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Billet de blog 20 mars 2018

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Parlons peu parlons Francophonie.

Aujourd'hui, 20 mars, c'est la journée internationale de la Francophonie. Macron a repris la parole en citant en vrac tout ce qu'il pouvait. Devant ou derrière lui, on a pu voir la tête de quelques agents culturels tels Leila Slimani, Gaël Faye et bien d'autres...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Emmanuel Macron voulait liquider, il y a peu, la démographie galopante en Afrique subsaharienne. Il l'avait inscrite parmi ses fameux défis civilisationnels qui se posent au continent, et que les "africains" se doivent de résoudre.  

Mais, tout en liquidant cette démographie gênante, problématique, satanique, c'est pourtant en comptant sur elle que Macron repose ses amusantes ambitions: faire passer la langue française de la cinquième à la troisième place des langues les plus parlées dans le monde.

Il avait déclaré à Ouagadougou, en novembre dernier: "Le français sera la première langue de l’Afrique et peut-être du monde si nous savons faire dans les prochaines décennies". Bonne ou mauvaise nouvelle?  Faut-il, désormais voir dans cette démographie qui inquiète maints "spécialistes de l'Afrique" (Cf Stephen Smith) et quelques dirigeants occidentaux, les masses nécessaires et les masses inutiles? Qui est-ce qu'on  éliminera? Qui est-ce qu'on laissera s'éliminer?

                                                                             La Francophonie, un soft sans power

"Je ne fais pas partie des défenseurs grincheux" de la langue française, "je suis un défenseur conquérant et ambitieux", avait lancé début mars Emmanuel Macron en accueillant le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Pour le jeune Macron donc, la langue française doit être au service du rayonnement de la France. Il reprend là, l’idée de la « soft power » développé par Joseph Nye.  Ce n'est donc pas en amoureux véritable, en amoureux vrai, c'est à dire sans calcul,  que Macron parle de la langue française.

Toutefois, je suis navré de devoir apprendre aux spin doctors du  Jupiter que la Francophonie ou l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) n'a rien d'un soft power.  Moins efficace que les productions d'Hollywood, moins sympa que les émoticônes de Facebook, Snapchat, ou Whatssap, moins populaire que le dernier single d'un Maître Gim's, la Francophonie est tout simplement ce que certains en sciences biologiques appellent saprophyte.

La Francophonie est une idée faible et fausse. Depuis son origine, c'est à dire depuis Senghor, qui la définissait comme "cet humanisme intégral qui se tisse autour de la terre, cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire." Ceci relève d'une poésie éminemment ridicule davantage que d'une politique réelle et construite de part et d'autre.

La Francophonie est au petit service de quelques ex chefs d'Etats, quelques agents culturels, et une dérisoire partie de la jeunesse africaine qui accepte, comme elle s'ennuie mortellement, de participer aux jeux et concours de la fameuse institution. Autrement, elle n'est rien, ne sert à rien et ne mènera à rien...sinon à une fatigue extrême des sens et une haine débile de la langue française. 

                                                               L'Afrique et la langue française

En réaction au discours prononcé en ce jour par le président de la République française, un ex camarade de classe a écrit sur sa page facebook: "Emmanuel Macron crie, le français sera la première langue en Afrique, avec enthousiasme... Et si on refuse ça, on sabote et boycotte ça puisque c'est une colonisation ambitieuse?!! Je suis eton, ewondo, bassa, banen, toupouri... Pas français!!!"

Je comprends l'exaspération du camarade. Mais très cher, pourquoi te déterminer par ce que ce bonhomme peut bien dire? Tu parlais français bien avant d'avoir entendu parler de ce type qui semble t'agacer. Laisse Macron crier ses débilités ! Laisse le dans ses postures! Pourquoi boycotter le "français"? Par contre boycotter Macron, ça, je te suivrai.

Lorsque nos élites "francophones" pinaillent sur la Francophonie de demain, sur le nombre des locuteurs du Français, ils pensent réfléchir, ils pensent "penser le futur". Mais ils ne font rien du tout. Ils refusent  de se pencher sur l'état du monde, sa viabilité pour les masses qui arrivent, pour se consacrer à des enjeux dérisoires.

                                                                           Que peut la Francophonie?

La vérité est que l'anglais écrase tout sur son passage. Il n'a besoin pour se répandre d'aucun propos officiel....d'aucun conclave. C'est une langue  dynamique, en bonne santé. Où qu'on aille, on se sent presque con si on ne sait pas dire une phrase in english. C'est la langue du siècle. De la planète! Souvenez-vous, il y a quelques mois: " Make Our Planet Great Again" signé Macron. Il faut  parler anglais ou bien rester dans son inatteignable périphérie.

La langue française, disons le par coquetterie mais pas que, sera bientôt langue morte puisque mourante, même à Paris désormais, son usage paraît datée...has been.

L'on me dit, mais regarde tous ces africains qui arrivent en masse...tant de francophones pour l'avenir. Peut-être. Pour peu qu'Ebola ou le Sida ou le Paludisme restent en dehors de tout ça. 

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