie précarisée » fut utilisée récemment par le juge Eugenio Zaffaroni, ancien membre de la Cour Suprême de Justice de l’Argentine (2003-2014) et actuel membre de la CIDH (Cour International de Droits de l’Homme). Une définition assez pertinente au regard de la dégradation des libertés publiques et de l’escalade répressive contre les secteurs le plus fragiles de la population.

Le maintien de la dirigeante sociale Milagro Sala en détention domiciliaire sans jugement et cerné par de policiers ainsi que la disparition forcée de Santiago Maldonado depuis le 1er août par la gendarmerie nationale en Patagonie sont les exemples les plus flagrants de la politique néolibérale de l’actuel gouvernement.

Á deux mois de la disparition forcée de Santiago Maldonado, un appel à manifester est lancé par la famille du jeune militant et les organisations de défense des droits humains en Argentine.

Rassemblement à Paris sur le parvis des droits de l’Homme au Trocadéro, ce dimanche 1er octobre de 16h à 18h

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