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Billet de blog 29 janvier 2025

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Argentine : le front antifasciste rend nerveux le président Milei

Une riposte d’envergure aux déclarations haineuses de Javier Milei est organisée le samedi 1er février à Buenos Aires et dans tout le pays.

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Alors que le gouvernement s'efforce de persécuter toutes les personnes avec lesquelles il n'est pas d'accord, le samedi 25 janvier, « l'Assemblée antifasciste et antiraciste LGTBIQ+ » a rassemblé des milliers de personnes dans l'amphithéâtre du parc Lezama à Buenos Aires désavouant les déclarations du président Javier Milei à Davos et appelant à organiser la riposte.

Dans son discours au Forum de Davos en Suisse, le président libertarien a déclaré que « le féminisme, l'égalité, l'idéologie du genre, le changement climatique, l'avortement et l'immigration sont les têtes d'un même monstre, dont le but est de justifier l'avancée de l'État ». Le président s'en est pris aux personnes qui « brandissent le drapeau de la diversité sexuelle » et a accusé les propagateurs de l'idéologie du genre d'être des « pédophiles ».

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Assemblée antifasciste Parque Lezama, Buenos Aires © @ce.perosino/ Ni una menos

La Fédération LGBT+ a déposé une plainte pénale contre Javier Milei pour « haine, menaces et intimidation ». L'organisation a demandé à la justice d'intervenir après le discours et les publications du président sur ses réseaux sociaux et au Forum de Davos. La plainte comprend également une demande d'habeas corpus collectif. « Il est clair que ces mots dans la bouche du président de la nation, la personne la plus puissante du pays et qui a la responsabilité de gouverner dans l'intérêt de toute la population, ont une connotation explicitement violente, ce qui ne fait aucun doute », on peut lire dans la déclaration de l'action en justice dans laquelle les plaignants détaillent une douzaine de lois du vaste cadre réglementaire argentin qui sont violées par Milei, allant de la Constitution aux articles du code pénal, en passant par la loi sur l'identité sexuelle, la loi sur le mariage égalitaire et le code contraventionnel de la ville de Buenos Aires, ainsi que du principe de non-discrimination, de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui ont valeur constitutionnelle.

Avec le slogan « La vie est en danger, ça suffit ! Nous ne retournerons plus jamais dans le placard », différents collectifs féministes et de la communauté LGBTIQ+, ont décidé d'appeler à des actions d'urgence dans les rues de tout le pays et d'élaborer un programme commun pour répudier massivement le discours haineux du président. Par vote, il a été décidé que la première mobilisation aurait lieu le samedi 1er février, du Congrès à la Place de Mai dans la capitale argentine.

Plusieurs organisations ont adhéré à la mobilisation, notamment les trois centrales syndicales argentines ainsi que les organisations de défense de droits humains et les partis politiques de gauche. Face à cette réaction massive, M. Adorni, le porte parole du gouvernement, a tenté d'atténuer, en vain, les insultes discriminatoires du Président.

Le journaliste Pablo Stefanoni analyse le discours de Milei dans un article du journal elDiarioAr « Après le discours, plusieurs fonctionnaires et Milei lui-même sont venus dire qu'il n'avait pas dit ce qu'il avait dit - tout comme Elon Musk a fait un salut nazi qui n'en était pas un - mais Milei n'a pas seulement tenu des propos homophobes, il a aussi abordé des questions aussi éloignées des préoccupations de l'Argentine que l'immigration islamique, en reprenant des clichés de l'extrême droite du Nord. Il s'est exprimé non pas comme un président argentin, mais comme le sauveur d'un Occident au bord du suicide. Il l'a fait, comme c'est souvent le cas, avec une connaissance très superficielle des problèmes du monde ». Concernant les propos de Milei sur le féminicide, Stefanoni explique : « L'idée que la figure du féminicide représente un privilège, alors que la personne qui fait l'objet de ce privilège a été assassinée, explique les perversités idéologiques de l'anti-wokisme, déclinées en antiracisme, antiféminisme, anti-droits des LGBTI, anti-environnementalisme. À l'ère du ressentiment et des « passions tristes » - qui sont en grande partie le produit de l'impuissance politique généralisée à changer l'état des choses - il est facile de tout traduire par « privilège » - même le féminicide. »

La marche de samedi sera un thermomètre du mécontentement social face aux politiques du gouvernement d’extrême droite de Javier Milei. Selon les organisateurs, la mobilisation vise non seulement à démontrer l'unité et la résistance au discours officiel, mais aussi à marquer une position claire de rejet de toute tentative de recul des droits sociaux et des droits humains. On s'attend à une forte participation et à un message fort adressé au gouvernement.

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