Je vais mourir. Plus tard. Un peu plus tard, oui. Je pourrais maintenant, remarquez bien. Je pourrais. Mais, pardonnez-moi un instant, vous n’auriez pas trouvé sous cette brume doucereuse et atroce qui dégouline comme une ombre pâlichonne entre les arbres, deux ou trois petits êtres vert salade ? Que je dois remettre en terre ce matin ? Non ? Ah bon... Ça m’étonne. Aurais-je pris un gros coucou derrière la tête ? Eh, on ne sait jamais ! Mais bon. Pourquoi faire ?
C’est vrai qu'il m’arrive dans certains moments de distraction en colimaçon, accablée par la domestication de mon temps résiduel, affalée sur la terre sèche, ma brouette de panacées balancée sur le côté, il m’arrive oui, qu'un pin altier me cligne de l'œil depuis sa haute ramure lascivement balancée dans l’azur… Ah si je pouvais enfin laisser béton, et roupiller pour de vrai !
Mais non. Sortilège ! Mourons à cette farceuse bonne idée. D'ailleurs, voilà que pointent à l'orée des acacias les ombres aux yeux brillants dont je guette dès l'aube les mirettes mentholées et la silhouette atroce de noisetier ! Allez allez, sortons de cette hypnose malsaine, puisque je suis une bête, une sorcière, un clown, un fauve, une brebis galeuse cernée d'oiseaux ivres, un bouquet de misère fauché dans les champs ! Taisez-vous ! Et esgourdez par pitié ce ramage volatile, ces bols d’airs frais comme des sources qui dégringolent gratis sur vos têtes.
Quand il faudra, oui peut-être. Si ça me chante ! Je ne ferai pas faux bond. Non non non. Juste un petit saut vers les étoiles de terre. Et ne jouons pas trop au malin. Je m’entraîne, hi hi... voilà tout. Plusieurs fois par jour. C'est qu'on ne réussit pas du premier coup vous savez. Alors quitte à se rater, faisons ça tant qu'il est temps !
Donc, j’apprends que c’en est fini pour LE Covid tueur ? On en serait à LA Covid empoisonneuse ? Ben voyons. Les salauds. Jusqu'au bout ils tenteront d'écraser leurs mères, leur sœurs, leurs filles et leurs esclaves ! Vous n'avez pas compris ? UN espèce, nous font-il bredouiller désormais. « Maman, j’ai vu un espèce de nain ! » Autrement dit c'est l'espèce humaine tout entière qui se réduit aujourd'hui à son seul véritable membre, le membre masculin, le ZOM !
Et si saloperie de nouvelle maladie il y a, ça ne peut-être que de la bave de sorcière chauve-souricière ! Notre si désirée bave toxique de femelle, pas vrai ?
Passons. La plupart d'entre nous savons très bien de quel côté obscur se mijote cette ruse-là.
Et ne rêvez pas. Parce que les prêtres à plateaux, cette descendance gâteuse de l’Horloge parlante, oui oui, qui se vantent d'être éclaireurs en illusionnisme, vous savez de quoi je parle, non ? Ces bègues qui se voient toujours en avion à réaction dans les rédactions. Oui, et bien ils savent également ! Oh oui, ils savent. Ils savent que l'on sait. Savent secrètement que nous savons, voilà. Mais pas tout ce que nous savons. Ni comment nous savons. Savent seulement globalement que nous avons « bien entendu ! » Et c’est sûr désormais qu’ils ont les chocottes. C'est la caractéristique première du mort-vivant, vous avez appris ça dans les tranchées n’est-ce pas ? Tout le monde sait ça, bien sûr. Le désir de contrôle et son corolaire, le désir de soumission, qui sont les signes absolus de la maladie la plus contagieuse de la condition humaine, la paranoïa !
Et pour gagner du temps, du temps illusoire, du temps de peau de chagrin, ils continuent d'accorder à leurs dieux de tutelle, le droit de tuer ! Et de mentir à perdre haleine.
Et leurs dieux mentent.
Comme ils respirent.
Mal.
Alors aux collines, aux futaies, aux glaciers en sueurs, aux bêtes harcelées, aux sauvages, aux femmes et hommes de bonne volonté que le pouvoir de dominer indiffère solennellement, et qui besognent et luttent dans la joie et la souffrance de la complexité, reste le seul joyau véritable, le présent ! Le présent actif, ben oui. Plein de piquants. Ce futur aventureux, cette bestiole perpétuelle qui ne lâche jamais sa proie, mais ne se chevauche pas !
Oh mes fiers amours, ce bidule à quoi nous sommes soumis aujourd'hui pour l'essentiel et qui s'avère d'une extrême gravité mielleuse, moelleuse, roulée, enroulée dans des faits pitoyables et planétaires, est comme vous l'avez compris, tout sauf une crise sanitaire ! sèche. A moins de la considérer sous l'angle psychiatrique n’est-ce pas ? Et à un détail près. Les véritables malades cette fois, sont également le plus souvent les prescripteurs des soins, pas vrai ? Lesquels sont loin d'être toujours médecins, hou hou. Alors on pourrait peut-être s'demander à l’orée, quel est l'enjeu véritable de cette contredanse unijambiste à chenilles qu'on nous sert tous les matins ?
Voire, que nous nous servons fatalement à nous-mêmes, jour après jour, ne sachant plus sur quel pied mourir ?