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Billet de blog 16 octobre 2021

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Poèmes sanglants pour tyran censeur

Le tyran se sent mal. Personne ne peut plus le sentir. Il sent bien que c’est la fin. Alors il appelle son bouffon, pour bouffer avec lui. Mais son souffre-douleur est encore au lit à compter ses pieds. Merde, j’en avais bien deux ! L’autre est resté chez la femme de qui vous savez. Et voilà qu’elle le prend tendrement. Puis elle le prend en grippe. Et court tout dire enfin et en vers à son mari.

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Sans gâterie


Toute sa vie
et même celles des autres 
s’est montré inflexible 
dur avec les durs 
dur avec les doux 
dur avec les mous 
Et toujours sur la brèche 
et jamais en faute 
jamais !
Non
Couché avec les poules
les bottes aux pieds
et sans gâterie s’il vous plaît !
Sans sucrerie 
Sans nounours 
Sans grasse matinée 
eh non 
pas une en soixante balais !
Et bien sûr sans alcool 
et pardi sans coco
sans gouzi-gouzi
sans fête du travail
sans vacances
Trois jours à Noël et basta !
Et forcément
sans amitié douteuse
non 
sans amitié du tout !
Du tempérament oui
encore du tempérament 
toujours du tempérament 
de l’ordre voilà 
de la règle de la poigne du contrôle de l’ascendant 
de l’emprise pardi 
de l’autorité 
du pouvoir 
et de la supériorité en toute chose !
Bref 
une existence en acier trempé 

Et maintenant que la vie l’a quitté
c’est bien le meilleur qui nous reste 
Une statue en bronze de dix-huit mètres de haut
celle du Tyran Bien Aimé
dressé raide sur les étriers de son canasson le plus long
la tête plantée dans les étoiles 
et pointant du doigt l’infini du terrain vague
où ces salauds d’insurgés 
achèvent de tailler en petits dés
les derniers blocs de marbre 
du grand pénitencier


Tout le monde est sûr


Monsieur Wolf est absolument certain que M. Lamb s’est
garé sur son parking le Jeudi 1er Mai 2007 à 15h26.
Quand bien même ce dernier, alors âgé de trois ans
et demi, n’avait pas de voiture à moteur !

La majorité des experts survivants sont parfaitement sûrs
de leurs calculs, parce que y’en a marre à la fin !

La multinationale de distribution d’eau bénite est tout à fait
certaine de dépolluer la nappe phréatique que sa filiale
d’enfouissement de déchets va malencontreusement devoir saloper !

Le poseur de bombe sur le marché, après avoir réfléchi
longuement est convaincu que tout se passera bien !

La majorité silencieuse sait qu’elle sera clairement entendue !
Seul l’idiot du village doute qu’on le prenne jamais, 
ne serait-ce que le temps d’un sourire, au sérieux.


Pont-levis


Ne m'appelez plus poésie zoo
gardiens du verbe
beaux endimanchés
Ce truc là fait rougir les enfants
et bailler les éléphants

Allez lâchez reflex 
plumes immaculées 
ce soir c'est moi qui visite !

Encre d'abysse
fugue entre les notes
qui me chasse 
qui me garde ?

Je pétille aux fontaines
dévore les murs gris
bouffe les grigris
et brûle des Eden de vos yeux

Marée d'horizon
portée d'optique
je bondis aux premières lucarnes
aux barreaux des berceaux
mais si la cage ne s'écroule
je hurle et griffe à l'air libre
dernier coup de semonce
dernier cri de détresse
et sève hilare des possibles 

J'ai un mammouth sous les moufles
un lynx dans l'arc-boute
je déchire
je dévoile
faux soleils devant ma porte
et natures mortes de la parlote
Les écrase à coups de pattes
pattes de sel
pattes de coins perdus
et troisième patte de canard
Dévore chromos
arrache vieilles croûtes
souffle nappes de mariés
Savane sur vos plates-bandes
Seigneurs Seigneuses
et je passe sous vos forteresses volantes
et vos noirs tains de givre
j'y passe et j'y repasse
grands enfants
vous voler le rasoir
j'y passe au galop vieux mouflets
vous allumer le reflet
j'y cours
et j'y meurs
pont-levis
vous changer la vie

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