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Billet de blog 15 juin 2018

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Du bon sens

Pierre Laurent et Ian Brossat ont écrit hier aux organisations de gauche pour leur proposer « une plate-forme commune et la construction d'une liste large » en vue des élections européennes de 2019. Rien que du bon sens. Oui mais...

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Pierre Laurent et Ian Brossat (récemment désigné chef de file des communistes pour les européennes), ont écrit hier (jeudi 14 juin 2018) aux organisations de gauche (hors PS) pour leur proposer « une plate-forme commune et la construction d'une liste large » en vue des élections européennes de 2019. Cette lettre, envoyée à la France Insoumise, EELV, République et Socialisme, Ensemble, GDS, Générations, Nouvelle Donne, NPA, PCOF, et au PG, est un appel clair à unir nos forces pour « porter au niveau européen les luttes sociales et écologiques menées en France ». Le but, c’est que celles et ceux qui sont actuellement en lutte dans la rue contre les politiques libérales d’Emmanuel Macron, ne s’affrontent pas demain dans les urnes. Rien que du bon sens. Le PCF appelle donc la gauche de transformation sociale et écologique à porter ensemble « des exigences précises de transformation de la construction européenne » et à « constituer au Parlement européen un groupe uni et confédéral de toutes les forces de gauche et écologistes, clairement opposées aux logiques actuelles ». Bref, faire bloc contre les néo-libéraux et les néo-populistes. Car si on regarde le paysage politique actuel en Europe, force est de constater que l’heure n’est pas à la division.

Illustration 1

Évidemment, aucune alliance n’est possible sans un contenu politique clair et nous devons travailler à cela. Rien d’insurmontable. Mettons-nous autour d’une table et travaillons comme nous savons le faire. La plateforme que nous proposons est faite pour cela. Rappelons au passage que le PCF est déjà ancré dans ce genre de configuration depuis deux élections européennes déjà, où nous étions alliés notamment avec le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Si une alliance n’est plus possible sur le fond, il faudrait donc nous expliquer clairement pourquoi et quels sont les points sur lesquels Jean-Luc Mélenchon a changé d’avis qui rendrait dorénavant une alliance impossible. Il faudrait nous dire aussi concrètement quels désaccords il y a avec les combats qu’ont mené nos députés sortants ? Quel texte ? Quel vote ? Quelle prise de parole ? Rentrons dans le détail et levons les ambiguïtés. Bref, parlons sérieusement du fond, sans effet de manche et sans punchlines qui empêchent de penser.

Si un tel rassemblement n’a pas lieu, ceux qui s'y opposent pour des questions de tactiques partisanes porteront sur leurs épaules le poids de la division et le poids de la défaite (même si ceux-ci arrivent en tête d’une gauche émiettée). Ici, je pense tout particulièrement à la France Insoumise qui ne donne aucun signe allant dans le sens d’un rassemblement. Nous le savons, les relations entre la France Insoumise et les communistes sont compliquées. Apparemment, nous ne pourrions pas faire alliance à cause de la stratégie plan A / plan B dans laquelle nous ne nous inscrivons pas. Nous serions aussi, si j’en crois certains propos acides, des “eurolâtres” ou des “européeistes”. Et même alignés sur le PS à ce qu’on dit. A ces trois critiques, voici 3 réponses claires.

Tout d’abord, la stratégie plan A / plan B n’a strictement rien à voir avec les élections européennes que nous avons devant nous. C’est en réalité une méthode de négociation avec les institutions européennes et les autres pays européens dans l’éventualité d’une prise du pouvoir à Élysée. Rien à voir avec les combats que vont mener nos futurs députés européens. C’est d’ailleurs ce qu’a clairement exprimé le député insoumis Adrien Quatennens cette semaine dans la Midinale [voir]. Je le cite : « La stratégie plan A / plan B est une stratégie dans le cadre de la conquête du pouvoir au niveau national, pas au niveau du Parlement européen. » Limpide.

