Le plan d’économies présenté par François Bayrou est une fuite en avant technocratique qui sacrifie le lien social au nom de la rigueur comptable. Suppression de jours fériés, gel des prestations sociales, coupes dans la santé, réduction de l’emploi public : autant de mesures qui frappent d’abord les plus vulnérables sans remettre en cause les déséquilibres systémiques.
Une logique descendante, sans co-construction
Annoncer 44 milliards d’euros d’économies sans véritable débat démocratique préalable, sans engagement des citoyens, sans mobilisation des collectivités et des corps intermédiaires, c’est gouverner par l’injonction. Même si ces mesures seront discutées devant le Parlement, leur élaboration hors de toute co-construction en affaiblit la légitimité démocratique. C’est l’exact contraire de la démocratie partagée que nous défendons.
Réduire le débat à une suite d’annonces brutales, c’est mépriser l’intelligence collective et la diversité des territoires.
Une injustice budgétaire
Ce plan pénalise d’abord les agents publics, les retraités, les allocataires sociaux et les malades. Rien n’est dit sur une réforme ambitieuse de la fiscalité écologique, sur la lutte efficace contre l’évasion fiscale, ou sur un audit citoyen de la dépense publique.
Ce n’est pas la République qui reprend le contrôle, ce sont les logiques comptables qui le confisquent.
Une prévention réduite à la culpabilisation
Le plan présenté évoque la prévention… mais la réduit à la vaccination et à la responsabilisation des patients. Rien sur les causes environnementales et sociales des maladies chroniques.
Or, la vraie prévention, c’est un air respirable, une eau saine, une alimentation sans additifs ni résidus de pesticides, un cadre de vie qui ne rend pas malade. C’est aussi une politique cohérente sur l’usage des métaux lourds, comme le cadmium, dont nous avons récemment dénoncé les effets délétères sur la santé publique.
Oublier cette prévention-là, c’est entretenir les causes de la maladie tout en culpabilisant les malades. C’est une impasse sanitaire, sociale et démocratique.
Une vision de l’avenir sacrifiée
Alors même que la transition écologique nécessite des investissements massifs, ce budget envoie un signal de rétraction. Rien sur le financement de la sobriété, rien sur la rénovation thermique, rien sur l’agriculture durable. L’écologie n’est pas une variable d’ajustement : elle est un choix stratégique de civilisation.
Un budget qui oublie le vivant est un budget qui creuse les inégalités futures.
Nos propositions – CAP 21 – LRC :
- Conditionner les économies à une évaluation démocratique, transparente et territorialisée : rien ne doit être décidé sans concertation.
- Créer un Haut Conseil citoyen des finances publiques, pour suivre l’impact social et écologique des politiques budgétaires.
- Mobiliser une fiscalité de justice : taxation effective des grandes fortunes, des rentes spéculatives, et lutte renforcée contre l’évasion fiscale.
- Investir dans les biens communs : santé, transition écologique, éducation, justice, démocratie locale.
Notre cap : tenir ensemble responsabilité budgétaire, justice sociale et respect du vivant.
En tant que Présidente de CAP 21 – Le Rassemblement Citoyen, je refuse l’austérité punitive qui fracture la société. Nous portons une autre voie : une écologie réconciliée avec l’économie, une démocratie du soin, un budget comme levier de transformation partagée.
Ce n’est pas de moins de politique que nous avons besoin. C’est d’une politique fondée sur la clarté démocratique, la probité des choix, et le courage de dire et de faire avec les citoyens.
Chantal Cutajar
Présidente de CAP 21-LRC