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Billet de blog 20 mars 2019

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Les Intellectuels de Macron: petit zoom sur Benjamin Stora

Macron a échangé avec les intellectuels. Sur quoi ont-ils glosé? Des sujets qui nous regardent. Et pourquoi étions nous absents ? Macron n'a pas tenu à confondre les chiens de sa garde et les femmes et hommes qui attaquent sa garde. Par ailleurs, c'était l'occasion pour le président de développer sa pensée complexe. Sa pensée compote.

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J'avais pris le "débat" en cours. C'était l'historien Benjamin Stora qui avait la parole. Il parlait de l'Algérie au Président de la République. Il disait que les intellectuels doivent être du côté de la rue en Algérie, car ce qui se passe là-bas est inédit. Des millions de gens sont dans la rue, alors frères et sœurs intellectuels, prenez position.

Le propos de Benjamin Stora était intéressant. Son appel ne manquait pas d'air. Malheureusement, l'Elysée, quoiqu'en pense son divin locataire, n'est pas un symposium, un lieu de sciences. La réfutabilité est impossible là-bas. Quand le respectable historien Benjamin Stora a donc appelé ses collègues intellectuels à se mobiliser pour la rue algérienne, en vérité, la galerie aurait dû éclater de rire. Il y avait là un comique de situation inespéré. Les "intellectuels" devraient pencher pour la rue en Algérie. Cependant, en France, les mêmes "intellectuels" choisissent d'aller se ghettoïser à l'Elysée, un lieu que Benalla a pratiqué longtemps avant eux.  Voyons!

Macron et ses intellectuels auraient pu âprement  discuter le point soulever par Stora. Hélas! le but du Grand Débat Nachin n'est pas de discuter, mais de publiciser le cas Macron....l'excellent Macron. Énarque hors pair. Champion de la terre, comme diraient les charlatans de l'ONU.

D'un point de vue politique, la situation en Algérie est aussi vide et sombre que la situation en France. Bien sûr, ces deux pays ne sont pas interchangeables. Il y a d'irréductibles différences entre eux. Cependant, tous deux convergent ou témoignent, chacun à sa manière, du vide politique contemporain. Pour échapper à ce vide, ce qui importe dans un premier temps, c'est de soutenir une Idée, une orientation politique générale. Il faut armer les têtes et les lèvres. Or, jusqu'à preuve du contraire les mots d'ordre dans les rues de l'Algérie sont assez muets. On peut lire "Système dégage"...Et après? La présence de Benjamin Stora aux côtés de Macron nous renseigne donc. En appelant les intellectuels à soutenir la rue algérienne, Stora, lui, soutient: le démocratisme. Il rêve de voir ce riche pays du Maghreb s'arrimer aux valeurs "démocratiques", "libérales", "capitalistes". 

L'intellectuel aujourd'hui, avant de soutenir quelque masse que ce soit, devrait, pour la clarté du débat public, dire s'il s'inscrit dans le sillage de ce qui est :le capitalisme (et donc démocratisme ambiant dans les pays du Sud) ou s'il désire ressusciter la seule voie capable de faire face au capitalisme : le communisme. Capitaliste ("démocrate") et communiste (prolétaires) ne sauraient avoir la même approche des masses, des mouvements. Le communiste ne craint aucun mouvement de masse ("Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînesIls ont un monde à gagner" K.Marx). Le capitaliste les trie sur le volet, un mouvement qui remet en cause la propriété privée ne sera jamais accueilli dans les fameuses démocraties comme un mouvement anti-fiscal, pour le climat, pour le pouvoir d'achat, pour les noirs, pour les femmes, pour les musulmans (clin d’œil à Plenel), pour les vegan, pour les animaux, etc.

Ces intellectuels sont allés à l'Elysée faire la campagne d'Emmanuel Macron. Ils ont battu campagne pour le pouvoir, que cela se sache, que leur "démocratie" ne trompe personne. Ils étaient là-bas pour re-légitimer, d'une certaine façon, le président des riches.  Ce n'est pas un débat qu'ils ont eu...Ils ont eu de paresseux échanges sur la France, sur l'Europe, n'en parlons pas du monde. Ils étaient si confinés......Pensaient-ils tromper le citoyen ordinaire?  Non, leur truc était trop fake.  Comment un contingent de brillants intellectuels ont-ils pu se complaire dans cet exercice tout à fait "soviétique"? Les intellos posent les questions et le jeune magnifique président apporte les réponses, ses réponses, les seules qui vaillent.....Ces intellectuels se sont couchés. Ils se sont remis à l'autorité du pouvoir macronien. Pouvoir qui a pour vrai nom: le Capital. Le Capital sait tout. Il a réponse à tout. Il sait ce qu'il faut faire pour tout. 

L'on pourrait alors, à titre exceptionnel, acclamer le camarade Frédéric Lordon. Il a eu le mérite de décliner l'invitation de l'Elysée.  Il a refusé d'être l'instrument d'un pouvoir aux accents véritablement, suavement autoritaires. 

Vive Jupiter! Omniscient et omnipotent. In saecula saeculorum!

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