La foudre, l’épée de Damoclès, le ciel et ses vautours, tous les cauchemars possibles, se sont écroulés sur une petite pièce du monde déjà extraordinairement souffrante. Depuis, ce dégoût s’est insinué en nous comme un jet de pétrole rance, dégoulinant du toit.
Un goût qui ne part pas.
Aux urgences pour quelqu’un d’autre, depuis le 7 octobre, et en grève définitive d’écoute de la radio depuis des années, je n’ai rien su du déclenchement de l’attaque du Hamas avant cinq jours. A l’exception d’une brève information d'un franchissement majeur du mur de fer.
Je n’ai rien su, non seulement à cause de ces responsabilités familiales, mais devinant qu'il s’agissait probablement d’un évènement majeur, qui sait, terrible, j’ai eu l’intuition immédiate, si j’ouvrais la boîte de Pandore, du risque immédiat d’être submergé, sans capacité d’agir pleinement sur les deux fronts.
Puis les nouvelles atroces ont dégringolé du plafond, tout comme les bombes sans fin sur Gaza, et la nuit et le jour sont maintenant deux chiens enragés qui semblent ne plus pouvoir, ni vouloir se lâcher.
J’ai fini par allumer un haut-parleur et un cortège de mots morts s’est répandu sur la totalité de ma peau, sur la totalité de mes muscles, englobant d’un coup l’écran de la fenêtre, l’écran si souvent joyeux du courrier à venir, devenu là comme une déjection cosmique surgissant et débordant de partout.
L'horreur des exactions sur les civils d’Israël.
L’horreur des exactions sur les civils de Gaza.
Dix jours ont encore passé, dix jours de haine inversée, dix jours de nouveaux crimes contre l’humanité, et il a fallu se mettre au diapason de ce ciel écroulé.
J’ai fait alors la seule chose que je pouvais encore faire dans un enfer sans pareil, dévorer mon ignorance. Oh, j’en connaissais quelques bouts épars, de l’os de Gaza, coincé dans le ventre dur du voisin du jour. Car c’est bien de cette suite dont il s’agit. La suite du piège pour tous, et des chasseurs de portes ouvertes. BDS, l’Agence Média Palestine, Mahmoud Darwich, le West-Easten Divan Orchestra de Daniel Barenboïm et Edward Saïd, Shlomo Sand, l’historien à qui on ne la fait plus, Eyal Sivan et son festival documentaire israélo-palestinien, dix mouvements alternatifs juifs anti-apartheid aux USA, mon pote Mickael, soldat israélien qui a retourné son flingue vers un de ses collègues s’apprêtant à faire un carton comme à la kermesse, et qui a dû après ça, émigrer en France pour sauver sa peau et son âme.
Y a-t-il au monde, une autre communauté, capable à ce point, dans une partie aussi importante de sa minorité, en particulier hors Israël, d’une telle hétérogénéité ? D’une telle indépendance, que la diaspora juive ? Oh, c’est sûr, bien moins ici en France (merci Pétain, merci Macron, merci le CRIF) beaucoup plus aux USA. Une partie importante d'une communauté capable de refuser toute subordination grégaire, locale ou en référence à Israël, au point de se faire taxer d’antisémitisme, ou chez les moins incultes de leurs détracteurs, d’anti-judaïsme. Oui, dans nombre d’endroits sur la planète, des Juifs se sentant avant tout des êtres humains libres, ont cessé depuis longtemps de vouloir jouer le jeu obligé de la fourmilière en route vers le passé. A l’image de toutes les communautés autonomes, les diasporas, les routards célestes, les migrants, les réfractaires, les clowns, les refuzniks, les acrobates et les chercheurs véritables, ceux-là ne sont en rien, de façon obligée, des ersatz de pyramide d'Etat.
Alors oui, je me suis plongé dans les lectures, d’abord des blogs de MDP, plusieurs textes forts, parfois, dans l’impossibilité ou la difficulté chez certains de tout dire tout de suite, et forcément, chez d’autres, quoi que ce soit.. Chez d’autres oui, le sentiment d’horreur devant les crimes du Hamas,* et de même la connaissance de si longue date, du malheur fait à tant de Palestiniens, avec lesquels beaucoup d’entre eux résistaient, résistent encore. Résistent oui, à ce malheur si profond, si total, et depuis tant de décennies, à cette fabrique inconsciente, tout autant que cynique, qu'est la fabrique de la haine, et que le monde juif, connait si parfaitement, si atrocement bien.