Second critique, notre rapport à l’Europe. Oui, au PCF, nous ne pensons pas que la sortie de l’UE et le retour aux États Nation soit la baguette magique nous permettant de lutter contre le capitalisme. Pour nous, les logiques capitalistes doivent se combattre à tous les échelons : en France, en Europe, dans les communes, dans les entreprises, dans les institutions, dans le rue, etc. Et surtout, nous pensons qu’affirmer une dimension européenne et internationaliste, nous permet de ne pas perdre de vue la nature du combat que nous menons : entre un exploiteur et un exploité, nous sommes systématiquement du côté de l’exploité, quelle que soit sa nationalité. C'est notre boussole politique. Les classes populaires des autres pays européens ne sont pas concurrentes des classes populaires françaises. Ce sont des alliés. C’est notre camps. Martelons-le. Car quand on va sur le terrain du retour à la nation (qui serait possible grâce à la puissance de la France), on peut vite se retrouver avec comme « alliés idéologiques » des Chevenement, des Séguin et des De Gaulle. Est-ce cela vraiment cela notre périmètre politique ? C’est ca la gauche anti libérale ? Bref, nous sommes très critiques envers l’Europe telle qu’elle est et nous la combattons. Franchement, qui peut en douter ? Pour ceux qui auraient la mémoire courte, rappelons que le PCF a combattu tous les traités à commencer par celui de Maastricht. A bon entendeur. Mais nous n’oublions pas non plus d’articuler cette critique de l’UE avec une critique de l’Etat comme instrument de la classe dominante. En résumé, notre adversaire c’est le capitalisme et la classe sociale qui le met en oeuvre. Ne nous trompons pas de combat.

Présentation de la résolution du PCF sur les élections européennes par Anne Sabourin © PCF - Parti communiste français

Concernant nos alliances avec le PS. Oui, le PCF a souvent fait le choix de rassemblements larges au niveau local pour battre la droite et l’extrême droite. C’est pour nous, quand le rapport de force le permet, un moyen de porter concrètement des dossiers et de se rendre utile aux classes populaires. Car comme le dit Ian Brossat, « on fait de la politique pour servir à quelque chose. On ne fait pas de la politique pour se regarder dans un miroir et trouver qu’on est formidable ». L’envie d’être utile concrètement, c’est le sens de l’engagement communiste en France. Ca l’a toujours été. A cause de cela, certains tentent de nous repeindre en militants sans convictions « alignés sur le PS » qui « iraient à la gamelle ». Rappelons que chez nous, personne ne s’enrichit avec la politique car nos statuts l’interdisent. Et quand on regarde nos votes à l’assemblée nationale, on se rend vite compte que les plus proches du PS, ce ne sont pas les communistes [voir]. De toute façon, il n’est pas question de s’allier aux socialistes sur les questions européennes puisque, sur ce point, nos positions sont tout simplement inconciliables. Et le seul socialiste avec qui le PCF ait fait alliances pour les européennes, c’est un certain Jean-Luc Mélenchon. Et là encore, nous lui tendons à nouveau la main s’il le souhaite.

© nicolas.lambert.5872

En résumé, face aux néo-populistes et aux néo-libéraux, le rassemblement de la gauche anti austerité est probablement la seule stratégie crédible permettant de faire basculer le rapport de force en France et en Europe. Nous sommes devant une responsabilité historique. Et passer à côté de ce moment à cause du poison de la division serait catastrophique. C’est le sens de l’appel des communistes aux autres forces de gauche. Mais...

Mon plan B

Mais, et j'en viens ici à mon plan B, si une telle alliance n'est pas possible parce que les principales forces de gauche n'en veulent pas, faire un pseudo rassemblement qui s’arrêterait au milieu du guet serait une lourde erreur. Pour être très clair, dans l’hypothèse d’un refus de la France Insoumise (qui reste pour moi notre partenaire privilégié) à travailler ensemble, remplacer une alliance avec un ex PS par une autre alliance avec un autre ex PS nous conduirait une nouvelle fois dans le mur. Si la France Insoumise refuse de rentrer dans une dynamique unitaire, ce qui est plus que probable, disons-le le plus clairement possible, s’allier avec Benoit Hamon serait une lourde erreur. S’effacer à nouveau derrière un ancien socialiste présidentiable pour gagner en visibilité, ça serait recommencer une stratégie qui a fini par échouer et qui, au final, ne nous a pas permis de déployer nos idées et faire connaitre nos propositions politiques. Donc, dans l’hypothèse où le processus unitaire que nous proposons échoue, le PCF doit absolument repartir à l’offensive par ses propres moyens. Cela passe par une liste 100% communiste ouverte le plus largement possible au mouvement social, dont Ian Brossat ferait une excellente tête de liste..

Bref, le rassemblement avant tout. Mais L’effacement des communistes n’est plus une option ! Tenez-vous le pour dit.

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