Y'a pas de capitalisme en bonne santé sans esclavage explicite ou dissimulé. Sans esclavage généralisé, ou du moins, localisé, sous-localisé.
Qu'il soit possible, en ce bas-monde,qu'un seul homme dispose en une main, et en un seul jour, ce que 100 millions d'autres hommes ne puissent disposer avec leurs deux mains, leurs deux pieds, leurs testicules, leurs têtes, leurs dents, leur sang, leur sueur, et ceci durant toute leur vie, me semble être, mesdames, messieurs le lieu commun de notre esclavage moderne. Et en ceci, nous ne sommes pas "mieux" que nos ancêtres. Nous sommes nos ancêtres. Et notre avenir est derrière nous.
Que quelques Etats avancés, autrement dit modernes, aient pu élire vaniteux banquier (Macron) et décomplexé milliardaire (Trump) à la tête de leurs nations, qui n'aient d'autres tempérament, que de crier après le malheureux immigré, me semble assez indicatif de l'ère misérable dans laquelle nous sommes, enfin nous n'en sommes jamais sortie. N'en déplaise à Petite poucette.
Il n'est pas possible d'abolir l'esclavage, d'être vraiment contre, en maintenant de tels écarts entre les nations, entre les peuples, entre les personnes.
Pour s'enrichir aussi puissamment, il faut avoir quelque part ses bataillons d'esclaves; autrement, la richesse infinie n'est pas possible. Et toute science économique qui enseigne le contraire, qu'il est possible de s'enrichir infiniment sans que cela ne crée quelque part des poches de misères, est science malhonnête.
Les inégalités absolues. La concurrence. Le luxe. Les identités célébrées. Par ricochet les identités moquées. Les patriotes.....Voilà mesdames, messieurs, l'essence de tout esclavage.
Ce qui se passe en Libye n'est pas davantage un crime contre l'humanité que ces 1% de la planète qui possèdent plus que 99% de la population mondiale. Et condamner l'un à grand renfort de conférences internationales, sans parler de l'autre, n'est que éternelle diplomatie.
Au lieu de s'indigner, et ça sera sans fin notre indignation spectaculaire, en refusant de comprendre quoique ce soit de ce terrible monde que nous vivons, il faut sortir de la logique actuelle, en vérité très très ancienne.
Cette sortie ne peut partir d'un tranquille consensus, il n'y a qu'à voir simplement les petites frictions qui animent la reforme bourgeoise du code du Travail en France. Imaginez donc s'il est question de déterrer tel propriétaire de sa parcelle de pouvoir et d'injustice.
Cette sortie requiert une lutte politique d'égale ampleur que la puissance féconde de l'ennemi. Cette lutte se distingue très nettement des querelles parlementaires, et de la tragique démocratie, des dérisoires élections.