Gymnase Paul Gauguin, rue Milton, Paris 9e, mardi 24 novembre, 11h30. Un père et ses deux filles, respectivement 7 et 2 ans, arrivent dans le centre de vaccination et prennent un ticket. Numéro 260. Bon. Attendent déjà des femmes enceintes, des parents avec enfants en bas âge, des personnes fébriles. C’est déjà la deuxième fois que ce père vient là, la veille on lui a répondu après 1h30 d’attente qu’ils étaient en rupture de vaccin sans adjuvant, et qu’ils déconseillaient le vaccin avec adjuvant pour la petite. Ce mardi, en arrivant, une infirmière lui dit qu’ils en ont 300 doses.
Temps d’attente estimé : 2h. Après une première queue de 45mn, il y a des chaises dans le gymnase bondé. Des agents d'accueil sont à l'entrée pour renseigner les arrivants. Ils distribuent les fiches de renseignements qui serviront aux médecins. Ce mardi, ils ne sont que deux, et encore l'une des deux est obligée de s'absenter quelques minutes en fin de matinée car elle se sent mal. Les deux médecins sont épaulés par quatre infirmières qui, elles, vaccinent.
Vers 12h30, les médecins font une pause, méritée certes, mais pendant laquelle la vaccination est donc suspendue.
Vers 13h, le père décide d’emmener ses filles déjeuner. De toute façon, il a son ticket, il ne perdra pas sa « place ». Retour au gymnase à 14h. Déconvenue : seules 20 personnes sont passées depuis qu’il est parti ! Oui, mais avec un seul médecin, c’est sûr, les choses vont moins vite, car les infirmières ne peuvent les remplacer. Les médecins font une consultation, ils posent les questions, remplissent le questionnaire si les demandeurs ne l'ont pas fait pendant leur attente, puis les infirmières piquent le bras des volontaires. Quand en outre il faut trouver dans l'assistance un interprète chinois, le temps d'attente augmente en conséquence.
A 15h, le temps d’attente est d’encore d’environ 1h30. Les petites s’impatientent, mais tout le monde est calme. Ce n’est que vers 16h, quand le personnel du centre veut évacuer les patients après le numéro 230 (ils sont encore une centaine à attendre) que les dents se mettent à grincer. Mais rien à faire : les médecins devaient déjà partir à 12h30 pour l'une (sic), à 16h pour l'autre, la journée a été assez longue comme ça. Les agents d'accueil se font alors videurs pour l'occasion: il faut partir et revenir demain, pas d’inquiétude, tous ceux à qui on remet un nouveau bon passeront les premiers sans faire la queue. Le père, excédé, décide de rester. Il n’a pas attendu 4h30 pour partir sans que la famille soit vaccinée. Ils sont une quinzaine à résister, dont une majorité de femmes enceintes, fatiguées d’attendre.
Enfin, à 16h30, après 5h d’attente, on appelle le numéro 260 : le père passe alors le sas de cartons installés pour l'occasion, et se trouve face au médecin, aimable et attentif malgré la fatigue. Le père remplit sa fiche de renseignements. Il n’est pas question de choisir le vaccin, comme il avait pu l’entendre à la radio. La petite de 2 ans reçoit le Panenza de Sanofi, sans adjuvant. La grande de 7 ans une demi-dose de vaccin avec adjuvant. Idem, en dose entière, pour le père.
En une semaine, la fréquentation des centres de vaccination à Paris a triplé. Ils sont censés pouvoir traiter entre 700 et 1000 personnes par jour. Il va falloir réquisitionner des médecins et étendre les horaires d’ouverture, si la ministre de la Santé veut que les Français continuent de se faire vacciner, sans émeute.