J’ai donc creusé, visionné, lu, échangé, comme un damné, une fois de plus, parce que oui, nous sommes damnés, les humains sortis des rails, damnés par les faiseurs de lignes droites, les marches au pas, et les marches de la mort, damnés par les « sûrs de leurs faits », « sûrs de leurs droits », « sûrs de leurs droites ». Et c’est au moins ça, les lignes courbes du jeu, de l’amour, de la folie tendre, de l’espace, qu’il nous faut nous offrir, entre amis, entre solidaires, entre sœurs et frères de jungle, bétonnée par les certitudes. Bosser les sujets les plus complexes, les plus brûlants, jusqu’à trouver les ouvertures et les lumières pour sortir dans le grand monde des richesses si souvent douloureuses, pour sortir à la rencontre du désaccord, pour sortir de la peur, et se contenter parfois d’accords mineurs, qui laissent entrevoir que nous continueront coûte que coûte à chercher, des perles dans le tamis des jours.
D’où aujourd’hui, une petite revue de presse, dirigée cette fois davantage vers des journalistes professionnels, des scientifiques des sciences sociales, des essayistes, qui développent un univers courageux et des horizons larges.
C’est certain, comme toute sélection, on peut en proposer cinquante autres, on peut n'en utiliser qu’une part, et c’est bien comme ça, parce qu'ici c'est du libre-service pour libres penseurs.
* Idem que dans le premier billet sur Gaza, j’ai cru durant quelques jours à la possibilité d’un massacre univoque et atroce du Hamas. J’ai employé des mots comme abominations ou atrocités. Depuis, après des centaines d’heures d’enquête et de vérification, et alors même que certains journaux comme Libé, voire le Monde, que je n’ai que trop vilipendés pour leur manques absolue de liberté sur d’autres sujets, faisaient enfin, surtout Libération, preuve pour une part, de déontologie, permettant de mettre cette attaque palestinienne en suspens, devant les montages d’enfumage de l’Etat israélien. Devant lesquels je suspens pour l’instant toute vision de ce qu’il s’est vraiment déroulé ce 7 octobre 2023, en attendant d’enquêter davantage.
Gaza / Israël
REVUE DE PRESSE
Des documents - vidéos, articles, enquêtes - qui pourraient faire date
VIDEO Mediapart - Sylvain Cypel : l'Etat d'Israël contre les Juifs
https://www.youtube.com/watch?v=eHFGKMmmoZ4
28 févr. 2020
Journaliste, fin connaisseur d'Israël, Sylvain Cypel publie un essai fortement documenté dont le titre ne manquera pas de faire débat :
« L'Etat d'Israël contre les Juifs ». Pour le résumer succinctement, ce livre est le récit d’une longue dérive de l’Etat d’Israël vers un régime ethniciste, raciste, belliqueux, faisant un usage systématique et disproportionné de la violence à l’encontre des Palestiniens. C’est la mise en place progressive de ce qui ressemble fort à un régime d’apartheid, c’est aussi un régime illibéral passant des alliances avec des régimes autoritaires. Et c’est cette dérive, écrit Sylvain Cypel, qui menace aujourd’hui les Israéliens eux-mêmes, mais aussi les juifs du monde entier. Explications.
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Ici, un article de Frédéric Lordon particulièrement synthétique, et qui dit le plus vital et le plus urgent du moment. Lequel pourrait se résumer à ça. Qu’est-ce que la parole a de plus encore, que la pensée ? La parole nie ou crée la relation de la pensée au vivant, c’est-à-dire, à l’autre. A ses urgences, à ses besoins fondamentaux, à ses droits identiques. A ces droits que nous nous accordons personnellement. La parole est ce premier trésor qui permet à la pensée de devenir intelligence commune.
Encore faut-il y penser.
