Sans gâterie
Toute sa vie
et même celles des autres
s’est montré inflexible
dur avec les durs
dur avec les doux
dur avec les mous
Et toujours sur la brèche
et jamais en faute
jamais !
Non
Couché avec les poules
les bottes aux pieds
et sans gâterie s’il vous plaît !
Sans sucrerie
Sans nounours
Sans grasse matinée
eh non
pas une en soixante balais !
Et bien sûr sans alcool
et pardi sans coco
sans gouzi-gouzi
sans fête du travail
sans vacances
Trois jours à Noël et basta !
Et forcément
sans amitié douteuse
non
sans amitié du tout !
Du tempérament oui
encore du tempérament
toujours du tempérament
de l’ordre voilà
de la règle de la poigne du contrôle de l’ascendant
de l’emprise pardi
de l’autorité
du pouvoir
et de la supériorité en toute chose !
Bref
une existence en acier trempé
Et maintenant que la vie l’a quitté
c’est bien le meilleur qui nous reste
Une statue en bronze de dix-huit mètres de haut
celle du Tyran Bien Aimé
dressé raide sur les étriers de son canasson le plus long
la tête plantée dans les étoiles
et pointant du doigt l’infini du terrain vague
où ces salauds d’insurgés
achèvent de tailler en petits dés
les derniers blocs de marbre
du grand pénitencier
Tout le monde est sûr
Monsieur Wolf est absolument certain que M. Lamb s’est
garé sur son parking le Jeudi 1er Mai 2007 à 15h26.
Quand bien même ce dernier, alors âgé de trois ans
et demi, n’avait pas de voiture à moteur !
La majorité des experts survivants sont parfaitement sûrs
de leurs calculs, parce que y’en a marre à la fin !
La multinationale de distribution d’eau bénite est tout à fait
certaine de dépolluer la nappe phréatique que sa filiale
d’enfouissement de déchets va malencontreusement devoir saloper !
Le poseur de bombe sur le marché, après avoir réfléchi
longuement est convaincu que tout se passera bien !
La majorité silencieuse sait qu’elle sera clairement entendue !
Seul l’idiot du village doute qu’on le prenne jamais,
ne serait-ce que le temps d’un sourire, au sérieux.
Pont-levis
Ne m'appelez plus poésie zoo
gardiens du verbe
beaux endimanchés
Ce truc là fait rougir les enfants
et bailler les éléphants
Allez lâchez reflex
plumes immaculées
ce soir c'est moi qui visite !
Encre d'abysse
fugue entre les notes
qui me chasse
qui me garde ?
Je pétille aux fontaines
dévore les murs gris
bouffe les grigris
et brûle des Eden de vos yeux
Marée d'horizon
portée d'optique
je bondis aux premières lucarnes
aux barreaux des berceaux
mais si la cage ne s'écroule
je hurle et griffe à l'air libre
dernier coup de semonce
dernier cri de détresse
et sève hilare des possibles
J'ai un mammouth sous les moufles
un lynx dans l'arc-boute
je déchire
je dévoile
faux soleils devant ma porte
et natures mortes de la parlote
Les écrase à coups de pattes
pattes de sel
pattes de coins perdus
et troisième patte de canard
Dévore chromos
arrache vieilles croûtes
souffle nappes de mariés
Savane sur vos plates-bandes
Seigneurs Seigneuses
et je passe sous vos forteresses volantes
et vos noirs tains de givre
j'y passe et j'y repasse
grands enfants
vous voler le rasoir
j'y passe au galop vieux mouflets
vous allumer le reflet
j'y cours
et j'y meurs
pont-levis
vous changer la vie