Catherine MORAND

Journaliste

Abonné·e de Mediapart

92 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 mai 2015

Catherine MORAND

Journaliste

Abonné·e de Mediapart

Chaque 23 mai, la planète marche contre Monsanto

Catherine MORAND

Journaliste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce samedi 23 mai, en France comme ailleurs dans le monde, on marche contre Monsanto.

                                                                                 

Ce samedi 23 mai 2015, dans quelque 450 villes d’une cinquantaine de pays, sur tous les continents, des marches sont organisées contre Monsanto – et les autres géants de l’agrochimie mondialisée tels que Syngenta, Bayer ou Pioneer  – pour protester contre un modèle agricole qui mène la planète droit dans le mur, un modèle « accro à la chimie et aux manipulations du vivant, imposé au détriment des peuples et des paysans qui les nourrissent ! », estiment les organisateurs de cette « marche mondiale contre Monsanto » qui connaît un succès croissant depuis sa création il y a 3 ans.

En France, une trentaine de villes ont d’ores et déjà annoncé qu’elles ont l’intention de marcher ce samedi, pour dénoncer les pressions exercées par la firme américaine sur l’Union européenne et le reste du monde, pour imposer ses semences transgéniques. En Suisse aussi, où le glyphosate de Monsanto vient d’être interdit, de nombreuses personnes vont marcher à Berne, Bâle (siège de Syngenta), Zurich, ainsi qu’à Morges, qui abrite le siège de Monsanto pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Il y a deux jours, les murs de cette petite ville au bord du Léman ont été tagués par des slogans tels que « Monsanto tue », faisant allusion aux abeilles qui seraient décimées par des pesticides fabriqués par la firme américaine. La population suisse s’était prononcée en faveur d’un moratoire sur les OGM, reconduit jusqu’en 2017. Le canton de Genève a annoncé cette semaine qu’en cas de levée de ce moratoire au niveau national, il souhaitait, lui, continuer à bannir les OGM de ses champs.

 

Marche le 23.5.2015 dans les rues de Morges qui abrite siège Europe-Moyen-Orient-Afrique de Monsanto

Au Burkina Faso, plusieurs dizaines d’organisations ont également appelé à marcher aujourd’hui contre Monsanto et son coton Bt transgénique,imposé aux cotonculteurs burkinabés. « Les promesses d’une augmentation de la production et d’une diminution des pesticides n’ont pas été tenues, témoigne Aline Zongo, responsable d’Inades-Formation, ainsi que de la COPAGEN, la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain au Bukrina. Elle dénonce le prix prohibitif des semences estampillées Monsanto, dix fois plus chères : 27'000 Fcfa par hectare contre 3'000 Fcfa pour les graines de coton conventionnelles. « Les paysans y perdent sur tous les plans », estime-t-elle. En janvier 2015, la télévision burkinabè avait évoqué pour la première fois l’échec de la culture de coton transgénique dans ce pays, devenu la tête de pont de la pénétration des OGM (organismes génétiquement modifiés) en Afrique de l’Ouest.

 

Marche contre Monsanto dans les rues de Ouagadougou le 23 mai 2015.

 Dans les laboratoires de recherche agricole du Burkina, financés par Monsanto, on mène en effet des recherches et teste des variétés génétiquement modifiées de haricot rouge, de niébé, de patate douce, de mil, et aussi de sorgho. « Le sorgho, aliment de base en Afrique, consommé par des millions de personnes, a tout à coup été présenté comme un aliment responsable de nombreuses carences, auxquelles seule la biotechnologie pourra remédier », dénonce Ibrahim Ouedraogo, un des fondateurs de la COPAGEN. Des chercheurs ont en effet lancé un vaste projet intitulé « sorgho biofortifié », avec l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates. « Un sorgho génétiquement modifié représenterait pourtant une grave menace pour l’Afrique de l’Ouest », prévient Ibrahim Ouédraogo. Lequel estime que la modification génétique de produits tropicaux est totalement inutile pour lutter contre la faim et améliorer l’alimentation sur le continent africain. Mais participe bien plutôt de la volonté de quelques multinationales de faire main basse sur l’alimentation du monde.

A l’issue de la « marche contre Monsanto » qui a lieu aujourd’hui à Ouagadougou, les participants vont demander aux nouvelles autorités « un moratoire sur l’importation, la dissémination et la production des OGM au Burkina Faso pendant au moins dix ans », considérant que « l’imposition des OGM à l’agriculture africaine est contre les droits des communautés locales, et contribue à une dépendance plus accrue des paysans et des paysannes vis-à-vis des multinationales semencières et de l’extérieur. »

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.