« La FI n’a pas commis les erreurs dont on l’accuse. Mais elle en a commis. Une – et de taille. Dans un événement de cette sorte, on ne se rend pas directement à l’analyse sans avoir d’abord dit l’effroi, la stupeur et l’abomination. Le minimum syndical de la compassion ne fait pas l’affaire, et on ne s’en tire pas avec quelques oblats verbaux lâchés pour la forme. Quand bien même ce qui est donné au peuple palestinien ignore jusqu’au minimum syndical, il fallait, en cette occurrence, se tenir à ce devoir – et faire honte aux prescripteurs de la compassion asymétrique. »
Catalyse totalitaire.
Par Frédéric Lordon. Le Monde diplomatique. 15 octobre 2023
https://blog.mondediplo.net/catalyse-totalitaire
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(Vidéo Tweeter 00:44 sec.)
Le président israélien Isaac Herzog déclare qu'il n'y a pas de
citoyens innocents dans la bande de Gaza.
https://twitter.com/TribunePop23/status/1713116590881779990?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1713116590881779990%7Ctwgr%5E38cfe53fdab3bd88d63826fee267077580b06765%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.francesoir.fr%2Fopinions-tribunes%2Ftribune-pour-la-paix-la-justice-et-la-liberte-des-peuples
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Mediapart. Rachida El Azzouzi. Aux origines de l’histoire complexe du Hamas
Le Hamas replace violemment la question palestinienne sur le devant de la scène géopolitique. Retour aux origines du mouvement islamiste palestinien, fondé lors de la première Intifada et classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.
https://www.mediapart.fr/journal/international/161023/aux-origines-de-l-histoire-complexe-du-hamas
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Les crimes réels du Hamas, n’avaient pas besoin de superlatifs.
Guerre Israël-Hamas : les fausses images et vidéos qui circulent depuis le 7 octobre
Pour une fois, le Monde fait sérieusement son boulot de vérification.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/16/guerre-israel-hamas-les-fausses-images-et-videos-qui-circulent-depuis-le-7-octobre_6193612_4355771.html
De même Libé, qui relie plus simplement CNN, via une de ses mises au point.
https://www.liberation.fr/checknews/les-bebes-de-kfar-aza-au-coeur-dune-guerre-de-communication-entre-le-hamas-et-israel-20231012_A3KNCUHB3VB4FPGCH4KX3WRGSQ/
A propos des 40 bébés « décapités ».
Biden assure qu’il les a vus, et puis pas vraiment, la Maison-Blanche précisant plus tard que la déclaration présidentielle était en fait basée sur des articles de presse et les déclarations du cabinet de Benjamin Netanyahou. Puis c’est CNN qui infirme officiellement ses propres informations de la veille :« Israël ne peut pas confirmer la déclaration spécifique selon laquelle des bébés ont été décapités. » Confusion ?
Les quarante voleurs de rédaction, peut-être ? Criminels de bureau as usual and everywhere, auto-chargés de mettre le feu partout ?
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Les risques d’emballement en troisième guerre mondiale, qui sait, ça calme.
A ce sujet, je transpose ici la vidéo d’Idris Aberkane postée hier.
En mettant volontairement de côté les interprétations éthiques de quelque bord que ce soit, et en dressant une projection plausible des effets systémiques de l’option guerre totale du gouvernement israélien, Idriss Aberkane offre une contribution de qualité pour comprendre à quel niveau de dangers extrêmes et de morbidité suicidaire, que ce soit localement ou à l’échelle du monde, nous nous trouvons désormais.
Un appel à la paix, censuré très logiquement par Youtube, l’idiot décérébré du monde.
VIDEO Israël-Palestine : YouTube censure un "appel à la paix" d'Idriss Aberkane
https://twitter.com/idrissaberkane/status/1713934033879433554?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1713934033879433554%7Ctwgr%5E39dd265cf54f08ab8d38a37479c11685e4169ad9%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.francesoir.fr%2Fpolitique-monde%2Fisrael-palestine-youtube-censure-un-appel-la-paix-d-idriss-aberkane
Pour contourner la censure délirante de @YTCreateurs je profite donc de l'espace de liberté défendu par @elonmusk et je reposte la vidéo dans son intégralité sur @X pic.twitter.com/8C2qbIVit6
— Idriss J. Aberkane Ph.D, Ph.D & Ph.D (@idrissaberkane) October 16, 2023