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Billet de blog 3 octobre 2021

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Poèmes pour les tyrans qui aiment énormément les femmes ! 1/4 d’heure maximum.

Eva Braun, Imelda Marcos, Elena Ceausescu, Leïla Ben Ali, etc., ont tenu bien plus longtemps... Mais au contact de si grands hommes, étaient-elles encore vraiment femmes ? Epouse, bien sûr ! Elles ont épousé jusqu’aux convictions scientifiques, poétiques et morales les plus brillantes de leur conjoints dictateurs ! Margaret Thatcher elle, aurait bien épousé Pinochet. 1/4 d’heure maximum.

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Illustration 1


Aucun spectacle


Elle entre étincelante derrière sa bouche rouge 
et la fenêtre cligne des yeux 
elle avance totalement nue 
noire blanche dans la pièce zébrée 
et glisse comme le fou entre les lignes 
du vieux damier brûlant
le regard sagaie
lancé à l'aveuglette 

Alors les paroles s'envolent
et la rue bondit au fond de la pièce 
et la fanfare saute au bout de la nuit
tout au bout des murs de la cité
les vieux murs blancs d'hérédité
et leurs murmures d'isolation
croulés d'un coup sur le plancher 

Aucun spectacle 
aucune issue 
cette femme est réellement là 
avec la peau et les eaux 
comme ça arrive un jour
même aux montreurs d'oiseaux
nue devant l'ange agonisant
nue entre dix mille masques 
émeraude derrière sa bouche soleil 
et l'éclat tenace du présent
ondulante comme la musique 
et le silence des amants 

Non il ne la connaît pas ! 
il ne l'attend pas 
du tout comme ça
lui la bête de somme 
l'entre-deux boulonné 
le pendu cravaté
au fond des mots
sanglants   
du jour 
nal

Et comme elle est à dix pas 
les infaux qui rendent leur soupe 
qui crachent leurs poumons gris 
s'étranglent d'un coup 
et ravalent leur radioactivité 
dans un dernier chaos d'atrocités 
Et comme elle avance 
plus sûre d'elle que l'infini des cercles 
exacte comme l'amour des amours
du fond de son œil fixe 
de noir cruciverbiste
il la reconnaît 
sans un mot
vu que c'est 
assurément 
pas lui 
C'est 
elle


King-Kong


Femme dorée 
vert bout de femme forêt 
à l'orée 
femme dedans 
flamme d'intérieur 
tu le fais quand ce ménage ?

Tambour tympan 
poumons saxophone 
que ça déménage ! 

Allez cours apprentie sorcière !
frappe le gong 
crache l'ozone 
mon cœur c'est King Kong !
ma gorge c'est 
Amazone 


Soupe au lait


Au bar du Sénat
la serveuse est gironde
Deux vieux barbons
se lâchent à coups de gin
et d’histoires de palaces
gros coups tordus
et vannes salaces
susurrées sur ses seins

Quand un collègue passe
ils se redressent et saluent
comme des baleines à bosses
puis replongent en enfance
dans les seins d’la pauvre gosse

Et v’la qu’elle se gratte d’un coup
sur leurs mots ébréchés
vert de gris verre pilé
bon sang faut s’les crouter
les pervériser
les surpiquer
leurs mots bill
et leurs maux 
leur pognon 
et leurs gnons !

Alors elle claque la facture
devant leurs pifs
et leur crie
C’est cent dollars par nibard !
Et vu que vous êtes deux gros nigauds
c’est quatre cents Euros
pour le bar !

D’un coup ils se réveillent
et avant qu’ils se barrent
elle balance
Allez oust !
Maman vous attend
tas de la pus d’heur !
Et pour la bagatelle
c’est trop tard hein 
vu que ma bague attelle !

Eh, complètement barrée 
la barmaid 
Ben oui, tout part à vololo là !


Transports


Elle a posé son ventre
contre son ventre
ses pieds
contre ses pieds
ses mains contre ses mains
sa bouche
contre sa bouche
et elle a disparu
et il a disparu

.

Brigitte Fontaine - Eternelle © Chansons, Folklore et Variété

Brigitte Fontaine - Eternelle
https://www.youtube.com/watch?v=kL9DXGDPa7o

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