L’une des principales mesures du programme de la leader d’extrême-droite vise à lancer un référendum pour inscrire une loi dans la Constitution rassemblant toutes les mesures censées lutter contre l'immigration.
Parmi celles-ci, elle souhaiterait instaurer la préférence nationale en tant que loi constitutionnelle, à savoir avantager une personne de nationalité française par rapport à un étranger, notamment sur l'accès au logement et l'accès à l'emploi.
Elle envisage également la suppression du droit du sol, ainsi que le rétablissement du délit de séjour irrégulier, qui obligera les fonctionnaires, en vertu de l'article 40 du Code de procédure pénale, de « dénoncer » la présence de clandestins.
Enfin, l'accès à la nationalité française ou à la naturalisation française sera considérablement durci, l'accès aux aides sociales sera conditionné à au moins cinq années de travail en France, l'autorisation de séjour sera supprimée pour les étrangers n'ayant pas travaillé durant les douze derniers mois et l'expulsion sera "systématique" pour les clandestins, délinquants et criminels étrangers.
Au niveau européen, elle souhaite restreindre l’accès des citoyens européens aux droits sociaux et réinstaurer des contrôles aléatoires aux frontières nationales.
Ces principales mesures laissent donc appréhender la vie que mèneront les étrangers en France, européens ou non, en cas d’élection de Mme Le Pen.
Je suis arrivée en France en 2017, étrangère issue d’un pays non membre de l’Union européenne (UE) mais membre de l’espace Schengen et au bénéfice de la libre-circulation des personnes avec les pays membres de l’UE. Je travaille donc sur sol français depuis presque 5 ans, y cotise aux aides sociales et paie mes impôts. En contrepartie, je bénéficie de la sécurité sociale comme tous les Français. J’ai fait une demande de naturalisation il y a près d’un an et je suis devenue propriétaire de ma maison en 2019.
Imaginons maintenant que mon arrivée en France ait eu lieu 5 ans plus tard, dans une France présidée par la candidate RN. Mon embauche aurait été freinée par la préférence donnée aux autres candidats, quelles que soient leurs qualités, mais français. Ma demande de naturalisation aurait été considérablement ralentie ou carrément stoppée. Il aurait fallu que j’attende cinq ans après mon entrée en emploi pour bénéficier d’aides sociales. Et quid de mon accès à la propriété ? De mon droit au chômage ? De mon accès aux soins ?
Alors, aujourd’hui, moi qui vis dans une France de l’accueil, de la solidarité et de l’humanité, je ne peux envisager de plonger dans une France de la peur, de la délation et de la répression.
Je ne peux voter le 24 avril, mais je compte sur vous pour aller à l'isoloir, non pas avec votre cœur, mais bien avec votre raison, avec une pensée pour nous les étrangers vivant en France.