Avant de commencer, il est important de souligner que Patrick Bruel est un artiste généreux de son temps et de son énergie. Depuis près de 15 ans que j’y assiste, cela ne s’est jamais démenti et ce quel que soit le lieu ou le pays. Particularité de sa nouvelle tournée, il place un piano au milieu de la salle, ce qui permet à des spectateurs placés loin de la scène de se retrouver à une place incroyablement privilégiée (ce qui fut mon cas hier).
Mais revenons aux spectateurs. Pour qui n’a jamais vu un concert de Bruel, il est certainement difficile de l'imaginer, mais il reçoit à chaque concert une dose d’amour incroyable, quasiment palpable dans l’air. Dans sa chanson « La chance de pas », il raconte comment il a échappé à la drogue, la voilà sa drogue, c’est son public.
De prime abord, on imagine une foule de femmes de 35 à 60 ans qui étaient enfants ou jeunes femmes dans les années 1990 et ont été atteintes d’une bruelmania qui ne les a pas quittées. On ne va pas se mentir, ce n’est pas complétement faux. Mais d’années en années, nous voyons arriver de nouveaux profils.
Il y a d'abord ce tout, ce rassemblement de regards, étoilés par la lumière des téléphones, émus par des textes, une voix, des mots, des maux.
En y regardant de plus près, il y a ces jeunes adolescentes qui ont été touchées par l’implication du chanteur sur la question du harcèlement scolaire. Leurs yeux perlaient sur « les maux d’enfants » qui dénonce ce fléau.
Il y a ces jeunes enfants qui écoutent les CDs dans la voiture de leurs parents et qui se sont particulièrement attachés à « Stand Up ».
Il y a ces soignants et ces instits qui ont « leur » chanson et qui considèrent Bruel comme un fervent défenseur de leurs revendications.
Il y a ces vieilles dames qui voient défiler leur jeunesse à mesure que s’égrènent les minutes du concert et qui la revivent un peu.
Enfin, il y a ces hommes, jeunes pour la plupart, qui venaient accompagner leur femme et qui découvrent un artiste engagé, loin du cliché du chanteur à midinettes.
Cliché qui a la vie dure pour nombre de personnes, et vous qui me lisez en faites certainement partie. Mais Patrick Bruel, ce n’est pas que « Casser la Voix » et « Place des Grands Hommes », c’est aussi la lecture au Panthéon de la lettre d'adieu à Mélinée de Missak Manouchian. C’est aussi un engagement féroce contre le conflit israélo-palestinien. C’est aussi un grand hommage rendu aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. C’est aussi un engagement sans faille auprès des Restos du Cœur et de la jeune génération de chanteurs. Et aussi… et aussi….