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Billet de blog 25 novembre 2021

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ASSASSINAT BOULIN : l'assourdissant silence du canard enchainé

Ce mercredi 24 novembre, le Canard enchainé a, pour la première fois, dérogé à 42 ans de soutien sans faille à la version "suicide" de la mort de Robert Boulin. Jusqu'à ce jour, à chaque médiatisation d'éléments factuels entrant en collision avec le dogme du suicide, le canard attaquait sans ménagement les iconoclastes.

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Depuis la diffusion sur France 2 le 31 octobre du remarquable documentaire mort sur ordonnance*,  l'ensemble des Boulin watchers, dont fait partie le réseau casanier, attendaient l'habituelle réaction du Canard, attente renforcée par la saillie de l'ancien co-pilote de l'enquête du SRPJ Versailles, le commissaire Gilles Leclair, qui a tenté, maladroitement, dans une interview parue le 17 novembre**, d'attaquer le documentaire de France 2, pour défendre son enquête, censée démontrer le prétendu suicide de Robert Boulin.

FAUX et USAGE de FAUX et/ou FORFAITURE ?

 Or l'enquête préliminaire recherche des causes de la mort de Robert Boulin supervisée par le procureur général de Versailles Louis-Bruno Chalret ***, de 1979 à1982, co-signée par Gilles Leclair, est entachée d'un faux grossier : le prétendu Original de la lettre posthume saisi le 31 octobre 1979 par le Service Régional de la Police Judiciaire de Versailles (SRPJ Versailles, dont Gilles Leclair est le chef adjoint) au siège de l'Agence France-Presse (AFP) sur lequel repose, encore aujourd'hui, la certitude du suicide des tenants de cette version fabriquée de toutes pièces, est une photocopie, identique à celles reçues par une dizaine de destinataires.

Aucun des 7 juges d'instruction qui se sont succèdés sur ce dossier, depuis l'ouverture d'une information pour assassinat en 1983, y compris les magistrats  instructeurs versaillais censés instruire depuis 2015 une nouvelle plainte pour séquestration suivie d'assassinat n'ont eu accès à ce faux original...

Il n'a pourtant pas été difficile pour le réseau casanier de le démontrer :

Bénéficiant d'accointances au sein de l'AFP, il suffit de retracer le circuit interne suivi par cette enveloppe -et son contenu- , du dépôt du courrier par la Poste à l'accueil de l'AFP jusqu'à sa saisie par les policiers, environ 4 h plus tard .

Le 31 octobre 1979, le PDG Henri Pigeat étant absent, c'est une personne habilitée qui ouvre le courrier qui lui est adressé personnellement. Cette personne, constatant l'importance de la lettre à en-tête du ministre du Travail (dont le « suicide » faisait la Une depuis deux jours) la transmet immédiatement à la Rédaction en Chef, qui décide de mettre sur les fils de l'Agence son texte intégral.

Il s'avère, à la lumière des divers témoignages recueillis au sein de l'AFP, que la lettre reçue par l'AFP, comme les autres lettres attribuées à Robert Boulin, reçues par diverses personnalités, ainsi que par le quotidien Sud-Ouest, est elle-même une PHOTOCOPIE d'un « original » qui n'a jamais été trouvé, et qui ne peut, en aucun cas, être ce qu'a saisi le SRPJ Versailles au siège de l'AFP.

En fait, le SRPJ et le procureur de Versailles ont réalisé un véritable tour de passe-passe. Ayant saisi l'enveloppe et son contenu reçus par l'AFP, ils l'ont purement et simplement qualifié d"Original", ne tenant aucun compte du fait que le contenu de l'enveloppe était une photocopie !

L'AFP conservant dans ses archives les photocopies de l'enveloppe et de la photocopie qu'elle contenait...

ANGELISME

Au printemps 1990, un réseauteur casanier, par un concours de circonstances, obtient un rendez-vous consacré au traitement de la mort de Boulin avec Claude Angeli (alors rédacteur en chef du Canard) et Louis-marie Horeau, son adjoint, tous deux grands pourfendeurs de toute remise en cause du prétendu suicide de Robert Boulin.

L'entretien a tourné court en moins de 5 minutes. Dès qu'a été évoqué le faux original de la lettre posthume, le réseauteur  reçu dans la salle de réunion du Canard,  a été traité de menteur et a quitté le siège de l'hebdomadaire.

CANARD LAQUAIS

L'une des plus emblématiques attaques du Canard  date de janvier 2002, lors de la diffusion par Canal + du documentaire "le suicide était un crime".****

le papier, en Une, est signé Louis-Marie Horeau. L'auteur s'y vante de ne pas avoir visionné le documentaire, il lui suffit de savoir que ce reportage remet en cause le suicide, et que par conséquent c'est un tissu d'inepties réalisé par des journalistes en mal de notoriété.

Ce reportage regorge pourtant de témoignages inédits, notamment celui du colonel Pépin, (en 1979 chef de la gendarmerie des Yvelines) et mort depuis, sans jamais avoir été entendu par un magistrat. Le colonel affirme avoir observé des traces de pas s'enfonçant profondément dans la terre meuble à proximité de l'étang du rompu, et les mêmes empreintes de semelles, revenant de l'étang en s'enfonçant nettement moins dans la même terre meuble, comme si le porteur de ces chaussures s'était allégé d'un poids important après être entré dans l'eau de l'étang.

Le colonel Pépin n'a jamais pu faire part part officiellement de ses observations, ayant été immédiatement déchargé de l'enquête au profit du SRPJ Versailles sur ordre du procureur général Louis-Bruno Chalret.

Ce documentaire eût néanmoins un tel retentissement que Jean-Louis Nadal, alors procureur général de Paris décida l'ouverture d'une enquête préliminaire, ce qui interrompit la prescription qui menaçait de mettre un terme à toute possibilité de parvenir à la vérité par la voie judiciaire.

L'enquête préliminaire fut confiée à un brigadier de police. Des années plus tard, rencontrant par hasard l'un des auteurs du documentaire de canal +, il lui confia : "cette enquête préliminaire n'avait aucune possibilité d'aboutir, il aurait fallu enquêter sur les agissements de mes supérieurs..."

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* Selon de nombreuses sources, un tel documentaire, en 4 volets de 24 minutes, n'aurait jamais été diffusé intégralement sur les antennes du service Public -ni ailleurs-  à une heure de grande écoute, sous aucun des prédécesseurs du président Macron. (Mitterrand et Giscard compris).       Il ne faut cependant pas y voir une quelconque intention de l'actuel pouvoir, mais plutôt la résultante de la l'inexpérience et de la jeunesse -la plupart des Macron boys & girls n'étant pas nés en 1979-  pour lesquels Boulin est aussi parlant que le siège de Paris en 1871...

**    https://web.archive.org/web/20211117063110/https://actu.fr/ile-de-france/saint-leger-en-yvelines_78562/yvelines-affaire-boulin-la-verite-de-la-pj-de-versailles_46486055.html

***  https://www.franceinter.fr/info/le-procureur-etait-une-barbouze

**** Le suicide était un crime, de Bernard Nicolas et Michel Despratx  https://www.dailymotion.com/video/xaz6kk

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