Il y a quelques semaines, les réseaux sociaux s’insurgeaient contre une décision de la Cour suprême du Texas qui avait contraint une femme de 31 ans de quitter l'état pour avorter d'urgence (source). Si cela n’arrive pas aux femmes en France, il y a une raison et celle-ci s’appelle Loi Veil.
Quand on évoque la Loi Simone Veil, surtout ces derniers jours dans le cadre de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, on imagine souvent qu’elle ne parle que d’interruption volontaire de grossesse. Or, cette loi prévoit aussi l’interruption médicale de grossesse, l’IMG. Celle-ci peut être réalisée dans l'un des cas suivants :
- La santé de la femme est mise gravement en péril si la grossesse se poursuit
- L'enfant à naître à une forte probabilité d'être atteint d'une affection d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic (source).
L’ignorance et les croyances qui entourent cette interruption de grossesse, dite médicale, est encore très grande, car largement invisibilisée dans le débat public. Pourquoi ? Certainement car elle fait peur. Et aussi parce qu'elle touche, dans nos sociétés judéo-chrétiennes, à un débat éthique difficile.
Les dimensions de ces dilemmes éthiques ont été mises en lumière lors de l'affaire Palmade, alors que la femme enceinte de six mois qui avait été percutée, a perdu son bébé. Or, étant donné que le fœtus est né sans vie, Pierre Palmade n'a pas été inculpé d'homicide. Ceci s'explique par le fait que, juridiquement, le fœtus in utero n'est pas considéré comme une entité distincte de sa mère. C'est ce qui permet de pouvoir procéder aux interruptions médicale de grossesse jusqu’à terme sans que les médecins soient poursuivis pour meurtre.
Sur X (ancien Twitter), un petit groupe de personnes, découvrant l'IMG, s’est récemment indigné de ces questions et a hurlé à l’eugénisme (lien vers le tweet). Si l’on lit le fil complet des réponses apportées, on saisit l’ampleur émotionnelle que revêt cette partie de la loi. Il est toutefois un point majeur qu’il est nécessaire de remettre au cœur du débat : pour ces interruptions de grossesses, tout comme pour les IVG, on ne peut en aucun cas parler de confort. JAMAIS. Il ne s’agit jamais d’un acte confortable.
En ce qui concerne le cas particulier de l'IMG, pour qui n’y a jamais été confronté, elle se pratique parfois à un stade avancé de la grossesse. Quand la future maman sent son bébé bouger et a une forte connexion avec lui. Si cette décision d’interruption est prise, c’est que plusieurs médecins de plusieurs spécialités se sont concertés et qu’ils ont appuyé les parents dans cette décision. Que cela fait plusieurs semaines que des examens sont réalisés, parfois douloureux, pour être certains du diagnostic. Qu’un geste médical va devoir être fait, un geste fœticide dans le jargon médical, devant la mère, après lui avoir montré une dernière fois, sur l'échographie, son bébé en vie (si elle le souhaite). Qu’un accouchement normal, par voie basse si possible, va être pratiqué, au milieu des autres femmes et des pleurs de nouveau-nés. Et enfin, qu’un bébé mort lui sera présenté pour l’adieu final.
Alors que personne ne vienne parler de confort, car ceux-là, jamais, n’ont vécu l’horreur de ce moment.