En relation avec la Théorie du complot définie par Karl Popper, qui considère comme abusive l’hypothèse qu’un événement politique puisse être causé par l'action concertée et secrète d'un groupe de personnes qui avaient intérêt à ce qu'il se produise, plutôt que par le déterminisme historique, ou le hasard, prêtons-nous à une petite conjoncture sérieuse et rapide de cette proposition hautement paradoxale.
Admettons quelques barbouzes virés de la filière pétrole et charbon pour cause de crise économique, qui se regroupent secrètement en Laponie orientale durant leurs vacances d’été, avec des potes d’Areva, afin de faire exploser le résidu de la calotte glaciaire. Officiellement, pour rigoler, bien sûr. Popper aura beau jeu d’expliquer que d’une part ces Pieds Nickelés n’ont aucune chance de perpétrer leur abominable forfait, compte tenu des charges monstrueuses, y compris via l’atome, nécessaires à l’inondation et à la possible nucléarisation de Brest ou de New-York, et que par ailleurs, le parcours et l’histoire personnelle de ces barjots, même pas dignes de figurer dans les pages bien sous tout rapport de Wikipédia, relèvent d’ascendances a minima affectées par de lourds héritages psychiatriques. Eux-mêmes inscrits dans les circonvolutions et les traumatismes environnementaux les plus obscurs du paléolithique inférieur, lesquels les pousseront à s’entre-dévorer bien avant d’avoir percé la première carotte atomique dans la calotte en question. Et encore, en se retenant.
Attendez, j’ai pas fini ! En fait, la victoire de Popper sera de courte durée. Because, les éléments qu’il retient pour démonter la prétention initiale au mégacomplot de ces joyeux drilles, sont et seront de toute éternité, à l’œuvre dans toute action « illégale et néfaste » (ce qui n’a rien à voir) et quel que soit le nombre d’impétrants.
Oublier une peau de banane consommée en haut de l’Everest, dans l’espoir que le réchauffement climatique finira en la décongelant par rendre la conquête de cette grosse colline paradoxalement plus périlleuse encore pour les suivants, relève de même, d’un continuum psychopathologique où l’anti-héros le plus cynique aura tout intérêt à ne jamais revenir sur les lieux du crime.
Il en ressort mathématiquement que le complot solitaire ou en petit groupe est voué dans sa réussite aux aléas les plus climatiques et donc les moins modélisables. Alors qu’à contrario, le regroupement d’au moins la moitié de la population terrestre dans une entreprise de suicide collectif au long cours, bien que ses chances soient strictement orthogonales à l’aplomb du principe néoténique qui anime la moitié restante, verra probablement la réalisation pyramidale de son projet pervers.
On peut donc en conclure facilement :
1) Qu’il n’y a jamais eu de véritables complots ni de guerres mondiales, mais seulement des gens mieux informés quant au sens du courant boursier et aux plans de table.
2) Que les pauvres s’obstinent à vouloir faire des trucs stupides dans les hauteurs pour se faire remarquer, au risque d’attraper toute sorte de virus inconnus, dus pour l’essentiel aux nouvelles cultures de fruits exotiques dans des contrées récemment décongelées, pour lesquels les alpinistes et les autochtones n’ont toujours pas de défenses immunitaires appropriées.