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« Hommes soyez humains, c'est votre premier devoir » (Jean-Jacques Rousseau, 1762, Émile ou de l'éducation).
Être humain, une manière d’être qui réunit notamment : la dignité, le respect, la justice, la réciprocité, l’identité individuelle et collective qui permet la sociabilité dont l’échange et le partage, l’empathie qui relie chacun à ce qui l’entoure, le comprend, la limite de ses désirs pour se préserver et préserver les autres…
Des principes que chaque individu peut développer tout au long de sa vie à travers sa famille, l’éducation, l’accès aux différentes cultures et les différentes rencontres.
Mais si le pays dans lequel il vit piétine ces principes, ils seront de moins en moins à les développer et ainsi, de plus en plus de personnes seront exclues des droits humains.
Les droits humains ne sont pas indépendants de ceux de la Terre et de toutes les espèces végétales et animales qui y vivent. Le changement climatique touche en premier les plus pauvres, mais également toute l'humanité.
La France, se revendique encore « pays des droits de l’homme » et pourtant tous les jours, elle bafoue les droits humains
Des hommes, des femmes et des enfants qui viennent chercher refuge en France n’en trouvent pas et n’ont que la rue pour vivre, parfois ils en sont retirés pour être hébergés provisoirement dans des refuges ou des hôtels, un répit de courte durée.
Devant les préfectures, des queues interminables qui maltraitent pour récupérer un permis de séjour – ou pas.
Des enfants et des jeunes migrants sans famille (mineurs isolés) vivent dans la rue, parfois sont enfermés comme des délinquants ou refoulés illégalement aux frontières.
Les familles roms sont rejetées, elles vivent dans des bidonvilles sans accès au minimum sanitaire et ils sont souvent exclus des accès aux services publics, dont pour leurs enfants celui de l’école.
L’accès au logement difficile, peu de constructions et des loyers inaccessibles. Ainsi, le droit au logement opposable (DALO) n’est pas respecté. Des travailleurs dorment dans leur voiture…
L’accès aux soins se délite : mutuelles inaccessibles aux petits revenus, diminution régulière des pourcentages de remboursement des médicaments sans oublier le nombre croissant de ceux qui ne sont pas remboursés et prescrits par des médecins qui ne se soucient guère de leurs patients (ou clients !), fermeture des hôpitaux publics, dépassement d’honoraires indécents, refus de recevoir des personnes avec la CMU… Certaines personnes n’ont plus que les urgences pour accéder aux soins !
L’accès à une alimentation de qualité : le prix des fruits, des légumes verts, du poisson, de la viande les rend inaccessibles pour beaucoup de familles qui se replient sur des produits moins chers, mais plus gras et sucrés et qui entraînent un surpoids précoce chez les enfants. Les informations publicitaires pour mieux manger ne s’adressent en fait qu’à celles qui ont les moyens financiers pour le faire.
L’accès aux vacances[1], est lié aux revenus. Selon l’Observatoire des inégalités : « pour partir, il faut en avoir les moyens. 40 % des personnes aux revenus inférieurs à 1 200 euros mensuels ont quitté leur domicile pour des congés en 2014, contre 86 % de celles qui disposent de plus de 3 000 euros. »
La pauvreté s’installe et se développe en France
Un individu est considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 855 ou 1026 euros selon le seuil de pauvreté adopté[2] (50 ou 60% de 1710 euros niveau de vie médian ). Cinq millions de personnes sont concernées si on prend le seuil à 50% et neuf millions si on prend le seuil à 60%.
Selon l’Observatoire des inégalités, plus de la moitié des pauvres ont moins de trente ans dont 35% d’entre eux ont moins de 20 ans et un jeune adulte (20 à 29 ans) sur dix est pauvre.
Les chômeurs
Toutes catégories confondues, au second trimestre 2018, 3 440 500 personnes inscrites à Pôle emploi sont sans emploi. Un quart d’entre elles sont pauvres.
Les allocations nommées « Aide au retour à l’emploi » (ARE) sont versées au maximum pendant deux ans et moins si on a travaillé moins de 28 mois. Les offres d’emploi étant largement insuffisantes, le « retour à l’emploi » au bout de deux ans n’est pas évident… le seul revenu sera alors le RSA (483 euros par mois).
Et il y a aussi les chômeurs non comptabilisés et sans allocations comme les jeunes qui ne trouvent pas de premier emploi, dans le meilleur des cas ils font des stages rémunérés (au mieux au RSA), et tous ceux qui ne rentrent pas dans les critères stricts (1 500 000 personnes non considérées comme « chômeurs », mais qui souhaitent travailler selon l’indicateur de l’INSEE : le « Halo autour du chômage »
Les travailleurs pauvres
Un grand nombre de travailleurs ont des contrats précaires, occupent des temps partiels (non choisis) aux salaires en dessous du SMIC (1188 euros nets par mois). Certains d’entre eux sont des immigrés avec des emplois peu qualifiés et précaires. Ils sont souvent discriminés surtout lorsqu’ils viennent d’Afrique.
