MEDEF : son Président sélectionné pour les Molière
Alors là, pardon !..
J'n'ai pas dit
"baisser"
les salaires,
j'ai dit
"modérer"
et qui plus est
pendant une période transitoire.
Deux ou trois ans,
par exemple ...
Entre quoi et quoi ...
la transition ?
Ben ... euuhhh ...
ben entre avant et après,
pardi,
c'tte blague ?!
Et celle-là,
c'est LA condition pour la réussite
du pacte de responsabilité.
Ni plus ... ni moins.
Surtout moins en fait,
les salaires
j'veux dire.
En fait, bien moins ...
les salaires !
D'ailleurs, tout ça,
si on en est arrivé là,
c'est la faute aux syndicats. Si, si ...
Ils n'ont qu'à être
plus raisonnables
et pas d'mander sans arrêt l'impossible.
Ah ! Vous pensez que c'est
aussi d'notre faute,
qu'on n'avait qu'à pas leur céder.
Je n'suis pas d'accord.
Ce sont eux qui nous ont
forcés à les augmenter ...
les salaires.
On n'a pas ...cédé.
Ça n'a rien à voir !
Vous mélangez tout ...
faut pas confondre ...
c'est tout a fait différent ...
D'ailleurs, c'est bien simple,
à c't'époque, j'étais pas là.
Mais de quoi j'parle, là ?
Je n'sais plus ...
Mais vous avez tort,
ça c'est certain !
Bon alors, récapitulons.
Baisse des charges patronales: permanente.
Sous-smic: transitoire.
Modération salariale: temporaire.
Plus ce que j'vais vous d'mander demain
qui sera : provisoire.
Et alors, à partir de là,
on pourra peut-être
envisager
de penser
à réfléchir
de suggérer
à nos adhérents
d'embaucher
des apprentis et des sous-smicards ...
pour commencer.
Histoire d'amorcer la pompe à embauche ...
à CDD,
évidemment,
puisque pour vous ça a l'air
d'être vraiment un souci.
Parc'que pour nous, vous savez,
le chômage c'est l'cadet ...
de ... nos soucis.
Si, si ...
A part notre charge fiscale perso,
on n'en a pas beaucoup
des soucis comme le vôtre.
D'ailleurs, Mosco l'avait bien compris, lui.
Qu'est-c'qu'il était bien, Mosco !
Au fait, c'est pas pour dire,
mais vous n'feriez pas une fixation ?
L'emploi ... l'emploi ...
entre-nous,
ça perturbe qui, hein, ?
Ah ! C'est LE souci !?
VOTRE souci !
Et ça fait longtemps
qu'vous m'en parlez ...
Ah bon !..
Vous en êtes sûrs ?
Ben j'avais pas compris
qu'ça vous prenait la tête à c'point,
le chômage.
Fallait l'dire plus tôt, plus fort,
on n's'rait pas allé si loin
dans nos revandica... euuuhhh ... pardon,
dans nos propositions
qui, vous l'noterez tout d'même,
sont particulièrement ...
constructives.
"Constructives" : tiens, ça tombe bien.
J'ai failli oublier.
A propos de construction,
justement,
ça n'va pas du tout dans l'bâtiment.
Faudrait qu'vous pensiez sérieusement
et rapidement
à une baisse de la TVA.
Et à une défiscalisation massive
sur les investissements dans l'immobilier.
Sinon, ça ne l'fait pas !
On est obligé de licencier.
Alors on n'va certainement pas
pouvoir embaucher ...
si on licencie, hein ?!
Vous m'suivez ?
Comment-ça,
j'commence à vous énerver.
Comment ça le grand là
avec les longs bras
il va péter les plombs.
Comment ça il va me foutre
sur la tronche, Montebourde ...
euuhhh ... Montebourgue ?!
Et comment ça,
j'vais terminer aux urgences ...
Hé ! Mais attendez,
y-a un malentendu,
on s'est mal compris,
bien sûr qu'c'est possible,
bien sûr qu'on va embaucher ... un jour ...
Oh là là,
vous tournez tout en drame.
Mais écoutez plutôt c'que j'vous dis :
tout est réalisable, tout.
Suffit de d'mander, voilà,
c'est tout ... c'est simple ...
Allez, à d'main, hein,
j'aurai d'autres propositions à vous faire,
elles n'engageront que moi,
mais ça s'ra un début.
Faut bien discuter sur du concret
pour qu'les choses avancent, non ?
Par exemple, le chômage, ben ...
c'est un souci, si, si ...
un vrai,
vous n'semblez pas prendre mesure,
Chers Ministres,
du drame que ça peut être pour ces gens,
là ...
ces pauvres sans emploi
qui encombrent nos bancs publics
et nos halls d'entrée.
Vous y avez pensé, hein ?
(en fond sonore,
retentit une sirène d'ambulance
qui se rappoche rapidement.
Valls pose stylo et dossiers
et s'appuie de ses deux poings sur la table.
Montebourg se lève
et enlève sa chevalière ...)
Bon, ben j'me sauve, hein,
j'vais pas vous déranger plus longtemps ...
Y-a mon taxi ...
euuhhh ...
mon VTC
qu'arrive ...
Dites, avant que j'me sauve,
y-a toujours un ministre du travail,
au fait ?
Parc'que ...
j'ai plus d'interlocuteur spécialisé ...
alors j'croyais ... que ...
Ah ! ...
Et ... il a un téléphone, une adresse ?..
Ouiiii ... !?
Bon, bon ...
c'que j'en disais, moi,
hein ...
Allez, j'me tire ...
Saluez bien François pour moi,
hein !?
Dites-lui que la social-démocratie,
j'adoooore, moi aussi !..
L'original : http://fuliginox.blogspot.fr/2014/05/pierre-gattaz-une-force-de-propositions.html