Les exclus souvent invisibles de la société
Ceux qui vivent dans la rue sans papiers, qui n’ont que le métro, la porte cochère pour s’abriter avec pour certains la seule compagnie d’un chat ou d’un chien. Ils n’ont que la mendicité pour manger et boire… Un certain nombre de migrants sans titre de séjour sont dans cette situation.
Ceux qui vivent dans des bidonvilles, des camps improvisés avec la crainte d’être chassés et de tout perdre…
Également des parents seuls avec enfants ne pouvant assurer les frais de garde ont de grosses difficultés à trouver un emploi (24,6 % de la population pauvre).
Et certains retraités qui n’ont que le minimum vieillesse (855 euros), situation dramatique quand les personnes sont isolées (que ce soit dans les grandes villes ou dans les villages).
La pauvreté n’est pas une fatalité, elle résulte directement de choix politiques et économiques
Les dernières mesures – et celles à venir – du gouvernement Macron risquent d’accroître le nombre de personnes pauvres.
En effet, pour maintenir le déficit, il faut encore réduire les dépenses publiques. Tant pis si les services publics (santé, éducation…) se délitent encore plus. Des services publics d’ailleurs qui se transforment petit à petit en services au public (payants) avec de moins en moins de fonctionnaires pour les mettre en œuvre.
Et augmenter les recettes, avec par exemple l’augmentation de la CSG qui diminuera les salaires. Bien sûr avec une promesse compensatoire : un « souffle fiscal » avec la suppression de la taxe d’habitation (mais elle ne touche pas les familles aux petits revenus qui en sont déjà exonérés).
Quant aux retraités, pour les rassurer, l’augmentation de la CSG ne s’adressera qu’aux « retraités aisés » à partir de 1200 euros selon Gérard Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics qui ne sait certainement pas ce que c’est de vivre avec 1200 euros ou un SMIC net par mois... pour oser dire qu’on est aisé avec une telle rente ! Une insulte à tous ceux qui n’ont que 1200 euros pour vivre !
Un plan pauvreté[3] est présenté, mais beaucoup de ses mesures dépendront de l’investissement des collectivités locales et surtout des personnes pauvres : un revenu universel d’activité fusionnera toutes les prestations avec une part d’obligations « des droits et des devoirs supplémentaires ». Le retour à l’activité, à l’emploi sera la condition.
Seuls ceux qui sont soumis à l’ISF se sentent soulagés… il a été transformé en « impôt sur la fortune immobilière » certains revenus financiers (valeurs mobilières, actions, assurance-vie…) placements en sont désormais exonérés… en attendant la suppression totale de cet impôt.
Et puis, les restrictions des dépenses publiques ne concernent pas celles des nombreux membres gouvernement, ainsi que les grands rassemblements du président Macron et ses déplacements…
Selon que vous soyez riches ou pauvres… ce n’est pas le même traitement, le ruissellement promis s’est tout simplement inversé…
Et ce n’est pas fini, l’hyperactivité du gouvernement va se déployer dans les réformes prévues : celle des retraites, du chômage, ferroviaire, de l’apprentissage, du prélèvement à la source, de l’agriculture et de l’alimentation, du climat…
L’insécurité, la précarité sociale, la pauvreté ont de l’avenir, si personne ne se réveille, ne s’insurge, ne résiste, refuse et ne lutte !
[1] Les vacances regroupent les séjours hors du domicile d’au moins quatre nuits consécutives pour des raisons non-professionnelles. Le même mot regroupe des congés très différents : une semaine à la campagne = quatre semaines aux Seychelles.
[2] Observatoire des inégalités : « En France et en Europe, le seuil de pauvreté est fixé de façon relative. On considère comme pauvre une personne dont les revenus sont inférieurs à un certain pourcentage du revenu dit "médian". Ce revenu médian est celui qui partage la population en deux, autant gagne moins, autant gagne davantage. Quand le revenu médian augmente, le seuil de pauvreté s’accroît donc. Ce pourcentage est de plus en plus souvent fixé à 60 % du revenu médian, alors que jusqu’en 2008, le seuil à 50 % était le plus couramment utilisé en France ».
[3] Un plan pauvreté pour être un peu moins pauvre : https://blogs.mediapart.fr/catherine-chabrun/blog/150918/un-plan-pauvrete-pour-etre-moins-pauvre